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Le charivari — 16.1847

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Février (No. 32-59)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17761#0130
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mais il faut avouer que leçons et argumentations ont
été peu attrayantes. Ausii tous ces juges écarlates,
moirés, étincelans de ctoixetde galons, manifes-
taient leur impatience et leur ennui. Les bàillemms
prolonges de quelques uus, contrastaient avec la
douée somnolence du plus grand nombre. On dort
au concours comme au palais... Y juge-t-on de
même?

Cela est tiiste à dire, mais avec les réglemens ac-
tuels, on ne saurait rendre une décision parfaite-
ment équitable. Deux motifs s'y opposent : 1° la for-
me du concours, 2° la création de juges adjoints
dociles à l'impulsion ministérielle et assez nombreux
pour annihiler l'action des juges indépendans.

S'il fallait une preuve, on la trouverait dans le rc-
su!t >t du dernier concours et dans les clameurs peu
laudatjjves qui ont accueilli l'une des nominations.
Clameurs dans le vide, s filets qui, par malheur,
n'empêchetent pas la pièce de continuer !

Parlons d'abord du premier abus, de la forme du
concours.

Comment, après soixante leçons prononcées sans
ordre et il des intervalles assez éloignés, les juges
peuvent-ils sainement apprécier le mérite réel et re-
latif de trente candidats qui ne tendent point au mê-
me but, qui ne désirent point la même chose, qui
concourent les uns pour une chaire, les autres pour
*ine suppléance? La comparaison entre les deux ca-
t&gor-u>S(ie candidats devient évidemment fort diffi-
cile : un immense imbroglio s'établit et le hasard où
la faveur décident. En semblable occurence, je n'bé-
siterais pas à préférer le jugement du hasard.

leren auopieront point ceue mesure. La coniuMuu uaus
les épreuves leur est imlispensable.EHe facilite la mise
en scène ou le jeu des juges adjoints, et le concours
' n'est plus dès-lois qu'un interminable mensonge.
Tant p s pour le talent modeste et vrai! Que diable
allait-il faire dans cette galère!

Cela nous conduit tout naturellement au second
abus, au/juges adjoints.

La création de ces juges est une heureuse idée;
elle sent son Machiavel d'une lieue. Les ministres
se sont dit : « Les chaires de jurisprudence sont des
postes courus, enviés et par conséquent de pu'ssans
moyens d'action, lisez corruption. Pourquoi n'en
disposerions-nous point à notre gré? Les professeurs
de la faculté, juges du droit des concours pourraient
y mettre obstacle ; à la vérité ils sacrifient peu à
l'entente cordiale, mais le jurisconsulte a l'esprit
mobile ; ils sont capables, malgré leur mutuelle ani-
mosite de s'unir au moment du vote. Il faut donc
amortir leur influence. Appelons à notre aide des
juges adjoints dévoués à antre fortuue, parce qu'ils
espèrent augmenter la leur. 11 suflira de choisir les
professeurs ambitieux des facultés de province, les
conseillers de la cour royale, amoureux de t'eclat et
du relief. Jusqu'à présent on s'était contenté de
nommer cinq juges adjoints. Nommoas-en dix et le
tour sera fait.»

Le ministère est si enchanté de ce raisonnement
et de ses effets qu'on annonce déjà un nouveau con-
cours pour trois chaires et une suppléance, il aura
lieu au mois d'avril. Donnons une larme au triste
sort des juges et deux larmes au moins au sort plus
triste encore des futurs candidats !

a Colonne et la Gazette viennent d'être
condamnées chacune à plusieurs mois de
prison et à plusieurs milliers de francs d'a-

mende, pour s'être permis une seule fois de toucher
au sermc7it, en théorie.

Voyez la différence de chances! les Séguier,les
Pasquier et autres qui ont tant usé et abusé du ser-
ment en pratique n'y ont gagné que des honneurs et
de magnifiques émolumens.

LES LOISIRS DE M. BUGEAUD.

A M. le rédacteur du Charivari.
Monsieur,

ou-CtoTTE, derviche, sa-
vant avec qui je joue sou-
vent aux dominos,me prête
sa plume pour vous donner
quelques renseignemens
sur les occupations de M.
Bugeaud.

Le vainqueur de l'Afrique, se trouvant aujourd'hui
dans la position de ces chevaliers errans qui, après
avoir subjugué tout l'univers, étaient forcés de croi-
ser les bras, emploie les loisirs dont il jouit à faire des
essais de colonisation et d'agriculture.

Vous allez croire qu'il se couche à l'ombre des
hêtres et qu'il joue des proclamations agrestes sur
son rustique chalumeau. 11 n'en est rien. Le fou-
gueux maréchal s'occupe à cette heure de naturali-
ser sous le ciel de l'Afrique le chou cabus.

La carotte y réussit fort bien et depuis longtemps,
comme vous savez ; mais le chou cabus, plus rebelle
aux efforts de la civilisation, avait refusé jusqu'à

;sent de prospérer loin de la France, d'autant plus

ipable en cela que ses frères le chou rouge et le

)u-fleur élaieut loîu mauiresler ta môme repu-

ince. Depuis la conquête ils s'arrondissent ici
comme des commissaires de guerre et des intendans
civils. Il est question de les dénoncer.

Le maréchal Bugeaud professe pour cette raison
quelque méfiance à l'égard du chou-cabus ; il le
soupçonne même de n'être pas sans ramification avec
les ennemis du gouvernment militaire. C'est donc
une épreuve qu'il veut tenter ; si le légume en ques-
tion s'obstine à végéter misérablement, cette protes-
tation muette contre l'autorité martiale sera comprise,
et il y aura dans toute l'Afrique un massacre de
choux-cabus à révolter les navets.

Voilà l'état de la question.

Autrefois M. Bugeaud s'occupait beaucoup de l'é-
ducation des vaches noires venues d'Excideuil ; il
allait les traire lui même matin et soir; quand il par-
tait pour une expédition, il confiait ses vaches noires
à l'honneur d'un soldat français. Mais à cette heure,
les vaches sont abandonnées pour le chou-cabus.
Ah! c'est humiliant pour les vaches noires, mais
aussi quel honneur four le chou !

Un de ces légumes a été semé, le mois dernier,dans
le jardin de l'hôtel lu Gouvernement. M. Bugeaud,
entouré de son état-major, a voulu en poser la pre-
mière graine, de sa propre main, en grande cérémo-
nie.

La première graine posée, le maréchal a placé un
factionnaire tout auprès, en lui promettant la croix
d'honneur s'il surveillait activement toutes les me-
nées du chou.

Huit jours après, la graine avait germé et un chou
gros comme un brin de persil commeaçaità poindre
à fleur de terre. Le factionnaire a crit à la garde ;
on est accouru et M. Bugeaud, transporté de joie, a
pressé le jeune légume sur son cœur, et lu", a adressé
une proclamation.

Maintenant le chou est déjà gros; sa poume se
dessine ; il promet un potage appétissant. Enoou-

vait-il être autrement pour un chou dont la graine
a été tenue sur les fonds baptismaux par la graine
d'épinards ?

Le jeune chou cabus est à l'ordre du jour dansl'ar
mée et dans la ville ; on en parle dans les réunions
dans les cafés, au théâtre. On s'aborde en se de'
mandant des nouvelles du chou. Les oisifs se disent
le matin : « Allons au jardin du Gouvernement cou.
templer le chou. » Un factionnaire le surveille tou-
jours. C'est généralement un grenadier qu'on p|at(
auprès de ce chou.

Telles sont les occupations actuelles du pacifica-
teur de l'Algérie. Soyez sûr qu'il chantera son chou,
comme il a chanté jadis ses vaches noires ; il com-
posera des poésies orientales en son honneur ; il lui
consacrera un chapitre dans ses commentaires. Cé-
sar en sera bien humilié !

J'ai dit et je vous quitte pour aller vaquer à m
cent de dominos avec mon derviche.

Agréez, etc. on grenadier,

qui a monté la garde autoti
chou-cabus.

Théâtre-Français.

Un coup de lansquenet, comédie en deux actes,
par M. Léon Laya

Cette comédie, dont il était question depuis long-
temps, avait été faite en trois actes. M Léon Laya,
homme de goût et d'expérience, fut le premier à re-
connaître aux répétitions que le sujet ne se prêtait
pas à cette dimension, et il réduisit son œuvre d'm
tiers. Il est vraisemblable que cette précaution n'a
pas été superflue, car son cadre, bien que rétréci,
est:à peine suffisamment rempli. Le premier acte
u'est qu'une exposition assez fougue et assez ïroide,
L'action ne commence qu'à la dernière scène. Il y a
plus de mouvement dans le second, et aussi plus de
gaîté, sauf quelques longueurs dans la scène entre lî
général et la marquise.

Le point de départ de cette comédie est le même
que celui de Oui et non, sans que le soupçon d'imi-
tation puisse peser sur M. Léon Laya, car la lecture
de son œuvre a précédé la représentation du vaude-
ville de M. J. Arago.

Edgard, jeune sportman fort endetté, est somme
par son,;oncle d'opter entre la main d'une riche M
ritière et un séjour forcé à la maison de ClicM
L'héritière est jeune, jolie et spirituelle. Le jeu«
homme, qui ne la connaît pas, l'épouserait les yen»
fermés sur la foi de ce portrait, s'il n'était épris dei»
marquise de Puzy. Cette marquise est mariée; mai-'
à défaut de sa main elle peut disposer de son cœur.
Edgard, à son instigation, écrit pour refuser le ma-
riage ; puis, ramené à des idées plus sages par s»1
ami Desrousseaux, il écrit dans le sens contraire.
Les deux lettres sont là enlre ses mains : laquelle *
verra-t-i'?... Dans l'embarras du choix, il s'enr
au hasard : un coup de lansquenet décidera dé
acceptation ou de son refus. Le piquant de la m
tion, c'est qu'Edgard ignore laquelle des deux
très a été favorisée par le sort, car il s'est hâH
brûler l'autre sans labre. Tout le second actero»
sur cette incertitude que l'auteur a exploitée

bonheur. Le dénoûment, qui est d'ailleurs sato I
sant, aurait pu être mieux amené. L'indiscrétion I
domestique e*t un moyen trop vulgaire. Le reV! J
ment final devait être provoqué par un incident
portant, non par un commérage. Jf
Il y avait dans cette donnée 1 étoffe d un •
ville fort gai ; M. Léon Laya en a fait une corn
assez amusante et qui a bien réussi.

(La suite à la ¥ V11^1
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