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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1834 (Nr. 165-216)

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Numéro 212 (27 Novembre 1834)
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4691-LA CARIGATURE.-4692

fasse le ciel qu’on nous donne le reste ! Tout rit autour de nous; nos
maisons sont dans l’abondance; nous exploitons avec l’art des procédés
les plus ingénieux, les filons d’or du budget. Le roi, notre maître , nous
procure généreusement scs poignées de main; et nos filles , parées de
grâces et de perles fines, sautent avec les principicules dans les bals
de la cour. Restons donc fermes à la place où nous sommes, et ne bou-
geons. Nous avons bien assez de liberté comme cela, parce que la li-
berté sera toujours contre nous, et nous n’aurons jamais trop de pou-
voir, parce que c’est nous qui l’exerçons. Par ces puissantes considé-
rations, je propose de passer à l’ordre du jour, sur la pétition des cent
mille.

( Les bancs ministériels se lèvent en masse et crient ■ L’ordre du jour !
L'ordre du jour est adopte.

(Cinquante huissiers entrent par les deux portes de de la salle,
et leurs épaules s'affaissent sous le poids des rouleaux de pétitions
qu’ils déposent au pied de la tribune. )

— Le Rapporteur, a Messieurs, cinq Millions de pétitionnaires
» demandent la diminution des impôts. Ils prétendent que la liste ci-
» vile surpasse de dix fois la dépense réelle de notre auguste seigneur
» et maître, et que la nation , tant qu’il y aura un roi, ne doit lui
» donner que de quoi vivre et non de quoi thésauriser;—(Ici , 'vio-
lente rumeur au banc des secrétaires , bibliothécaires, ciides-dé-
camp et gens de service du château; le reste de Vassemblée rit
sous barbe et dit : c’est vrai ; ) —- Que les traitements de tous les
» fonctionnaires,à commencer par les ministres, sont trop élevées; —
( Ici violente rumeur sur les bancs des ministres ; le reste de l’as-
semblée rit sous barbe et dit: c’est vrai;)— Que les magistrats
devraient plutôt chercher la considération quelelucre,-—(Ici violente
rumeur au banc des juges, conseillers, présidents, piocureurs-gé-
néraux ; le reste de Vassemblée rit sous barbe et dit: c’est vrai;)—
» Que les fonctionnaires amovibles ne postulent la députation que pour
» expérimenter le budget.—• (Ici violente rumeur au banc dés direc-
teurs cTs contributions, des chefs de bureau, des ingénieurs, des
inspecteurs et commis salariés de toute espèce ; le reste de l’as-
semblée rit sous barbe et dit : c’est vrai. )

» !l n’y a, messieurs et chers collègues , que des citoyens essen-
« bellement anarchistes, qui puissent critiquer le chiffre du budget.

» Avec quoi; messeigoeurs les ministres et messieurs les chefs de
bureau,yembelljriez-vous de fleurs et d'ombrages vos jolies maisttns de
Çampagàc, amasseriez-vous la dot de vos filles, donneriez-vous à vos
fils des professeurs- de grec et d’arabe, d’cscrime , de numismatique et
d’équitation, et fourniriez-vous à vos épouses des robes lamées d’or e t
d’argent, des fourrures d’hermine, des oiseaux de paradis, et des ai-
grettes de diamans P ( Tonnerre dapplaudisse,mens sur les bancs des
miàislres et de leurs commis). Avec quoi , messieurs les généraux ,
vous qui êtes les braves dés braves, eharmeriez-vous les longs et doux
loisirs que vous laissent vos inspections et vos commandemens P (Ton-
nerre d’applaudissemens sur les bancs militaires.) Avec quoi, nies
sieurs les juges et procureurs , calmeriez-vous les scrupules qui vous
tourmentent, de ne pouvoir pas rendre la justice pendant la session
des chambres ; et n’est-il pas vrai que vous péririez de chagrin sans la
petite consolation des éinargemens ? (Tonnerre d’applaudiscmens sur
les bancs des magistrats).Enfinj aveti quoi, messieurs les banquiers et
gens de finance, pourriez-uous tripoter à la Bourse, taillera plein dans
la fourniture, prêter vos fonds à vingt pour cent, et entasser des mon-
ceaux de rentés , de itiaisons et de fermages, si les grbs impôts n’ame-
naient pas les gros emprunts, et si les services dé l’état étaient ecntrô-
lés par dos ebiffreurs désintéressés? (Tonnerre d’applaudissemens sui-
tes bancs des loups-cerviers.)

» On se fait, messieurs , sur la nature et la destination de l’impôt,
toutes sortes de fausses idées. L’impôt est un excellent placement , et
comme il y a, parmi les contribuables, une foule de dissipateurs, il est
fort heureux pour eux que le gouvernement veuille bien prendre leur
argent, qui certainement est beaucoup mieux placé dans nos poches
que dans la bourse de ces extravagans-ià.

'j L impôt, messieurs, tel qu’il est assis, perçu et mangé , est la clé
de voûte de notre édifice électoral: si vous diminuez 1 impôt , vous
ébranlez l’édifice. Ces gouvernemens à bon marché , dont les oreilles
nous tintent, ne se voient que dans les républiques ; et comme, sous
notre régime de libre discussion, il n’est pas permis de prouver que les
républiques valent mieux que les monarchies , il en faut conclure tout
net que les gouvernemens à bon marché ne valent rien.

» Le plus grand des abus dans une monarchie serait, messieurs ,
qu’il n’y eût plus d’abus, car des iors il n’y aurait plus de monarchie.
Nous serions bien dupes, ceci soit dit entre nous, quand lé roi que
nous avons fait thésaurise, de ne point arrondir notre pelote; quand il

se gaudif, de ne point jouir, et quand il est bien verni, bien chauffé ,
bien nippé, bien engraissé, et qu’une bourse d’or, grosse et sonnante
pend à la ceinture, de vivre pauvrets et souffreteux , de peur, voyez-
voifs , que l’impôt ne se gonfle et ne surpèse aux contribuables ! La
belle raison ! Qu’est-ce que ça nous fait à nous, que le peuple crie?
est-Ce que c’est lui qui nous nomme députés ? qu’est-ce que ça nous
fait qu’il souffre, pourvu qu’il paie ? et il paiera , messieurs, car péti-
tions, doléances , chansons et dynasties , tout passe sur celte bonne
terre de France, excepté l’impôt qui ne passera point ! »

I^es bancs ministériels, en masse. — Bravo ! bravo ! l’ordre du
jour !

Le président de la chambre. — L’ordre du jour est adopté.

(Le rapporteur, tendrement pressé dans les bras des ministres, est
accueilli, en revenant à sa place, par les huilemens approbateurs des
loups-cerviers.)

N« 442-

Notre Système télégraphiste et pot-de-vinier, dont le costume rap-
pelle un peu ici celui du Robert Macaire de la porte Saint-Martin, veut
sa défaire des dindons de la basse-cour du roi , qui depuis quelque
temps, pour s’emparer de leur pâté ministériel, ont déclaré une guerre
de coup de bec , aux oies qu’il affectionne particulièrement, et qui
sont généralement connues sous le nom d’oies du frère Philippe. A cet
effet, il agace ces dindons en leurs présentant les appâts qu’il présume
devoir les tenter lé mieux , et il leur dit sournoisement : Petits ! petits!
» petits'.... venez! venez', venez!... venez donc, dindons! » Or, sitôt
que les dindons tendent la tête, à travers les crevasses de notre poul-
laillér politique actuel, pour happer les porte-feuilles avec lesquels lé
Système excite leur appétit, le Système leur détache traîtreusement sué
la nuque, un vigoureux coup de son grand sabre à destitution,
Attrape !

Cette excellente parodie de la fameuse charge d’Horace Vernet,
est, comme vous voyez, l’histoire exacte delà rouerie dont les dindons
du Tiers-parti onlété victimesdcrnièrement, de la part du Système, au
profit des oies de la Doctrine.

N" 443.

Arisloaatie et Démocratie.

Sous celle double personnification purement allégorique, se trou-
vent résumés les deux grands intérêts autour desquels se groupent
tous les autres , et qui se disputent l’ordre social actuel. Le chat, c’esft
la royauté, c’est la pairie , c’est le privilège électoral, c’est la liste ci-
vile j c’est le cumul, c’est le despotisme , c est la peur, c’est l’égoïsme,
c’est l’exploitation du grand nombre par le petit. Ce magnifique boule-
dogue, au contraire, c’est la souveraineté des peuples, c’est la liberté,
c’est l’égalité politique, c’est le dévouement, c’est l’indépendauce qt
la gloire nationale, c’est le peuple, en un mot. Le chat se tient sur ses
gardes , prêt à défendre à coup de griffes la position élevée où il s’eSt
retranché; le vigoureux boule-dogue, qui l’a pourchassé peu-à-peu
jusque sur ce fauteuil doré et poiré, s’arrête un moment, comme pour
continuer mûrement son dernier plan d’attaque. Touchante image de
la sympathie populaire, de la bonne harmonie qu’ou assure encore
régner entre les deux rivaux , ainsi que de la ferveur toujours crois-
sante des suffrages unanimes ! Telle est maintenant la position respec-
tive des deux adversaires , qui me paraissent irréconciliables. Qu’en
pensez- vous? Le boule-dogue finira-t-il par mettre le chat à la raison?
Quand? où? comment? Voilà ee que j’igeore; mais pour ma part, ce
ne serait point sans un certain plaisir que dans certains cas, je lui
entendrais crier: Xiiiiii !.... Xiiiii !.... Xiiiiiii !

Il est vrai que j’ai le caractère très-mal fait. Derv.

-■-gu ■_— -

DIS-MOI QUI ru NOMMES, JE TE DIRAI QUI TU ES.

Il y a une chose universellement incontestée dans le monde, et prin-
cipalement en France, c’est que la France est la nation la plus spiri-
tuelle de l’univers ; et une autre chose également incontestée en Fran-
ce et principalement à Paris, c’est que Paris est la plus Spirituelle ville
de France. Il n’y a pas moyen de douter de celte double vérité, vû que
 
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