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Le charivari — 15.1846

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Octobre (No. 274-294)
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LE CMA.KIVAIM.

entre un flacon de l'eau du pays et une plante qui
lui sembla devoir remplacer fort avantageusement la
giroflée dans le pot de sabien-aimée.

Il finit pourtant par se décider pour la plante, et
comme il la rapportait du Portugal, il la baptisa tout
naturellement du nom d'herbe à la reine.

Je ne sais quel vieux portier du temps eut un jour
l'idée au moins singulière de broyer dans la paume
de sa main une feuille desséchée de ladite plante,
puis de fourrer ce détritus dans ses narines.

Toujours est-il qu'il se procura ce divertissement,
et aussitôt il éternua d'une telle façon que tous les
autres portiers de la rue se mirent à crier : « Dieu
vous bénisse 1 »

Ceux de la rue voisine s'enquirent de la cause de
ce tapage, et l'alarme gagnant de proche en proche,
ou si vous aimez mieux, de porche en porche, tout
Paris fut en révolution par suite de cet éternuement
infiniment trop prolongé.

A partir de ce jour, Jean Nicot et sa plante furent
à la mode.

Tous les Parisiens qui s'ennuyaient venaient de-
mander au voyageur une feuille de l'herbe à la reine
afin de se procurer le même divertissement que le
portier en question.

Comme à la longue on s'ennuie de tout, même
d'éternuer, certains Parisiens, encore plus ingénieux
que leurs confrères, eurent la fantaisie de mettre le
feu à ces feuilles desséchées, puis d'aspirer l'affreuse
fumée qui s'en échappait.

Ceux-là n'éternuèrent plus ; ils eurent d'effroya-
bles maux de cœur. Ça varia leurs jouissances.

D'autres enfin, n'étant pas encore complètement
satisfaits, se mirent à mâcher l'herbe à la reine.

Ce dernier divertissement n'a jamais été surpassé.

Bref, en peu de temps l'herbe à la reine devint
d'un usage aussi universel que malpropre, et fumeurs,
priseurs et mâcheurs s'empressèrent de donner à
cette plante le nom de nicotiane.

Ce qui fait que depuis ce temps on ne l'appelle
plus en France que tabac.

Il est probable que le sculpteur chargé de repré-
senter le grand Nicot nous l'offrira dans la pose d'un
homme qui lève la tête vers le ciel en entrouvant à
moitié les lèvres.

Ce qui lui donnera à la fois l'apparence d'un hom-
me inspiré et d'un personnage qui s'apprête à éter-
nuer.

Les poètes et les priseurs seront ainsi également
satisfaits.

La presse an-
glaise nous raconte
une anecdote assez
drôlatique.

Un cabaretier
venait, à la nuit
close et pour une
commission quel-
conque, de quitter
sa moitié chérie...
Quand je dis sa moitié, c'est une façon de parler,
carie journal affirme quelle pèse cent kilogrammes.
Ainsi c'est bien plutôt son double que sa moitié.

Dès qu'il fut sorti, un membre du parlement, bien
vu de la dame, entra au cabaret : mais au moment
où il allait entamer une conversation criminelle, un
coup de marteau se fit entendre... L'épouse crimi-
nelle poussa un cri et s'évanouit.

Le Roméo voulut soutenir sa Juliette ; mais il n'é-
tait pas assez fort, et ce fut lui, au contraire, qui, re-
foulé par le poids du puissant objet de sa flamme, fut
appliqué dans un angle du cabaret. Voyez-vous le
tableau ! le bien aimé étouffant, soufflant, mais ne

pouvant bouger, et la belle, sans connaissance, le
maintenant dans le recoin de toute la pesanteur de
son corps.

Le mari eut tout le temps de rentrer, et surprit l'a-
mant saisi dans ce piège de nouvelle espèce.

Et cela a coûté au malheureux membre du parle-
ment cinq cents livres sterling de dommages-intérêts :
il trouve que c'est cher et dit que, dans cette bonne
fortune, il était destiné à être pressuré de toutes les
façons.

Ce que c'est pourtant que le hasard! Si Clarisse
Harlowe eût pesé cent kilogrammes, Lovelace n'eût
point fait son malheur. Nous y aurions perdu la
magnilique création de Rose Chéri, mais nous y
aurions gagné de n'avoir point le livre de M. Jules
Janin.

)-^a nouvelle découverte du docteur Schoen-
ibein nécessitera quelques modifications dans
|le dictionnaire de la langue française.
Plusieurs adages et locutions devront être rempla-
cés; entre autres ceux-ci : It n'a pas inventé la pou-
dre,™-jeter de la poudre aux yeux, — vif comme
la poudre, etc.

11 faudra dire désormais : Il n'a pas inventé le
coton , — jeter de la cotonnade aux yeux, — vif
comme le coton, etc.

LES GRILLONS DE LA POESIE

ET

LA POÉSIE DES GRILLONS.

On ne sait pas quels servi-
ces les grillons ont rendus aux
aux poètes, pour que ceux-ci
leur fassent tant de réclames.
Ouvrez le premier volume
quelconque de vers, vous y
trouverez un grillon; ainsi
il paraît à peu près deux ou trois mille volumes de
poésie par an, total cinq ou six mille réclames pour
cet insecte.

Le premier grillon connu date de Shakespeare. Il
joue un grand rôle dans le Songe d'une nuit d'été.
Après Shakespeare, le grillon resta très longtemps
dans l'obscurité. Il fut remis en lumière par les Al-
lemands, chez qui il obtint un succès frénétique.

Tous les faiseurs de lieder, les balladiers, les
chanteurs de complaintes, qui sont les canards de
l'Allemagne, élevèrent un trône aux grillons. Sa vo-
gue fut tellement grande qu'il renversa l'harmonica
de son piédestal.

Ces Allemands sont si blonds qu'on ne les croirait
pas ingrats, et cependant ils sont encore plus ingrats
que blonds. Après avoir fait des bassesses auprès de
l'harmonica, après l'avoir encensé, idolé, idolâtré,
ils le laissèrent dans un coin, ce malheureux instru-
ment, triste, pâle et insonore !

Théophile Gautier, — cette grande chevelure
rayonnante, a dit un Allemand,—jugeant que le mo-
ment était venu, s'empara à son tour du grillon et le
mit à toutes sauces. Le grillon fit désormais partie
des accessoires de la fantaisie. Alors fut inventée
cette plaisanterie immense, intitulée :

LE CHANT DU GRILLON.
Le grillon entama des duos sans nombre avec la
cafetière : il tenait l'emploi àebassocantabile, basse
chantante, et la cafetière chantait les prima donna.
Les romantiques chevelus juraient leurs grands dieux
que c'était la musique la plus supercoquentieuse de
la terre, que le grillon était à mille coudées au-des-
susdeRubin' ' ' ' ' - '

La vérité nous force à donner un duo de ces deux
illustres chanteurs que nous avons copié d'après na-
ture.

La cafetière.—Glou, glou.
Le grillon—Krrrr, krrrr.
La cafetière, s'échauffant par degrés. — Glou
glou, glou, glou.

Le grillon, répondant.— Krrrr, krrrr, krrrr, krrr.

La cafetière et le grillon, ensemble. — Glou
krrrr, glou, krrrr, glou, krrrr, glou. »

Et ainsi de suite, pendant des heures, avec autant
d'acharnement. Le plus comique, c'est que les jeunes
poètes qui fourrent di grillon partout, ne le connais,
sent pas et ne l'ont jamais entrevu.

L'un d'eux se promenait aux bois avec un ami.

« Entends-tu le chant du grillon, dit Vami prosaï-
que,

— Ça ? allons donc, c'est très ennuyeux! Impos-
sible. »

L'ami cherche et rapporte la petite bête.
« Fi ! que cela est laid, dit le poète ; tu te moques
de moi.

— Je ne me moque pas ; c'est un grillon pur sang,

— Bah ! tu te trompes. J'en ai dans ma cheminée,
des grillons. Ils sont petits, gracieux, vert-émeraude
et reluisent au soleil.

— Tules as vus?

— Non; mais j'en ai beaucoup parlé....

— Alors, dit l'ami, il y a deux espèces de grillons
le grillon des poètes et le grillon des naturalistes

Nous sommes forcés d'avouer que l'école romanti
que a usé le grillon qui s'en est allé, comme Gros
Jean, d'où il était venu. Il s'est embarqué pou
l'Angleterre, et Charles Dickens lui a donné l'hosp
talité.

Espérons que nous en serons débarrassés à fn
jamais, aussi bien que d'une autre fantaisie despt
tes latins qui ont parlé avec tant d'acharnement i
doux chant de la cigale.

CAJULLONï

On prétend que la reine Christine ne viendra pas
en France. Est-ce qu'on ne veut pas la laisser sor
tir d'Espagne ?

— La Quotidienne annonce qtf une société vien
de se constituer au capital de plusieurs millions pou
garnir d'espaliers le mur d'enceinte de Paris. Nous
avons prédit que les fortications finiraient par porter
leurs fruits.

— Un accident est arrivé à la voiture qui traîne
le duc de Montpensier vers Madrid. Serait-ce la
preuve que ce jeune prince s'est engagé dans une
mauvaise voie ?

— Le duc de Montpensier a failli verser en
à la noce. Pourvu que ce ne soit pas un symptôi»
d'accidens après le mariage.

CHRONIQUE.

On ne peut pas penser à Deburau, sans penser à
M. Janin. Ce sont deux altistes de même farine. Avec
cette différence pourtant que Deburau n'exerçait
que de six heures du soir à minuit, et que M. Janin
exerce du matin au soir.

Charles Nodier avait fait la réputation de Deburau;
l'amitié d'un grand homme est un bienfait de*
dieux. M. Janin l'a tuée ; les amitiés se suivent et ne|
se ressemblent pas. . .]

Quelle gloire peut résister à l'éloge de M. Janin j
Un volume de louanges! Le pauvre pierrot est reste
sur le coup. 11 n'a jamais pu s'en relever.

Mais si l'écrivain des Débats a tué Deburau, un
rmmiiHipj! du boulevard l'a ressuscité

louse de la & {[La suite à la 4e
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