Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 13.1844

DOI Heft:
Avril (No. 92-121)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17365#0359
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
iiïs CsiitKiWAiii.

— _ . -«—-**

mes compétens aux viles criailleries de journalistes
dont la mauvaise foi n'est égalée que par l'ignorance.

P. S. Nous apprenons à l'instant que la censure a
supprimé le mot bourreau, dans la lettre de MM.
Pyat et Dumas, et l'a remplacé par celui d'exécuteur
des hautes œuvres.

La popularité de M. Guizot s'accroît de jour en
jour. M. le ministre des affaires étrangères en a reçu
hier une bien touchante preuve.

On donnait, aux. Funambules, une pantomime
nouvelle, mêlée de dialogues. Pierrot, représenté par
Debureau, est un marchand de bois. Une pratique
vient lui demander une voie de chêne, et Pierrot ré-
pond : « Vous ne savez donc pas, ignorant, qu'on ne
vend maintenant que du bois Guizot ?— Comment,
du bois Guizot? — Oui, du bois au stère. »

Ces mots ont été couverts d'applaudissemens pro-
longés ; le public a crié tout d'une voix : Vive Guizot!
et dans son enthousiasme la foule a fait exécuter par
Debureau l'air national de vive Henri IV ! qu'elle a
entonné en chœur, en substituant le nom de M. Gui-
zot à celui du roi Béarnais.

Cette manifestation spontanée, dans un théâtre
populaire, a ému M. Guizot jusqu'aux larmes. C'est
une douce et bien juste récompense pour cette vie
consacrée tout entière au service du pays et à la dé-
fense de la liberté.

Le beau portrait de M. le chancelier Pasquier re-
çoit, tous les jours, au Salon, les hommages les plus
flatteurs.

La foule s'arrête avec attendrissement et respect
devant la toile où sont peints les nobles .traits de ce
vénérable vieillard. Les éloges les mieux sentis sor-
tent de toutes les bouches, et l'œuvre de M. Hùra-
cé Vernet semble décorer un autel de la vertu.

Hier, un père faisait monter son enfant sur ses
épaules pour qu'il pût embrasser les pieds de l'hom-
me de bien. Hommage solennel darfs lequel la vieil-
lesse consacrait l'enfance, où le passé bénissait l'a-
venir !

Ce matin, un conducteur Laffitte et Gaillard, un de
ces hommes de fer aussi rudes d'âme que de corps,
pleurait à l'aspect du digne chancelier. « Cristie ! di-
sait-il dans son grossier langage, mais avec un accent
qui partait du cœur,— Cristie ! je crois que je viens
de verser des larmes, moi qui n'ai jamais versé que
des diligences. »

Chaque soir, à la fermeture des portes, les gardiens
enlèvent des centaines de couronnes de roses blan-
. çhes et de bouquets de fleurs d'orangers que les visi-
teurs ont placés sur le portrait de M. Pasquier, com-
me un symbole de la virginité de sa conscience et de
la pureté de sa foi.

En voyant l'adoration pieuse dont ce portrait est
l'objet, le gouvernement s'est décidé, dit-on, à en or-
ner une des principales églises de Paris.

Hier, une lutte acharnée a eu lieu dans les bureaux
du National. M. de Montalivet était venu apporter
son offrande à la souscription en l'honneur du brave
amiral Dupetit-Thouars,qui, sur la déclaration una-
nime des souscripteurs, doit être considérée, non
comme un blâme, ainsi que la malveillance l'avait
fait jusqu'à présent, mais comme un hommage rendu
à la politique du Cabinet. Sur l'observation qui fut
adressée à l'intendant de la Liste-Civile que chaque
offrande ne doit pas dépasser 50 cent., il s'est fâché
tout rouge ; il voulait absolument donner cent mille
îraivcs. Il a fallu presque employer la force pour
remettre dans sa poche les billets de banque qu'il
s'obstinait à ne pas reprendre.

Cette manifestation est aussi flatteuse pour la Lis-
te-Civile que pour le héros qui l'a inspirée.

NOMINATIONS, PROMOTIONS, etc.

Sont élevés à la dignité de pairs de France :
M. Charles Thomas, directeur-gérant du National;
M. Jules Bastide, rédacteur en chef dudit ;
M. Armand Marrast, id.

M. F. Flocon, rédacteur en chef de la Réforme,'

M. Louis Blanc, auteur de l'Histoire de Dix ans.

En conférant cette haute dignité à des écrivains
trop longtemps voués au service des mauvaises doc-
trines, mais qui ont enfin compris que la justice et la
vérité sont du côté du Pouvoir, le gouvernement a
voulu, donner un grand exemple. Espérons qu'il por-
tera ses fruits.

Les rédacteurs du Charivari étaient aussi compris
dans l'ordonnance ; mais leur modestie a cru devoir
décliner pour le moment cet honneur. Ils ont pensé
qu'ils n'avaient pas encore eu le temps d'expier les
graves et nombreuses erreurs de leur passé. Pour
mieux s'en punir, ils n'ont consenti à recevoir que la
croix d'honneur.

Il en coûtera quelques millions ; mais qu'est-ce que
trois ou quatre millions?... une simple bagatelle en
comparaison des trois cents millions qu'a coûtés le
musée de Versailles... y compris les deux cent qUa.
tre-vingt-dix-neuf dépensés primitivement uaf
Louis XIV.

CRITIQUE.

LA PLACE M CARROUSEL.

ors avons une excellente nouvelle
'à communiquer à nos lecteurs. Ce
'matin même, comme nous traver-
sions la place du Carrousel, nous
avons aperçu une foule d'ouvriers
qui piochaient dans les montagnes
de boue accumulées depuis douze
ans en cet endroit.

Notre surprise a égalé notre stupéfaction, et nous
tournions légèrement à la pétrification, lorsqu'un
monsieur, qui se donnait comme parfaitement ren-
seigné, nous a appris qu'on commence, à partir de ce
jour, d'immenses travaux d'amélioration sur cette
place si justement célèbre dans toute l'Europe....
pour sa malpropreté.

Vous n'êtes pas arrivés jnsqu'à présent sans savoir
que, depuis l'année 1830 ,1a Liste-Civile, indignée du
mauvais état dans lequel se trouve le Carrousel, avait
fait les plus vives instances auprès du conseil muni-
cipal pour que cette place se trouvât immédiatement
embellie de tous les pavés et de toutes les lanternes
qui lui font défaut. Il ne lui manque guère en effet
que cela.

Il va sans dire que la Liste-Civile offrait de faire
ces réparations àjiis frais, car elle se serait regardée
comme humiliée si la ville de Paris avait eu la pré-
tention de payer des embellissemens qui se trouve-
ront placés sous les fenêtres même du château des
Tuileries.

Vous vous imaginez que la Liste-Civile, consentant
ainsi à payer les frais de réparation d'une partie de sa
propriété, il ne s'agissait plus que de se mettre à la
besogi ie,et que les brouettes et les tombereaux allaient

marcher comme sur des roulettes ? M- Vatout vient de reunir les elemens epars d

Erreur ! grave erreur ! Le conseil municipal, vour ?r^d ouvraSe <Iui fixera ^S^P9 1 fen *°?qT
lant lutter de générosité avec l'intendant de la Liste- ™is d'une sa§e littérature. On sait que les veilles d
Civile, a décidé qu'il ne souffrirait pas que la caisse e Publiciste ^tingue de ce romancier élégant û
royale payât un sou sur ces dépenses ; et au milieu ce jurisconsulte éclaire, de cet orateur verveux, so
de ce conflit de générosité, qui dure depuis douze ans,
les habitans de la place du Carrousel restaient le bec
dans l'eau et les pieds dans la crotte.

Cette position sociale, infiniment trop mar^_geu-
se, des infortunés Parisiens, a fini par toucher tel-
lement le cœur de la Liste-Civile, que son intendant
a pris sur lui d'envoyer promener les prétentions du
conseil municipal ; il a décidément réclamé le droit
de payer les deux ou trois cent mille francs nue. coû-
tera le pavage de la place du Carrout .

Cette noble générosité convient bien a la Liste-Ci-
vile d'une grande nation, et, pour confondre les ca-
lomnies des partis, nous n'attendions pas moins de
M. Montalivet.

Le même personnage qui nous a communiqué ces
détails a certifié qu'il avait vu les plans des embel-
lissemens projetés par la Liste-Civile pour faire du
Carrousel une vaste place, digne enfin de lier
ensemble deux palais comme le Louvre et les Tuile-
ries. Il paraît que ce sera oriental,' ' " ' ntal
même, complétemeut babylonien !

M.Fontaine, l'architecte du roi, qui prétend mar-
quer ainsi son passage sur la terre en général et sur
la place du Carrousel en particulier, se propose de
semer sur ce lieu, où depuis douze ans ne croissaient
que des herbes marécageuses et où coassaient même
des grenouilles, une foule de statues, de candélabres,
de bassins, à faire pâlir la place de la Cop^orcïa !

LITTÉRATURE ET 'PHILOSOPHIE MISÉES.

u moment où les feuilles démo-
cratiques,oùlesécrivainsde l'a-
narchie s'efforcent de répandre
en tous lieux le venin de leurs
mauvaises doctrines et des mi-
sérables passions, les esprits é-
minens qui entourent le Trône
ont compris que le silence était
une faute. Les tentes d'Achille vont s'ouvrir, et les
hommes depuis longtemps éprouvés dans les combats
vont de nouveau descendre dans l'arène des lettres.

M. Pasquier, cet orateur d'un esprit si élevé, cet
homme d'État d'un caractère si ferme, vient de céder
aux instances de ses amis : il a consenti à livrer à
l'impression un recueil de pensées inédites dont quel-
ques personnes haut placées avaient eu seules la con-
naissance. Ce volume édité par M. Pagnerre sous le
titre de Esquisses du cœur, paraîtra vers la fin du
mois. L'annoncer, c'est déjà lui prédire un succès.
C'est par de telles actions que les consciences les plus
pures du gouvernement raffermiront la morale publi-
que, ébranlée par de coupables écrits.

Nous sommes encore autorisés à déclarer qu'il es!
faux, entièrement faux, comme le bruit en a couru
ces jours-ci/que l'auteur des Bâtons flottans songe
une seconde fois à retirer sa pièce. Non: cette ingé-
nieuse comédie où les partis entendront de sévères vé-
rités restera au théâtre. Ceux qui ont eu communica-
tion du manuscrit s'accordent à dire que jamais plus
suave, plus belle poésie ne jeta le manteau éclatant
de sa forme divine sur de plus hautes, de plus vi-
goureuses pensées. C'est à la fois le vers de Corneille
ample et superbe, mais net et concis, la causticité de
Térence, la verve sardonique d'Aristophane, la pro-
fondeur de Shakespere, la magnificence de Caldé-
ron. Molière l'aurait écrite, M. Liadières l'a signée.

C'est aujourd'hui le jour des bonnes nouvelles.
Horace l'aurait 'marqué d'une pierre blanche

toutes consacrées à l'étude de l'antiquité, comparée
dans son expression synthétique avec la forme visi-
ble des temps modernes. Depuis dix ans, l'honorable
député a pâli sur ce travail, qui a nécessité les plus
immenses recherches. Ce grand ouvrage, que toutes
les bibliothèques attendent, va paraître à la librairie
de Paulin sous ce titre heureux: l'An MU etlAn
Quarante. Pour écrire la partie philosophique, »•
Vatout a emprunté la plume de Sénèque et de Platon,
dans la partie anecdotique sa manière se rappro*
de celle de Swiff, qu'elle surpasse par la précision;'
côté pittoresque a été traité avec cette puissance
coloris qui rappelle Diderot ; il y a des pages d ap-
préciations ironiques sur les tendances de nos mœw
que Voltaire ne renierait pas. L'ouvrage n'aura pa
moins de douze volumes.

En même temps que ces hommes d'une intemg^
ce si droite répondent à l'appel du pays, un des m "
nistres les plus fameux des temps modernes, un
ceux que nous sommes habitués à rencontrer M
le chemin de la vérité et qui combattent ayee le P
de courage pour le maintien de la royauté et dei
dre, M. le duc Decazes nous promet un opuscule P
cieux sur l'origine et le but des partis. Ce travail ?
recommandent la sincérité de l'homme prive e
hauteposition de l'homme public, résumera en 9 ^
ques chapitres notre état social actuel et l'avenir

(La suite à la 4e page-)
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen