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Le charivari — 13.1844

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Octobre (No. 274-304)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17365#1145
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din non prévu par le code qu'un honnête hom
tant soit peu en désaccord avec certains articles
certaines lois spéciales. M. Félix Pyat, qui a déma:
qué M. Jules Janin, fait un mois de prison ; un loup-
cervier qui détrousse à la Bourse a voiture, et cette
voiture le conduit à la croix d'honneur et à la dépu-
tation.

• Je ne sais, monsieur le rédacteur, quelle est votre
opinion sur M. le préfet de police ; mais moi qui le
connais, je le tiens pour un homme droit et bien in-
tentionné, qu'il suffit d'édifier sur un abus pour faire
naître en lui la ferme volonté de le réprimer. Voilà
pourquoi je vous prie d'insérer cette lettre pour le
saisir en même temps que le public, et mettre en gar-
de contre le fait coupable que je dénonce les deux
grandes forces préventives de notre temps: la police
officielle et la police de l'opinion.

Les magasins de nouveautés de Paris, et je ne fais
ici que des exceptions individuelles qui ne portent
même pas toujours sur les plus considérables, ont
pris la fâcheuse habitude d'afficher à leurs étalages
des prix menteurs. En passant dans la rue, vous
voyez à une devanture : « Mérinos laine, 2 fr. 50 c.
le mètre. — Calicot, 40 c. le mètre. » Le mérinos
vous paraît de qualité fort belle, et le calicot très bon
eu égard au prix, et vous entrez. On déploie devant
vous du mérinos et du calicot d'une qualité inférieu-
re. Si vous n'êtes pas connaisseur, vous achetez, et
vous êtes lésés par le fait d'une promesse frauduleu-
se. Si vous connaissez la marchandise, vous refusez
naturellement l'étoffe offerte, et vous demandez celle
qui est cotée à l'étalage. On n'a garde de vous la
donner... « Nous ne voulons pas déranger notre de-
vanture, vous dit l'un;—la cote,avance l'autre,nes'ap-
plique qu'à la pièce à laquelle elle est attachée et pas
du tout à la pile qui surmonte cette pièce. » Pour en
finir, vous demandez la pièce, et alors arrivent de
nouvelles objections. Bref, vous ne parvenez jamais
à vous faire délivrer au prix indiqué l'étoffe
qui porte cette indication. G'est que, pour amorcer
le public, on met la cote 2 fr..50 c. sur du mérinos
qui vaut 4 fr., et la cote 40 c. sur ,du, calicot qui
vaut au moins 1 fr. 50 c.

Cette pratique de mauvaise foi donne lieu journel-
lement, dans nos grands magasins, aux scènes les
plus scandaleuses. Nous pourrions citer deux de ces
magasins où, cette semaine, des amateurs ayant in-
sisté pour se faire délivrer certaines étoffes aux prix
cotés, ont été, après de vives discussions, mis vio-
lemment à la porte. Du reste, si je suis bien informé,
un procès est engagé par l'une des victimes, et la
justice, à part la circonstance des voies de fait, aura
bientôt à décider en droit si un commerçant peut re-
fuser de vendre au prix qu'il propose lui-même, et
s'il n'y a pas transaction parfaite lorsque le cha-
land fait offre du prix coté. Poser ainsi la question,
c'est la résoudre : la solution contraire serait une
prime donnée à la mauvaise foi ; or avec la mauvai-
se foi il n'y a plus de commerce.

Mais ce n'est pas assez qu'une décision en droit.
Ce fait si dommageable aux commerçans loyaux, qui
ont l'air d'exiger des prix exorbitans lorsqu'ils font
payer à leur véritable valeur des articles que d'indi-
gnes concurrens affichent (mais sans les livrer) à
75 OpO de perte, — si préjudiciable aussi au public,
qui, alléché par le mensonge, se fait tromper en rece-
vant des qualités inférieures, ou éconduire plus ou
moins poliment s'il persiste à réclamer l'étoffe de
montre; — ce fait, dis-je, appelle l'intervention sé-
rieuse de l'autorité. C'est une fraude, et il ne fau-
drait pas trop forcer l'interprétation de la loi pour
y trouver tous les caractères de l'escroquerie.

Le moyen de répression est tout simple. M. le pré-
fet de police n'a qu'à faire surveiller par - des agens
les principaux magasins, et lorsqu'un chaland qui,
après avoir vérifié les cotes de l'étalage, réclamera
la livraison moyennant paiement comptant, se verra I dans la cavalerie

eter toutes les marchandises qu'ils
s aux étalages à des prix menson-
*e refus, ils feront offres réelles du
^l^xTWînij^yét la justice décidera.
<j^aiB3i là police prête son aide, il n'y aura même
pas besoin d'un jugement. Tous les magasins renon-
ceront à cette coupable habitude, du moment qu'ils
seront bien convaincus de cette vérité incontestable,
évidente, que tout objet mis en vente, avec indica-
tion de prix, appartient au premier venu qui, offrant
ce prix, réclame livraison de l'objet.

Alors aura disparu une des plaies les plus honteu-
ses du commerce, qui, de cet abus, souffre autant
dans ses intérêts loyaux et probes, que dans sa con-
sidération et son honneur.
Agréez, etc.

A JOYAU, JOYAUX ET DEMI.

i y avait un homme qui s'ha-
billait quelquefois comme le
soleil. On ne pouvait pas alors
le regarder en face ; un aigle
seul aurait eu le privilège de
le contempler sans être ébloui.
Mais au temps où nous payons
il y a si peu d'aigles parmi les
hommes I
La gloire de ce monsieur
rayonnait comme un astre. Quand il apparaissait en
grand costume pour les galas de cour, on le prenait
pour un jeune couvert de vermeil. Il éclairait les
bals : sa présence valait mille bougies.
Ce monsieur était le prince Esterhazy.
L'Autriche était fière de lui avoir donné le jour et
son habit. L'habit surtout est une des merveilles du
pays ; on en parle comme d'un prodige. Ce sont les
ruines de Golconde taillées en frac, }es mines du Po-
tosi coupées en gilet, le Pérou mis en pantalon. Quand
l'Autriche veut donner à un empire une éblouissante
; idée de sa puissance, elle expédie M. Esterhazy et son
habit, l'un portant l'autre, à cet empire, et l'empire
pëst fasciné.

L'Espagne a la Havane, l'Angleterre les Indes, la
France son budget, les États-Unis ont les forêts vier-
ges ; l'Autriche a l'habit de M. Esterhazy.,

Donnez à M. de Rothschild une manche de cet ha-
bit, et il vous prêtera pas mal de millions.

Depuis longtemps la perfide Albion voyait avec ja-
lousie cet amas de bijoux, ce monceau de perles, cet-
te confusion de pierreries déguisés en habit. Elle n'a-
vait, dans sa garde-robe princière, rien à opposer à
ce costume. C'était humiliant.

L'orgueil britannique a trouvé enfin son vengeur.
Le marquis de Westminster vient de se lever du mi-
lieu des pairs, et désormais le frac autrichienne sera
plus sans rival sur la surface de la terre.

Le prince Esterhazy s'était habillé en soleil ; le
marquis de Westminster s'est costumé en météore.
C'est un éclair condensé. C'est du feu fait homme,
un rayon en courtisan.

Le marquis de Westminster a voulu entourer cette
concurrence d'un éclat inaccoutumé. Pour mieux
vexer l'habit autrichien, il a saisi l'occasion de l'in-
vestiture de la jarretière, exhibition de vieux oripeaux
de cour où il était permis aux pairs des trois royau-
mes de se vêtir comme en carnaval.

On dit qu'à son approche la reine a porté la main
à ses yeux augustes. Elle s'est fait un abat-jour de
son éventail. Un membre du royal collège de Cam-
bridge a cru voir une aurore boréale ; il allait faire
un rapport là-dessus, quand, cette aurore ayant sa-
lué, il a reconnu un homme.

Le costume du prince Esterhazy est un uniforme
de hussard; le costume du marquis de Westminster
est un habit de chevalier. Les deux costumes sont

refuser, l'agent, faisant connaître sa qualité, inter-
viendra; il insistera pour le respect des bons usages
et de la loi, et, s'il y a résistance, il dressera procès-
verbal. Ce procédé sera très facilement appliqué, car
plusieurs négocians honorables viennent de s'asso-
cier dans le but de faire cesser cette condamnable
manœuvre : ils ont réuni des capitaux, et se propo-

Les bas seuls du costume du marquis lui ont coû-
té deux fermes et un château.

Le prince Esterhazy avait fait des perles fines la
base de son uniforme; le marquis de Westminster a
pris le diamant pour point de départ.

S'il n'était pas une comète, le marquis serait un | ^^i^-v*^"--^ -

écrin- {La suite à la ¥fW

On chercherait vainement un diamant dans toutes
les boutiques de joailliers de Londres : le marquis a
tout cousu sur son corps.

Le soleil s'était mis ce jour-là un bonnet de nuit
de brouillard ; mais, grâce à l'habit du marquis on
voyait dans la chapelle comme en plein midi.' Le
marquis était le midi lui-même.

Le correspondant du Charivari nous a envoyé la
description de ce costume. La peinture n'a pas ([e
procédés pour en rendre la couleur.

La toque est en émeraude brochée, avec un
d'améthyste. -Le panache est en argent filé.

Le manteau, qui s'agrafe sur l'épaule avec une
grosse perle, est en tissu de rubis tout uni ; la fran.
ge est en grenats tordus.

Le justaucorps est de topazes épinglées arec des
ornemens de perles. La finesse du travail l'emporte
encore sur la magnificence delà matière.

Les culottes sont en trame d'onyx et de turquoi-
ses jaspées de Chalcédoine. Elles valent au moins un
comté.

Les jarretières sont un collier de perles cousines
germaines de celles que but Cléopâtre.

Les guipures sont or moulu.

Les souliers sont taillés clans une grosse agate:
ils ont pour rubans un nœud de rubis.

Tous les boutons, toutes les boules, toutes les agra-
fes, le ceinturon, les crachats, les colliers sont pré-
parés en diamans. La poignée même [de l'épéeest
faite d'un seul énorme brillant, cent fois gros com-
me le régent, dont nous sommes si fiers, nous autres
Français ! Quant à la lame, elle est en platine incrus-
té.

La valeur du costume s'élève à plusieurs chiffres
suivis d'une foule de zéros. Je n'ose pas en compter
le nombre.

M. Charles Dupin est parti pour en faire le calcul.
Ceci est traduit des journaux anglais. Honni soil
qui mal y pense.

THÉÂTRES.

Théâtre de l'Opéra-Comiqiif..-- Le Mousquetaire,
opéra-comique en un acte, paroles de MM. Dartois
frères, musique de M. Georges Bousquet.

Le prix de Ptome est la bête noire de l'Opéra-Comi-
que, qui, forcé de jouer les œuvres, des jeunes compo-
siteurs auxquels le gouvernement a paru prendre in-
térêt, ne se prête à cette clause qu'avec la bonne grâ-
ce qu'on met à remplir un devoir. Le prix de Rome,
au bout de dix années d'importunité, arrache quel-
quefois un libretto; mais au lieu d'être l'œuvre d'au-
teurs habitués à ce genre difficile, c'est presque tou-
jours un vaudeville, bon peut-être, et même dau-
teurs habiles, mais qui n'ayant pas la longue expé-
rience de la spécialité, écrivent une pièce sans les
conditions que le compositeur a droit d'exiger. C'est
l'histoire de M. Bousquet et celle de bien d'autres.

M. Warek, conseiller, a écrit des lettres d'amour
sous le nom d'un marquis d'Arbel, sauvé autrefois
par MHe Lannois et'par sa nièce Cécile; il arrange
mariage dont il compte profiter pour lui-même,
futur attendu ne se présentant pas, M. Warek esp«
que la crainte d'un scandale le fera accepter P01
mari. Mais le véritable d'Arbel arrive justement pou
déconcerter ces projets. Il apprend la machina»?»
voit Cécile, et en est épris. Le mousquetaire, se
son droit de mousquetaire, triomphe, et son ri !
bafoué, n'a pas même la consolation d'épouseï ^
tante: elle échoit à un certain échevin, ami de
maison. , ai.

Nous le répétons : il y a peut-être là assez_ ae %
té et d'entrain pour un vaudeville, une comédie ^
me, mais pas assez de situations musicales pour
opéra-comique. f 0

M. Bousquet est un jeune musicien de talent, .
réat du Conservatoire, et qui a fait jouer dern'c|
ment un ouvrage distingué à cette excellente -
{VHôtesse de Lyon). Son instrumentation est ^
gnée ; ses mélodies, sans être bien déterminées -,(
core, ont quelque chose de brillant et de corre ;

Riez h
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