Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 13.1844

DOI Heft:
Juillet (No. 183-213)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17365#0717
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
- IJÛLAH1YA1UL

«Cependant il y a cigareet cigare ; puisque tu tiens
à en fumer, ô vile plèbe, je t'abandonne le cigare à
paille, dit bout-de-negre, le cigare à deux sous et ce-
lui à trois sous. Et j'aurai soin, afin de te faire sen-
tir l'outrecuidance de tes prétentions et de te mettre
au rang qui t'appartient à la Civette et dans les bu-
reaux importans,— j'aurai soin, dis-je, que le ci-
gare à deux sous soit d'une qualité inférieure à celle
du cigare à paille et que le cigare à trois sous réalise
l'idéal de tout ce qu'on peut flairer de nauséabond.
Pour cela je roulerai, à ton usage spécial, les feuilles
des marronniers des Tuileries, au moyen d'une rede-
vance envers la Liste-Civile, et de peur qu'il ne te
prenne envie de refuser pareille drogue, jemettrai les
cigares de quatre sous à cinq sous. »

Non content d'avoir ainsi parlé, M. Siméon se tint
aussi parole. Les fonctionnaires du Juste-Milieu ne
manquent jamais à leurs engagemens quand il s'agit
de commettre un tour de passe-passe, et surtout d'aug-
menter l'impôt.

Or, il arriva que les petites gens, après maintes
récriminations, se résignèrent à payer dé mauvais
cigares cinq sous, ceux d'un prix|inférieur étant odieux
et exécrables, de sorte qu'un haut baron de la cour,
n'étant plus reconnaissable à son cigare, courait le
risque d'être confondu avec un homme d'esprit qui
n'était pas haut baron, mais du peuple.

Ce n'était pas le compte de M. Siméon, duc de la
Tabatière.

« Par la sambleu ! dit-il, les manans ont osé tou-
cher au cigare à cinq sous ; ces gens-là ne respec-
tent plus rien. Nous allons voir s'ils mordront aux
panatellas. Pour surcroît de précaution je décide que
les panatellas ne se débiteront que par paquets de cin-
quante au moins, à raison de cinquante centimes le
cigare, de sorte que pour se permettre de fumer après
le café un cigare de dix sous, il ne suffira pas de dix
sous, il faudra avoir au moins vingt-cinq francs
dans sa poche. »

Certes, jamais rien de plus ingénieux n'était sorti
de la cervelle d'un Siméon. Comme sagacité adminis-
trative, il y avait de quoi faire destituer un garde
champêtre.

La preuve, c'est que personne n'acheta de pana-
tellas, mais absolument personne. Les hauts barons,
qui aiment à représenter l'aristocratie d'argent à
Condition de ne pas dépenser leurs revenus, ne com
prirent pas la portée sociale de la découverte de M.
Siméon. Cherchez donc à constituer la féodalité du
cigare pour des lèvres de cette épaisseur !

M. Siméon, découragé, vient d'autoriser le débit en
détail des panatellas. Mais depuis quinze jours que
l'autorisation a été donnée, personne n'a voulu en
user. Les petites gens prétendent que les panatellas
à dix sous de la régie ne lui reviennent pas à trois
sous, rendus en France, et que sept sous de gain par
cigare constituent un intérêt par trop loup-cervier ;
de plus, ils se demandent de quel droit M. Siméon,
en augmentant le prix des tabacs, établit un nouvel
impôt, de son propre chef. Quant aux grandes gens,
ils aiment à faire de l'aristocratie gratis et sont
acharnés contre la régie. En vain M. Siméon leur
cria : « A la rescousse, chevaliers ! sus ! sus au ma
nanti Brandissez le panatella! Félons que vous
êtes, resterez-vous sourds, à l'appel du duc de la Ta
batière? » Les hauts barons restent sourds. Ne se
reconnaissant plus dans tous ces changemens de
prix, M. J. Lefebvçe a renoncé à fumer, et [le ban
quier Lebœuf s'est mis au cigare d'un sou à paille

Vous verrez que M. Siméon sera forcé d'acheter et
de fumer tous les panatellas de M. Siméon.

BEIIIS-IETTMS*

Nous avons mis plusieurs fois en lumière les beau
tés et illustrations du Journal des Débats, qui passe
encore auprès de ses abonnés (les trois cents Spartia-
tes) pour le journal le mieux écrit et le mieux pansé
de la France.

Nous avons donné plus d'une fois des échantillons
de ce style royal, de cette prose-modèle, de ces pre-
miers-Paris qui valent les feuilletons, et de ces feuil-
letons qui ne valent rien du tout.

Nous vous avons plus d'une fdis exposé en public,
malgré les ordonnances de policé} les trognons de M.
Fleury et lès fleurs de M. trognon.

En voiclbien d'autres ! Cèlles-lâ seraient-elles, nous
n'affirmons rien, du père Michel Chevalier ? Jamais
d'ailleurs saint-simonien n'aura toulti plus de liberté
pour la femme que l'auteur de cet article, quel qu'il '
soit, n'en a pris pour la langue. La grammaire est là
une vraie femme libre qui se comporte éh conséquen-
ce, et qui se livre à toutes sortes de licences et dé pri-
vautés.
Vous allez en juger.

Dans un article sur les produits dé l'industrie, oh
lit |ë qui sdit :

« Lebdn marche a ses conditions; l'une est la
» grande fabrication, tous lés jours aussi l'échelle
» de nos établissemens s'agrandit. Impossible que
» tous les établissemens soient grands. »

Hein ! que dites-vous de cette jolie petite dernière
phrase? impossible que tous les établissemens soient
grands. Ce n'est pas long, mais c'est beau I Impossi-
ble que I voilà de la concision ! Impossible que ! on
ne l'accusera pas, celui-là, de tirer à la ligne. Impos-
sible que ! C'est du Tacite tout pur ! quelle écriture !
quelle orthographe ! quel patois i C'est textuel, paro-
le d'honneur !

Continuons : « Or cependant nous 'avons du pen-
» chant à traduire l'égalité civile par l'égalité abso-
» lue. Cette haine de toute supériorité est la peste du
» dix-neuvième siècle. Avec l'envie, c'est tout un.
« Comment faire pourtant si toutes les professions
» doivent se concentrer en un petit nombre de gran-
» des fabriques ? Comme en industrie, ainsi qu'en
» toute action, il faut de l'obéissance et de la hiérar-
» chie, nous devrons donc, tous tant que nous som-
» mes, reconnaître des supérieurs, obéir à des chefs,
» ce qui est presque dire à des maîtres. Cela vous
» semble dur, mais il le faudra. Ah ! vous aviez cru
» vous dispenser de la soumission et briser toute hié-
» rarchie, au nom de ce que vous appeliez vos droits
» naturels et imprescriptibles ! Déception ! »

Ouf! déception /.Arrêtons-nous sur déception ! —
Déception !... damnation! malédiction!... 0 drame
moderne ! ô Antony ! ô grand Bocage ! ô Marie Dor-
val ! Niez donc encore, si vous l'osez, la force du ro-
mantisme ! il vit, il vit toujours dans les Débats !
Que dites-vous du romantisme appliqué au feuilleton
de l'industrie '? de déception à propos des draps de
M. Cunin-Gridaine?

Hélas ! voici que l'auteur passe de la nouvelle à la
vieille école et qu'après ce cri romantique, excentri-
que, fantastique : déception ! il revient, par une
transition brusque, aux moulons mythologiques, a-
cadémiques et surtout amphigouriques. Déception !

« L'obéissance retombe sur vos épaules aussi iné-
» vitable que le rocher de Sisyphe. »

Nous vous l'avions bien dit.

Voyez-vous d'ici l'obéissance qui [retombe sur vos
épaules comme un rocher. Quelle image ! et comme un
rocher de Sisyphe encore ! Déception ! déception !

Poursuivons, ou plutôt finissons :

« La hiérarchie a monté en croupe après vous,
»|quand vous vous imaginiez la fuir, et elle se remet
» à vous étreindre de ses bras acérés. »

De grâce, embrassons-le pour les bras acérés de la
hiérarchie ! Embrassons-le et que ça finisse !

« C'est qu'il n'y a pas de société sans hiérarchie et
» sans obéissance. Vous les aviez renvoyées par la
» porte, elles rentrent par la fenêtre, et ensouverai
» nés, comme chez elles. »

Ah ! vous vous imaginiez vous soustraire aux bras
acérés de l'obéissance et de la hiérarchie! Ah! bien
oui, l'industrie, dit l'auteur en terminant, leur fait
la courte-échelle. Quelle .figure... Vous les avez mises
à là porte, elles rentrent par la fenêtre ! Quelles mé
taphores! comme cela est juste! comme cela est
beau ! Quelle forme et quel fond ! quelle pensée et
quel style! Ah ! vous vous croyez libres, pauvres lec-
teurs ! Déception ! déception ! déception ! Trois fors,
quatre fois pour vous, pour nous I pour tout le mon-
de... et surtout pour les abonnés des Débats.

JThcàtre du Vaudeville.

Le Cient, ou les Représailles, vaudeville en un acte,
par M. Hippolyte Leroux.

^otre portier, d'un air effaré, est entré chez nous
ce matin ; il tenait à la main une manière de papier
timbré. Comme le terme approche, il avait quelque
nquiétude: « Est-ce que mon locataire se dérange-
ràt?» grommelait-il entre ses dents. Quelque pur que
nois soyons vis-à-vis MM. les juges consulaires, le
paiier maculé parle timbre nous fit peur. Nous nous
ruâttes dessus. C'était un protêt de notre rédacteur
en ctef : il nous sommait t d'avoir à lui envoyer im-
médiiement notre compte rendu du Client déjà
presqie réfractaire.

Non, nous étions dit: « Nous parlerons de cette
Muette i propos de la grande pièce en 3 actes qui va
paraître-iussitôt après le départ d'Arnal. » Mais le
journal l'entend pas de cette oreille ; il faut donc
vous parer de la chose.

M. Aleis Gaillard est notaire ; il traite fort leste-
ment le b au sexe, et dépositaire qu'il est des secrets
les plus irtimes il en abuse pour se livrer aux plai-
santeries ts moins séantes. 11 faut qu'il reçoive une
leçon dan&l'intérêt de l'ordre et de la morale publi-
que. Il y alu Vaudeville un homme qui s'entend très
bien en cesmatières : c'est le gros Bardou. line mâ-
che à persane la vérité, il vous traite notre notaire
de telle sort qu'il le force à répéter publiquement ses
erreurs.—L Gaillard jure, pas trop tard heureuse-
ment pour M, qu'au lieu d'aller chasser sur les ter-
res des autre, il restera au logis à palper des dos-
siers dont il conservera pour lui seul les secrets.

Comment Jardou s'y prend-il pour mâtef ainsi son
Gaillard? Si/ou3 voulez le savoir, allez le lui deman-
der ; il vous Montera cela entre sept et huit heures
du soir. Vas le trouverez avec Félix et Mme Thé-
nard, enfin «i bon ne compagnie.

Mais c'est à bag.atelle pour le théâtre de la Bourse.
Dans quelqtfs jour, S, c'est-à-dire jeudi ou samedi de
la semaine /rochah le, Un Mystère, vaudeville en 3
actes de M. de Con iberousse, pour M. Félix et MUe
Atala Beauhêne ; pi lis viendront après un petit acte,
Rosetta, pur M. De lvil, et enfin le Diable à Paris de
M. Clairvlle, vaude1 fille en 3 actes et 6 tableaux,
pour Mm Doche et lFélix. Vous voyez qu'on travaille
à la pla;e de la Bourse, et on a bien raison, car, la
chalet et le Juif e/«mt aidant,'Paris n'est plus te-
nable.

Vjîcî les principales séries de dessins que le C/iot*
rivai est en meemre de publier dans le courant du
présent trimestre :

Les Riens tekrïbles ... par gavarm.
Marionnettes des Salons . . . Idem.

Affiches illustrées..... Idem.

Les Philanthropes »u jour . . • daumier.
Les Etrangi'RS Âi Paris [suite et fin) Idem.
Les Bas-m,eus (d me planches restent

à paraîtrej ....... Idem.

Les Troupier -n Afrique . . . b.roubaud
Les Débiteur; r ies Créanciers bouchot.
L'Opéra au xi iècle [suite et fin). bèAumont.
Croquis oroteï tes.....cham.

« ^JWLLON.

Cette année, ) comptes du budget ne tienneiiî
pas moins de dev v «mes de papier. M. Lacave a
beau employer d^ mes, il n'en mène pas mieux
son bateau. ;

— Robert P d'exalter en plein parlement

la prétend*1 M- de l'empire de Maroc à remplir
ses en En fait de loyauté internationale, le

gouv.-i'i -nt anglais ne peut pas être, en effet, très
exigeant.

Jf Le gouvernement anglais, cet éternel violateur
de là foi jurée, donne à l'empire de Maroc un certi-
(La suite à la ¥ page.)

UNIVERSITXTS

BIBLIOTHEK
HBlDfiLBERO
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen