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Le charivari — 13.1844

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Octobre (No. 274-304)
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MB CMABIVAB1.

Paris et la campagne, et d'offrir à MM. les experts
une vaisselle judiciaire qui ne fût pas susceptible
d'être utilisée hors de l'enceinte des cours d'assises.

Ainsi, par exemple, on pourrait orner de di-
vers emblèmes spéciaux les articles de batterie de
cuisine qui sont devenus nécessaires par la procédu-
re criminelle qui court.

L'entreprise serait tenue de fournir, par chaque
procès arsenical :

Une demi-douzaine d'assiettes creuses, encadrées
de filets noirs ;

Une douzaine et demie d'assiettes à dessert, déco-
rées de peintures funéraires ;

Deux casseroles et une bouillotte à l'effigie de M.
Orfda ;

Un boisseau de braise de cyprès ;

Quatre cotrets de saules pleureurs ;

Un fourneau orné de sculptures emblématiques ;

Une lèchefrite et une poêle garanties neuves, et
destinées à ne recevoir jamais que des cœurs et des
foies humains ;

Un étouffoir en forme d'urne antique, pour re-
cueillir et empêcher la braise humaine de s'évapo-
rer;

Et en général tous les ustensiles employés jour-
nellement par la justice pour venger les mânes des
empoisonnés.

Les experts pourraient, à leur choix, commander
un service de première, deuxième ou troisième clas-
se, selon qu'ils désireraient être servis en porcelaine,
en faïence ou en terre de pipe.

L'administration n'emballerait pas les têtes dans
des caisses ayant servi à mille autres usages, et sur
lesquelles on lirait encore le mot fragile.

Un tonnelier spécial serait attaché à chaque servi-
ce d'exhumation pour recueillir dans des fioles de
verre noir les organes passés à l'état de liquide.

En un mot, on se chargerait de pourvoir à tout
le matériel culinaire et de chauffage imposé aujour-
d'hui à la justice par les membres de la médecine lé-

ile.

Dans un siècle où tous les malheureux empoison-
is ont le chagrin de mourir avec la certitude qu'on
fera cuire leur personne jusqu'à ce qu'elle puisse te-
nir dans une soucoupe, il est infiniment probable
qu'une pareille entreprise ne pourrait manquer de
voir ses actions cotées au palais de justice avec beau-
coup de succès.

A moins qu'un jour ne vienne où la justice re-
connaisse qu'elle venge singulièrement les morts en
leur faisant subir des manipulations de ce genre, et
en les livrant à des experts-médecins qui, au re-
bours des autres, ne devraient jamais se regarder
sans pleurer.

Pas n'est besoin de vous apprendre que ce délire
dynastique fait oublier la charte aux deux journaux:
son esprit aussi bien que sa lettre. Elles appellent
Louis-Philippe roi de France ; pourquoi ne pas ajou-
ter et de Navarre? pourquoi ne pas le désigner par
le nom de Philippe VII ?

Déjà, ces jours passés, on nous y a préparés par
une démonstration toute monarchique. Elle consis-
terait à établir que le roi citoyen de 1830 est roi
légitime en 1844.Le mot légitime était écrit en toutes
lettres. « On peut, quoique héritier, ne pas hériter;
» mais on peut être légitime par la manière dont on
» succède. » Il est heureux pour le comte de Paris de
ne pas savoir lire, trop jeune encore qu'il est : il gé-
mirait, avec raison, de voir certaines feuilles faire si
bon marché de l'hérédité.

Maintenant, si, après avoir ouï ces merveilleuses
choses, vous désirez connaître comment méritent
d'être jugés ces journaux, la Presse vous l'appren-
dra. Seulement nous appliquerons à tous ce qu'elle
n'applique qu'au Journal des Débats : « Trahir en
» toute occasion les intérêts du pays, est-ce donc là
» ce qu'on appelle servir le pouvoir ? »

ESPRIT DES FEUILLES MINISTÉRIELLES,

Il y a, comme on sait,
divers genres d'esprit ; on
dit même l'esprit des sots.
Qu'on ne s'étonne donc
point de nous entendre par-
ler de l'esprit des feuilles
ministérielles.

Il est, à cette heure, des
plus curieux. D'abord cet
s esprit a cessé d'être en F ran-
gée, à supposer qu'il ait ja-
Smais été Français.
11 est en Angleterre; la Presse et le Journal des
Débats s'en donnent à pleine joie.

Les Débats s'écrient, à bord du Gomer : « Le ciel
» est beau comme une fête ; et, en effet, nous trou-
ai vons partout des fêtes. »Ce mi donne à penser que,
pour voir passer la flottille, tes poissons se sont mis
aux fenêtres.

La Presse, non moins poétique, embouchant, de
son côté, la trompette marine,qui faisait pâmer d'ai-
se M. Turcaret, sonne cette fanfare : « La plage du
» Tréport est à jamais historique ! Elle est marquée
» dans le sable du pied de la reine Victoria et du
» pied de Louis-Philippe. » Si c'est là de l'histoire, '
il faudra Ja faire écrire par un cordonnier, v

UNEl ANTIGHAMBRE5D'BTAT.

Les An-
glais ont ju-
ré de nous
faire perdre
la tête. Leurs
journaux
procèdent
par énigmes,
les premiers-
Londres sont
des chara-
des,les entre-
filets ont
tout à fait le
style des lo-
gogriphes,
Quand vous
vous vou-
drez un rébus, prenez le Times et vous en aurez trois.

il ne s'agit plus d'apprendre l'anglais pour lire
les journaux britanniques,ilfaut étudier les mystères
du langage symbolique! Champollion-Figeac pour-
rait être un bon traducteur.

0 Dantan , pends-toi ! les Anglais font des rébus
sans crayon, et tu ne les devines pas. !

Ce rébus, nous l'avons écrit en tête de notre arti-
cle : il s'appelle une antichambre d'État.

Il gisait au milieu d'une tartine qu'un écrivain du
Morning-Post avait semée de fleurs de rhétorique.
Tout à coup,au détour d'une phrase parfumée, à l'an-
gle d'un adjectif flatteur, non loin d'un compliment
ambré, entre une comparaison mythologique et une
antithèse galante, à la queue d'une épithète de cour,
le rébus se dressait. L'œil du lecteur étonné s'arrê-
tait soudain, son esprit sef cabrait, et le journal tom-
bait sur ses genoux.

Voilà pourtant où devait aboutir la plus superbe
dissertation mobilière qui soit sortie d'une plume
ministérielle, le plus magnifique discours de tap^-
sier que prosateur anglais ait jamais inventé, du-
rant une heure on s'était promené au milieu -*e bos-
quets de canapés,dans un dédale defauteu"^ au tra-
vers de labyrinthes de sofas. Le souy -ir s'égarait
dans des quinconces de lavabos, parir des charmil-
les de commodes ; ce n'était partout i^e boulingrins
de lits, parterres de causeuses, par$ de consoles ; on
ne voyait qu'horizons de rideaux, abîmes de tentu-
res, massifs de tapis. Puis, tarais qu'on suivait ce
paysage de meubles royaux, v>Uà que le rébus vous
arrêtait court comme un fos^-

Une fois entré dans l'antir tambre, on n'allait pas
plus loin.

L'antichambre d'État l » mot remplit la bouche
en même temps qu'il étf ne l'esprit. C'est à la fois
drolatique et majestueux» Ça tient de la boutique et
■ du:palais, du valet de chMbre et du roi.

il n'y a que les Anglais au monde pour inventer

de ces choses-là; la vanité française doit le reconnaî-
tre tout haut.

Déjà nous devions à ce peuple charmant les fan-
teuils d'État et les cochers d'État : deux mystères !
Maintenant nous lui devons l'antichambre d'État""
un secret !

La première question qui se présente à l'esprit
quand on se trouve face à face avec ce rébus politi-
que est celle-ci : A quoi peut servir une antichamW
d'État ? m

Très certainemant elle ne saurait servir aux con-
seils de cabinet ; le mot seul de cabinet indique assez
dans quel lieu se tiennent ces conseils.

On ne saurait, y loger des laquais, des écuyers
des majordomes et autres grooms, puisque cette an-
tichambre est officielle et qu'elle jouit d'une épithè-
te considérable dans,la hiérarchie des adjectifs.

Quant à y mettre des ministres, il n'y faut point
songer; les ministres ne restent pas dans l'anticham-
bre, bien que... Mais ne parlons pas politique à pro-
pos d'appartemens.

Nous avons bien en France le char de l'État et mê-
me le vaisseau de l'État ; mais ces ustensiles terres-
tres ët aquatiques n'ont jamais eu qu'une existence
méthaphorique. Qui peut se flatter de les avoir ja-
mais rencontrés ailleurs que dans les premiers-Pa-
ris?

Si les Anglais considèrent l'antichambre d'État
sous ce point de vue, nous devons la considérer,
nous, comme le vestibule des questions, le corridor
des protocoles, la salle des pas-perdus des mémoran-
dums. Il n'y a que des architectes pour deviner ces
métaphores-là.

- Nous n'espérons plus que dans le retour des voya-
geurs ministériels qui sont allés s'incliner devant les
merveilles de Windsor. Eux peut-être nous explique-
ront les étranges mystères qui se cachent sous le
nom d'antichambre d'État, espèce d'appartement qui
manque tout à fait aux Tuileries..

Nous avons naturalisé en France le bifteck, le
plumpudding, le thé, le sandwich, le turf, le stud-
booek, le tweed ; on peut y naturaliser encore l'anti-
chambre d'État.

Si du moins elle pouvait servir à mettre l'entente
cordiale à la porte !

Théâtre du Vaudeville.

Follette, vaudev. en 1 acte, par M. de Saint-Albin.

M. de Saint-Vallier, oncle modèle de la ville de Li-
moux, est nanti de deux nièces. Louise, l'aînée des
demoiselles limousines,a épousé la fleur des pois de la
ville, M. Capédious ; ce mariage n'a pas été des plu<;
heureux, de sorte que, dans le but de marier Sophie,
sa seconde nièce, M. de Saint-Vallier, pour se pro-
curer un époux parisien, a cru devoir faire battre un
ban dans la capitale par l'intermédiaire de M. Do
foy, négociateur de la chose. ^Un jeune homme
à œil bleu, gants i»-aies et moustache blonde, a re-
pondu à l'ab oi. M. de Biéville a paru audoma;-.
ne de Sai^-Vallier. — Un Parisien ne peut se pré-
senter ^omrne le premier venu ; aussi, voulant se
maridr, notre particulier a-t-il cru qu'il était de son
devoir de faire une protestation en règle contre je
conjungo. Une femme doit être bête, ignorante; eN°
ne doit savoir que deux choses, commander un dî-
ner et raccommoder des bas. Sophie a entendu 1 ul-
timatum conjugal de son prétendu, et,en fille d'espn
qu'elle est, elle a compris qu'un Parisien deW
changer facilement d'avis. Pour amener ce résulta i
elle se fabrique de son autorité privée une sœur wi
te, et elle-même se charge immédiatement de
ploi. Après un quart d'heure de conversation avec '
susdite, M. de Biéville demande la diligence ou So-
phie ; on lui sert Sophie, et tout est dit. _
Ce vaudeville, d'une naïveté quelque peu Pa9tol£
le, n'a été fait sans cloute que pour servir aux
buts deM1Ic Maria Brassine. Cette jeune et jolie P .
sonne, malgré une vive émotion et beaucoup d in •^
périence, s'est montrée charmante dans les
rôles dont elle était chargée; nous ne doutons p
qu'avec du travail MUe Maria Brassine ne deV1%
une des perles les plus précieuses de l'écrin
Ancelot.
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