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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1834 (Nr. 165-216)

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Numéro 210 (13 Novembre 1834)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26558#0264

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1675

LA CARICATURE

1676

Troisième recette due à l’imagination d'un anonyme.

« Vous connaissez sans-doute les Pentes-Affiches, journal peu pré-
tentieux, éminemment impartial, naïf comme une jeune fille, et ac-
cessible à tout le monde comme un roi citoyen au commencement de
son règne. Les faits suivants prouvent d’ailleurs son éminente utili-
té. i0 Une belle dame demandait dernièrement un mari de formes
agréables, aimant le plaisir, homme sans état, ou ce qui est encore
plus indolent, homme d’état, jouant d’ailleurs du piano, et ne prenant
pas de tabac. Ce fiancé phénoménal fut trouvé en trois jours.

a0 Une famille demandait dernièrement une cuisinière sachant faire
la lessive, et une autre famille demandait une blanchisseuse sachant
faire la cuisine, hé! bien, cette merveilleusedualité se présenta inconti-
nent.

Que l’ordre de Chose s’adresse donc aussi aux Petites-Affiches pour
se procurer des ministres : je suis sur que les P ente s Affiches lui en
trouveront beaucoup plus vite que les Débats. Voici, par exemple,
comment devrait être rédigée l’annonce :

« On demande au conseil un président du conseil qui consente
» à ne rien présider, et tant de ministres. On ne leur demande pas
» de certificats de bonnes vie et mœurs. Toutefois, une personne jouis-
» sant d’une certaine impopularité serait préférée. On tient peu au ta-
» lent, beaucoup à la servilité. On tâchera de leur donner les départe-
» mens qui leur conviennent le mieux. Si c’est un marin, on le char-
» géra de l’armée ; s’il arrive de l’étranger, on le mettra à l’intérieur ;
» s’il est athée, on l’installera nux cultes; s’il est chef d-’escadron, on
» le cantonnera aux beaux-arts ; s’il estarliste, aux finances ; etsic’est
» M. Persil, on lechargefa de la justice. » Derv.. .

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N* 438.

Cette planche représente l’atelier de la Caricature et du Charivari.
Entrez, entrez, faites-vous croquer, le peintre garantit la parfaite res-
semblance. Vous pouvez du reste vous en assurer par vous-même :
vous reconnaîtrez tout de suite le maréchal Soult, puis le petit Bona-
parte du télégraphe, dans un hocal d’esprit de vin. Le messager boi-
teux de la diplomatie est là dans son attitude favorite, la main etendue
pour prêter un serment. Là bas, dans le coin, ce nez immense vous dé-
signe suffisamment le personnage. Sur le rayon, des boîtes de caricatu-
res types, ainsi qu’au bas un Monsieur que vous connaissez bien, gras,
gros, etc., et qui est un des ornemens obligés de tout atelier de ce
genre.



A voir les allées et venues qui se sont succédé depuis dix jours, il
était aisé decomprendre que ces MM. n’avaientpas clu tout envie de ré-
signer leurs ministères. Ils ont donc été bien attrapés quand on les a
pris au mot.

Cette planche représente une scène qui aurait eu lieu il y a quelques
jours ; le Système, qui ne pouvait trouver de ministres, feignit dit-on,
ide vouloir raccommoder les démissionnaires, en leur disant : « Nous
sofnmes tous d’honnêtes ge/ts, embrassons-nous, et que cela finisse. r>
L’attendrissement est tel, qu’ils ne prennent pas garde qu’ils s’em-
pruntent réciproquement leurs mouchoirs pour s’essuyer les yeux. M*

- m, .JT! aea-o———-

FRUIT

DES PERIMEES TRIPOTAGES MIMSTÉRTELS.

Où l’on Yoit que c’est le sonlier de M. Dupin qui a servi à pousser les doctrinaires à ta

porte.

Le prince royal était extrêmement piqué depuis quelque temps.
Nous ne voulons faire aucune allusion ici, à l’odieuse pointe de canif
qui s’est permis dernièrement de s’implanter dans son auguste fémur.

43g.

Quand nous disons qu’il était extrêmement piqué , c’est donc au mo-
ral , et non pas au fémur que nous parlons.

Ce qui avait donc piqué le prince royal, sans compter l’odieuse
pointe de canif, c’était le peu de cas que le château tout entier sem-
blait faire de lui, de ses talens politiques, de sou habileté adminis-
trative , de son aptitude gouvernementale.

Ou semblait ne le trouver bon qu’à prendre d’assaut des villes par-
faitement soumises, à caracoler au Champ-de-Mars devant une demi-
douzaine de régimens que, soit dit en passant, cela embêtait violem-
ment; et à remporter d’énormes victoires sur las navets de Compiégne
et autres champs d’honneur. Mais pour ce qui était de l’administration
du pays, on semblait ne pas lui accorder la moindre confiance; on
n’eût pas même voulu lui confier les simples fonctions de garde-eham-
pêtre ou de marchand de tabac.

On conçoit que cela devait piqüer au vif (sans parler de l’odieuse
pointe de canif) un jeune homme qui a reçu une excellente éduca-
tion ; un jeune homme à qui sa force à la savate, ses connaissances en
botanique, en anatomie pt en astronomie , ainsi que son talent vrai-
ment distingue sur la guitare et la flûte traversière , doivent naturel-
lement inspirer une meilleure opinion de lui-même. Certainement on
serait piqué à moins, sans parler de l’odiense pointe de canif.

Or, s’il faut en croire les gens qui ont toujours d’excellentes expli-
cations pour tous les laits auxquels personne ne comprend rien , le
prince piqué dans son juste amour propre , sans parier de l’odieuse
pointe de canif, a voulu prouver à ses obscurs calomniateurs qu’il y
avait également , selon l’expression de son noble père, l’étoffe d’un
duc d’Orléans , ou si vous l’aimez mieux , l’elbeuf, le jaconat , le
cuir-laine , le bouracan d’un grand homme politique. — «fl est temps,
se serait dit le prince , que je confonde ainsi les indignes dé-
tracteurs qui me piquent au vif, sans compter la pointe de ca-
nif. »

Cela dit, le prince royal aurait quitté Valeneay où sa présence
n’avait pas même attiré un seul badaud ; au contraire; et il serait
revenu à Paris , après y avoir mandé M. Dupin, l’aîné de ses cadets.
Le prince royal a toujours beaucoup aimé M. Dupin qui, depuis
1814, est l’ami, c’est-à-dire l’homme d’affaires de l’auguste famille,
et qui a toujours su plier, soit son esprit, soit ton échine , selon
les circonstances , pour mettre l’un et l’autre à la portée du prince.
C’est ainsi que , dans le temps où le prince n’était encore qu’un
bambin, si toutefois les princes sont jamais des bambins, M. Du-
pin le mettait à cheval sur ses genoux et l’exerçait au pas , au trot et
au galop. On a pu voir, en présence de l’ennemi, que ces premières
leçous de course ont porté d’excellens fruits, et que le prince sait
parfaitement piquer des deux, soit dit toujours sans allusion à l’o-
dieuse pointe de canif.

C’est ainsi qu’un peu plus tard, M. Dupin, qui prévoyait dès lors le
glorieux avenir où le prince serait appelé un jour, ne dédaignait pas,
dans l’intérêt futur de la Frauce, de se mettre à quaüe pattes sur les
riches tapis du Palais-Royal, d’enfourcher le prince sur son dos, et de
faire ainsi à travers les appartemens toutes les évolutions militaires que
son altesse aurait à exécuter un jour, sur un quadrupède véritable et
non contrefait. On peut dire que c’est sur l'échine de M. Dupin, que
le prince a appris à devenir un héros, et à gagner nne bataille aussi
proprement que M. de Sch....,, peut boire un verre de via.

Enfin, c’est ainsi que le prince, étant censé avoir atteint son âge de
raison, M. Dupin composa pour son altesse, un petit traité sur l’aride
l’improvisation à l’usage des piinces français, lequel fut inséré dans le
livre des Ccnt-et-un, immédiatement après les béotiens de Paris.
Tout le monde crut que les deux articles n’enfesaient qu’un. Je ne sais
 
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