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enfants de la Pologne qui rêvèrent avec tant de bra-
voure l'indépendance de leur patrie; mais ce gouver-
neur, quel qu'il! soit, est dépassé aujourd'hui par
M. Soult, notre ministre delà marine. Cederniervient
de changer son bâton de maréchal en un knout.

Notre Sibérie française, en effet, a été imaginée par
' M. Soult ; c'est à lui que revient le mérite de cette
invention. L'Afrique s'ouvre à ce projet; on n'y gèle
pas, il est vrai, on'y rôtit sous un ciel torride. En fin
de compte, cela revient au même.

A Tobolsk et dans les environs, vingt mille pri-
sonniers obérés de misères creusent les mines dont
le produit va se perdre entre les mains de l'empe-
reur. Dans la plaine de la Mitidja, on assainit, à for-
ce depatience, ces mêmes marais numides qui étaient
déjà pestilentiels du temps de Salluste.

Dans la Sibérie du Nord, tout captif paresseux ou
affaissé est ramené à l'amour du travail par des la-
nières de cuir tombant sur ses épaules ; dans la Si-
bérie du Midi, tout soldat, caporal ou sous-officier
disciplinaire, ne peut quitter la brouette, la pelle ou
la pioche sous peine de prolongation de peine. Les
lanières de cuir sont peut-être préférâbles.

Mais que voulez-vous ! Il fallait bien trouver une
annexe à notre système pénitentiaire. En conscience,
le Juste-Milieu n'a pas déjà trop de prisons : Sainte-
Pélagie, la Force, la Conciergerie, les deux Roquette,
Poissy, Clairvaux, tout cela s'emplit chaque jour;
le Mont-Saint-Michel regorge, et Doullens est mainte-
nu en réserve pour les journalistes par lesquels on
remplacera Dupoty dès qu'il sera mort. Une Sibérie
était donc urgente.

Où diable aurait-on placé les soldats souscripteurs
à l'épée nationale de Dupetit-Thouars, si ce n'avai-
été dans ce coin insalubre de l'Afrique? Croyez-vou-
que l'Abbaye ne contienne pas déjà assez de réfrac-
taires ? D'ailleurs cette besogne de pionniers a quel-
que chose de militaire. Le caporal Bach, les fourriers
Thiébaud, Dillon et leurs camarades du régiment de
Toulouse étaient habitués à tenir un sabre, on leur
met une pioche dans les mains. On a vu dans cette
ère-ci des instruments moins belliqueux.

Au rédacteur du Charivari.
Monsieur,

et c'est cepen-
dant vrai com-
me le despotis-
me allemand,
—: le roi de
Prusse, qui
jusqu'à présent
a joué la haute
comédie politi-
que au déses-
poir de nos ar-
tistes dramati-
ques, vient de
fonder un or-
dre du Calem-
bour.

Dans une ancienne légende latine, il "a trouvé les
paroles in hoc cygno vinces au" lieu de in hoc signo
vinces. Comme il' parle latin et grec aussi bien que
Thrasybule et Néron, ce calembour l'a si fort tour-
menté qu'il ne pouvait plus dormi]', et la Prusse y
perdait.

Force lui fut de communiquer ses scrupules au
Joseph du lieu, à son confesseur et interprète de son-
ges, M. Draeseke. Celui-ci lui déclara, en présence
du conseil d'État qui fut saisi de cette importante
question, que la légende .avait une immense portée
sociale, que le signe métamorphosé en cygne signi-
fiait que le roi de Prusse écraserait tous ses ennemis
et ses contempteurs politiques sous la forme d'un
cygne. En conséquence, le roi vient de fonder l'ordre

du Cygne dans un but de charité sociale. Ne seront
admis membres de l'ordre que des 'gens de haute
qualité ayant tait preu-ve de dévotion chrétienne et
d'aptitude pour ie calembour.

Les femmes sont invitées à propager de leur mieux
les principes de l'ordre. Le roi veut.que les dames
prussiennes, comme les sœurs de Béràhger, se sau-
vent par la charité.

, Saluons donc l'avènement du cygne royal. Il a bec
et ongles, et quiconque ne fléchira pas Je genou de-
vant cet iUs prussien sera condamné comme blas-
phémateur et athée. Un imprudent Allemand qui a osé
dire que c'était ie chant du cygne de la monarchie
prussienne s'est vu forcé de prendre la fuite pour é-
chapper à la prison.

Outre la manie du calembour, notre roi a encore
le tic de la caricature et de l'autographe. Il possède
un recueil charmant des portraits-charges de tous
ses ministres et conseillers, 'qu'il dessine lui-même
pendant les séances du conseil d'État. Dernièrement
M. Julius fut appelé au conseil pour donner son avis
sur lès prisons d'Amérique. Pendant qu'il parlait, le
roi paraissait prendre des notes ; le jeune docteur,
encouragé par cette auguste attention, se rajusta de
son mieux et se mit à pérorer d'un ton doctoral et
sentencieux. Il était à peine au bout de son exorde
que le roi se leva et lui montra une caricature des
plus charivariques qu'il venait de terminer et où
resplendissait, dans des proportions inouïes, le res-
pectable nez du docteur. Le pauvre homme en fut
terrifié ; il resta court, et une heure après, son anta-
goniste le docteur ïellbach, ennemi déclaré du sys-
tème cellulaire, avait remporté une victoire complè-
te. C'est au nez du docteur Julius que les condam-
nés prussiens doivent den'êtrepas cellulés. Aussi nos
voleurs et bandits se tatouent maintenant les bras
d'un nez à la Julius.

Quant aux autographes du roi, toute 'l'Allemagne
en fourmille. Pour peu qu'un journal qui n'est point
justiciable de la censure prussienne ose déverser le
moindre blâme sur un acte royal, Sa Majesté se met
à tartiner un billet autographe foudroyant à l'adres-
se du gérant et expédié par une estafette royale. Plu-
sieurs auteurs allemands ont été jugés dignes de cet
honneur. Dans un de ces billets, que j'ai vu de mes
propres yeux, le roi dit à l'auteur suscrit : « Je
vous prie de ne pas vous occuper de politique et d'être
plus sobre de ces idées creuses et déclamatoires qui
ne vous conduiront à rien. Vous n'entendez rien h la
politique ; moi qui vous parle, je dois le savoir. J'ai
vu l'article biffé par ma censure et dont vous vous
plaignez; il rie me plaît pas du tout, et j'ordonne que
vous soyez débouté de votre plainte. Tenez-vous cela
Vous ne le I pour dit.
croiriez pas » Signé, frédéric-guillaijme. »

Dernièrement encore le roi a envoyé un hand-bil-
let de ce genre au baron de Cotta, propriétaire de la
Gazette d'Aucjsbomg. Ladite gazette estautrichienne
et se moque de temps à autre de la popularité du roi
de Prusse. D'abord le roi s'est adressé à son ami le
.prince Metternich ; mais comme celui-ci a fait la j Milan,
sourde oreille, Frédéric a notifié un billet autogra- £es Sirènes ont réussi, grâce à de bons mots, au
phe au baron Cotta, dans lequel il lui fait savoir que jeu COmique d'Hyacinthe et à de jolis costumes por-
si son journal, se plaît à continuer de critiquer les tés par de jolies actrices. De plus, Mlle Valence est

de concurrence à Daumier et à Gavarni. Le roi de
Prusse a, du reste, assez d'esprit pour convenir qu'y
ne perdrait rien à cet échange.

Je sûis, etc. =. un prussien.

Berlin, ce 2,0 avril 1844.

. ïfaéàtre aîœa Vaa*iétés.

Les Sirènes, vaudeville en deux tableaux, de
M. Brunswick.

Un jeune Napolitain nommé Ravioli, sobriquet
qu'il a emprunté à la carte du res'aurateur Paolo
Broggi à Paris, occupe l'emploi de gardien des cannes
et des parapluies au musée de Naples. Comme dans
cette ville le soleil s'oppose assez généralement à ce
qu'on porte des parapluies, et que la police défend
toujours qu'on porte des cannes, il s'ensuit que Ra.
violi n'a rien à faire pendant toute l'année, sinon à se
promener lui-même en amateur au milieu de tous
les dieux en bronze et de toutes les déesses en marbre
que renferme le musée en question.

La fréquentation perpétuelle de ces personnages
mythologiques a influé d'une manière déplorable sur
le cerveau de Ravioli, et il s'est imaginé que tous ces
individus, que je ne crains pas de qualifier de fantas-
tiques, tellement je suis esprit fort, avaient existé,
bien plus, existaient encore réellement !

Il n'est pas jusqu'aux sirènes en qui Ravioli
ne possède une confiance pleine et entière, et il va
chaque soir se promener sur le bord de la mer dans
l'espérance de voir enfin apparaître un de ces èlres
ravissans, moitié femme et moitié morue !

Comme Ravioli a hérité d'une somme assez agréa-
"ble, cet héritage double les charmes de son visage,
lequel était naturellement assez laid, et il se .voit
tout à coup le point de mire des œillades d'une foule
de jeunes filles. Mais Ravioli repousse leurs avan-
ces, il rêve plus que jamais de pouvoir enfin un jour
rencontrer une femme mythologique.

Ravioli a pour oncle un certain charlatan nommé
Cocomero, qui entre dans les idées fantastiques de
son neveu , et conseille à une jeune fille de
déguiser en sirène et de saisir l'occasion d'une des
promenades maritimes de notre Napolitain pour se
présenter tout à* coup à sa vue dans ce costume chi
card.

Par malheur ce plan a été surpris par plusieurs
autres prétendantes qui se travestissent également en
femmes ornées de corsets en écailles d'argent; et
lieu d'une seule sirène, Ravioli en voit arriver un
banc complet.

Maisnotreamateurdesirènes,se souvenant queces
poissons chantent fort agréablement, ne se décide à
décerner la pomme, ou.plutôt la bague nuptiale,qu'à
la sirène qui fera des roulades comme une élève du
Conservatoire.

Une seule des sirènes possède le talent d'agré-
ment désiré, et il se trouve tout justement que c'est
la cousine de Ravioli, ex-débutante au théâtre

faits et gestes du roi de Prusse, lui, Frédéric-Guzl
laurne et non le roi, lancera un interdit contre la
gazette et en défendra le débit dans le royaume en-
tier du susdit roi de Prusse. » .

•Le roi croit, par ces procédés tant soit peu lestes,
imiter son aïeul Frédéric le Grand. Il y a entre ces
deux monarques la petite différence que voici :
Frédéric, dans son despotisme, s'est moqué de l'Al-
lemagne d'autrefois, tandis que l'Allemagne d'aujour-
d'hui se moque du despotisme du nouveau Frédéric.

Pour peu donc que le Charivari continue à s'occu-
per de la personne de notre roi, il s'expose à voir
arriver, un de ces jours, un courrier extraordinaire
porteur d'une lettre autographe de S. M. prussienne.
Après tout, sa lettre ne sera pas déplacée. Je suis sûr
que le roi de Prusse est né collaborateur du [Chari-
vari; ses caricatures sont dignes de Grandville et de
Benjamin. C'est par un malencontreux hasard qu'il
parle prussien et qu'il règne à Berlin ; s'il avait eu le
bonheur d'être Français, il ferait à coup sûr une ru-

une sirène qui chante fort agréablement.

Mais, à propos de jolies actrices, que devient M"1
Alice Ozy ? Quoi ! le théâtre des Variétés montre des
sirènes, et elle n'est pas là ! 11 faut'que MIIe. Ozy soit
absorbée par une maladie sérieuse ou par le sport)
qui tient maintenant ses assises au Champ-de-Mars.
Est-ce le turf, est-ce la Faculté qui la retient? MUe A-
lice Ozy est de la pâte dont on fait les sirènes, et en
la laissant à l'écart sans prévenir les gens, M. n°*
queplan assume une grave responsabilité vis-à-vis au
public et de la mythologie.

On a fait de grands préparatifs pour donner de

l'éclat au feu d'artifice. On a peut-être senti que sans

cela l'enthousiasme unanime courrait grand risque

de manquer de feu. / .

(La suite à la ie page.)
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