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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1834 (Nr. 165-216)

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Numéro 208 (30 Octobre 1834)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26558#0252

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4* ANNÉE.

Numéro 208.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse, franco,
à M. Louis DESNO'ïERs(Derville), Rédacteur eu chef, au
Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat. — Tout
ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à M.
Cil PlIILIFON.

30 OCTOBRE 1834.

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco , à M. Ch. Philipon, directeur
du journal, au bureau de la Caricature, galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographie
d’Aujjebt.

CASTIGAT RIDE îî DO MORES.

POLITIQUE, MORALE, LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.


UNE LEÇON DE TRONAGE.

(La scène se passe à Valençay, dans le château du prince de Talleyrand, entre le prince
îtosolin et lui. Le prince de Talleyrand marche appuyé sur deux béquilles, c est-a-
dire, sur son bâton d’un côte', et sur le prince Rosolin 4e l’autre. Ces deux agréables
personnages sortent de table, la tête légèrement égayée par le champagne, et dans
cet état de laisser-aller qui fait parler avec toute franchise. La conversation suivante
s’établit entre le vieux roue et le jeune in-roué.)

Le prince Rosolin. —Parbleu ! mon vénérable maître , si l’excel-
lent dîner que vous venez de m’offrir fait aussi partie des leçons dont
vous êtes appelé à nourrir mon esprit et mon cœur, je n’ai qu’à me
féliciter d’avoir été confié par papa, aux lumières et aux cuisiniers d’un
pareil professeur ! Hi ! lii ! hi ! hi !

Le prince de Talleyrand. — Je ne sais -, mais puisque monsieur vo-
tre papa ne vous a envoyé près de moi, à ce qu’il prétend, que pour y
apprendre des choses qu’il se croit incapable de vous enseigner lui-
même , il faut convenir que commencer par vous faire faire excel-
lente chère , ce n’est pas trop mal entrer dans ses intentions.

Le prince Rosolin. — Je ne comprends pas trop. Hi ! hi ! hi ! Mais,
je me permettrai cependant de vous adresser une légère réclamation.
Vous m’aviez annoncé que , pour rendre mon séjour aussi agréable
que possible, vous alliez faire venir une grande quantité d’huîtres et
de nobles anglaises : tout ce qu’on peut trouver de plus frais à Cancale
et à Londres ; c’était parfaitement imaginé. Hé bien ! je n’ai point à
me plaindre sous le rapport des huîtres, c’est vrai ; les huîtres sont ar-
rivées avec la ponctualité qui distingue cet animal intéressant ; mais
il n’en est pas de même des jolies femmes anglaises. Pas plus de jolies
femmes qu’aux Tuileries ! C’est vexant ! Or, je vous le demande,
pourquoi les Anglaises ne sont-elles pas venues , tandis que les huî-
tres sont arrivées en même temps que moi ? Hi ! hi ! hi ! lii !

Le prince de Talleyrand. — C’est que les anglaises pouvaient refu-
ser l’invitation, tandis que les malheureuses huîtres ne le pouvaient
pas.

Le prince Rusolin. t— Je ne comprends pas trop. Hi !hi ! hi ! hi!

Le prince de Talleyrand. — C’est possible.

Le prince Rosolin. — Hé bien ! je ne comprends pas davantage. On

a bien raison de dire que vous êtes un homme diablement profond !
Hi ! hi ! hi! hi !

Le prince de Talleyrand. — C’est une calomnie dont vous ne serez
jamais victime. Mais laissons-cela, jeune homme, et venons au sujet
principal de votre voyage. Monsieur votre papa désire que je vous ini-
tie aux premiers élémens de la science gouvernementale. Monsieur vo-
tre papa a raison. On ne sait pas ce qui peut arriver ; vous voyez que
déjà les mouches s’y mettent. Or, il en est des royautés comme des gigots
de mouton. Quand un bon cuisinier voit que les mouches se mettent à
ses gigots, il s’en procure aussitôt d’autres, qu’il tient prêts à tout ha-
sard. La prudence veut donc que la royauté citoyenne, qui se trouve
dans le cas desdits gigots , se précautionne d’un successeur tout prêt à
être servi à la nation. C’est d’ailleurs, généralement parlant, une ex-
cellente règle de conduite, dont je ne me suis jamais départi, qu’il faut
so'disposer à l’avance pour toutes les éventualités imaginables.JQuant à
moi, ce serait un magot de la Chine qui viendrait à monter sur le trô-
ne, que je m’en moquerais comme si c’était vous, mon prince. Il n’est
pas de puissance étrangère, pas de présomptif, pas d’individu ayant
quelque chance d’arriver au pouvoir, pas môme de faux Louis XVII,
ni de faux Napoléon II, avec lequel je n’entretienne continuellement
de secrètes connivences. Ma foi ! à la garde de Dieu ! Nous vivons
dans un siècle où il fait bon avoir quelque intelligence dans tous les
camps.

Le prince Rosolin. —• Est-ce que vous me conseillez d’avoir égale-
ment quelque intelligence... hi ! hi! hi! hi!

Le prince de Talleyrand. — Non, non, cela vous serait impossi-
ble.

Le prince Rosolin. — Je vous avoue que je ne comprends pas trop,
hi! hi! hi! hi!

Le prince de Talleyrand. — Cela vient du peu d’habitude que vous
en avez; mais enfin arrivons au sujet de votre voyage. Tous venez ap-
prendre à régner, m’écrit-on. Soit! S’il s’agissait de vous apprendre
à gouverner, je ne m’en chargerais pas. Cela n’en vaudrait pas la pei-
ne , car il est fort douteux que. Mais il ne s’agit que de régner, et

peut-être y a-t-il plus de chance pour que... Enfin, n’importe ! Pas-
 
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