VENDREDI i<* OCTOBRE 184?.
Bureau do la rédaction et de l'adminislralion. à Paris,
BIT. BU CHOISS,V.\T, 16 (lIOTEl COI.BERT).
J
1 a'
hUSle%!l
SEIZIÈME ANNÉE.—N° m.
Publiant chaque jour un nouveau dessin en lithograpte
OU GRAVURES, ET VIGNETTES SUR BOIS.
PARIS. DEI'ARTEMEIVS
PARIS. BÊPARTESIENS. /^^'£ï^&gW3SK8t\ "^TT'l^^^^^^BS^^ÊÊfW Trois IÎ10ÎS................... 1B fr. 18 fr.
Trois mo:*.................... i;; • 18 Ô^M&ààffl^ Six mois50 36
Oeiuii, 6, n;vi...................... 5° so ^«^M/Sj^^^^r'-^Sa^Ll'A* 's n*fM^5aWl i ' Un an....................... «i 72
£«00 72 W/^^^i^^^^^fe^^^^ o...................
i|)ali'Voiî ïn numéro................... " yo c- r i'i '' i1 ''I'1''" M>>l^l,^ Jijiil(uj,JL |i | Les abomicmcns datent des «« et 16de chaque mois.
Un ii»»"
ase"»'?»] i p< -iboniifiiK-ns datent, des 1« et 10 de chaque mois.
aussi n -*>°o^ ^^^^^ÊÊ^êêê M3SNI^^Aw\ ml^^KÊ^^mi 0,1 reîoil cn paiement des abonnemens, les man-
ne ; eiijj*6-' „.. „•„; - c .■ à Lyon, chez Mme Pliilippe-Baudier, ^^^^^^m^^sk M^mË/v^'Vt 3^ W^Éf$WFriif •'' da,s à vue sur lu Trésor et sur la Poste, el les effets
éOL Jeafx. il mi'Si-Dominique; à Bordeaux, cliez Mme Dclpcch, ^gfH^^p^^^SÏ £Ê§l^^/%^^^{'^mk ^^f|lh™ ' sur les maisons de Banque de Paris. — Tout ce qui
COnnueei,J
il,.
i,l,r.; à Marseille, chez M. Michelet-Peyron et chez 5§^V ^WWS(/Mj| IflLJfjli W^^^^^f^^. concerne l'administration du Journal doit être adresse
Mme Camoin, lihr.; à Rouen, chez Mme Watré, 3), rue •-=25r~7_:-1 ' ,^.^pl^^^ii^^M|^^B.^^^\Jsig^O^' (franco) au Directeur, rue du Croissant, te (ancien
l,i vieux-Palais-, à Londres, chez AV. Thomas, 21, Ca- '^^^^C~v^'!^^:ffi|^^^^^^^^^^^^H^^§-^^^§^3'^ hOtel Colbert). — Les lettres non affranchies Berwf
ont ér ^ ihcriiie slrcel; dans les bureaux des Messageries roya- - -"««5g§g - \^Tgy-^^r^*' __—T"""'--- rigoureusement refusées.
int d'aotH ll" cl k'-nérales, et chez tous les libraires.
« LE CHARIVARI CP
ER 1846. ' —
re) 1847,
1&2 LES PLUMETS
nouvel ^^Ék. A la reYUe de mar<3i dernier' 011 VC^ait' daDS 16 C°rtége dU r0i' deUX PlumelS
blancs qui dominaient tous les chapeaux de l'escorte,
loyé voir, ^WlMËgfà Ces deux plumets s'élevaient au-dessus des autres, comme Diane chasseresse
eux ante Ir^WmÈpl parmiles nymphes ses compagnes, seulementavec moins
lté lettre, f '' f^Éffn'i de grâce. Ils étaient touffu s et raides; ils avaient l'air
dévoue, v. ÈÊÊÊm?*^ d'être portés à cou tendu.
SON.' ^ rwÊÊFÊÈ En regardant à la racine de ces deux plumets, on dé-
ergemc,i, $\ ''^flM couvrait deux chapeaux galonnés, cl sous les chapeaux
^Vfj^i§§pB§llff deux têtes exotiques ; ces têtes surmontaient deux uni-
Éformes, l'un vert, l'autre rouge. Dans l'uniforme vert
était enfermé un officier russe, tandis que l'uniforme
rouge" recélait un membre de l'aristocratie anglaise, peut-
complète ri Normanby.
beaucoup! , I1ÏTV ' llkflilll Mille suppositions couraient parmi les spectateurs au
que j'avaiip. HOA .1 UlY^B „
uivi iionciiw \wËfil§\ su3et dc ces deux uniformes. Pourquoi 1 un etait-n vert,
nent.qU°l(1"e[ _ |Bk%\ vl^TO l'autre rouge? Le vert est la couleur du homard cru, le
estomac déli rouge est la couleur affectionnée par ce même homard
delà ta1 / \\ \\UTw§^s i
tout est par j // tjk quand il est cuit. Bien des gens en concluaient qu An-
vfoix F v glais et Russe sont la même chose ; seulement le pre-
AOUT 18-
usicurs de ev'
nité, etjels N' L ^\1 ^ v mier est cuit, l'autre est cru.
Monsieur.!
Mais laissons ces propos populaires fils de la sup-
putons position et du préj.ugéi
Ces deux étrangers, mêlés à notre étal-major, tra-
versaient les rangs et admiraient, un peu malgré eux,
la belle tenue de nos troupes. Ils avaient d'abord
lair un peu inquiet j peut-être leur revenait-il quel-
ques souvenirs.désagréables; ils voyaient sous les
armes les fils des hommes qui avaient tenu tête, sous
la révolution etl'empire, à l'Europe coalisée.
Le soleil était magnifique, et les baïonnettes bril-
laient comme à Austerlitz.
Vous souvient-il de ce beau vers d'Alfred de Mus-
set, sur le passage du Rhin, dans sa réponse à la
chanson de Becker.
Où le père a passé, passera bien l'enfant !
11 semblait, à voir le front soucieux des deux é-
trangers, qu'ils lussent ce vers menaçant écrit sur
'es drapeaux, sur les armes.
Mais cette première impression s'est bien vite dis-
sifee et I l'aspect du monde officiel qui dispose au-
jourd'hui de l'armée, à la vue de ces diplomates, de
ces ministres trembleurs, un sourire significatif a
remplacé l'expression d'inquiétude peinte aupara-
vant sur leurs traits.
Le soupire du Russe disait : «Faites parader cette
elle arraée ; entre les mains des ministres, elle ne
servira pas à autre chose. Elle parade pendant que
Autwche prend Ferrare et menace l'Italie ; elle pa-
BENCE; (
et dêsi-
Paris, le j*
oxicologM
a'ement p»>
de Piebbeï:
iructionip
aux pers»»
les. »
,ts les p'us
>nt d«P"<';
nonveaut!»
herniaire-!*
' . Dow1""
chir)
4 fr. 1" s
les
'aecVj
iet je*
,es,li,ll»»^
valièr-
radait pendant que Metternich et Nicolas égorgeaient
la Pologne. »
L'Anglais disait par son sourire : « Qu'il est beau
à voir, votre lion, quand on le tient muselé ! Hourra
pour le léopard britannique qui aiguise ses griffes! »
Et comme pour enlever toute crainte à ces repré-
sentai de l'étranger, les orchestres militaires ont
joué, dit-on, à plusieurs reprises le God save. De
notre air national, de la Marseillaise, pas une note.
Nous admettons très bien ces courtoisies de peu-
ple à peuple, mais le moment était mal choisi. Même
sous l'ancienne monarchie, on prenait mieux son
temps ; les gentilshommes de la maison de Louis
XV saluaient, il est vrai, les Anglais, mais c'était
sur le champ de bataille de Fontenoy.
akmi les prix décernés par la société d'hor-
ticulture, on compte un prix d'amateur
décerné à un officier d'administration pour
un perfectionnement de légumes.
La commission se tait sur le nom et la nature, et
de tous côtés on se demande : « Quel est donc ce lé-
gume? »
Serait-ce un chou, un haricot, un melon, une ci-
trouille, un concombre, un poireau, un oignon, une
pomme de terre?
S'il s'agissait de gens moins honorables, on pour-
rait croire, en l'absence de tout renseignement
c'est tout simplement une carotte. X^r""*^
MEYERBEER A VENISE.
Après M.n
Rogers, je
ne connais
personne eû
Europe qui
aime plus la
réclame que
"M. Meyer-
beer, maître
de chapelle
du roi de
l russe.
Mëyérbeer qui, en sa qualité de musicien, devrait
avoir les canards en horreur, affectionne beaucoup
ceux des journaux... bien entendu quand ils sont
composés à sa gloire.
Comme le canard parti de Berlin commençait à
devenir tant soit peu monotone, Meyerbeer vient
d'en lancer un qui a du moins le mérite de la nou-
veauté.
Les journaux grands et sérieux annoncent que
l'auteur des Huguenots va se faire bâtir un palais à
Venise, afin sans doute de pouvoir mieux surveiller
de là les répétitions du Prophète à l'Académie de
Musique de Paris.
Ce canard vénitien a eu peut-être pour motif de
distraire l'atttention du public, attention qui com-
mençait à se porter sur la partition de Verdi, répétée
en ce moment sous le titre de Jérusalem.
Jérusalem contrarie le Prophète; mais aussi le
Prophète, sans être un grand prophète, aurait bien
pu se prédire à lui-même que Paris ne se contente-
rait pas éternellement d'une simple promesse d'o-
péra.
Une promesse, même avec accompagnement de
grand orchestre, ne suffit pas pour faire des recettes
pendant tout un hiver.
Si la partition de Verdi réussit, comme tout le fait
espérer, le P7-ophète aura pour unique consolation,
de se poser en Jérémie et de répéter continuellement :
« Jérusalem ! Jérusalem ! »
La monotonie de cette exclamation plaît infini-
ment aux âmes poétiques, ennemies de toute espèce
de gaîté.
Je ne serais pas étonné si, le jour de la première
représentation de l'opéra nouveau, les journaux amis
de Meyerbeer nous annoncent que l'illustre auteur
du Prophète compte profiter prochainement de son
Bureau do la rédaction et de l'adminislralion. à Paris,
BIT. BU CHOISS,V.\T, 16 (lIOTEl COI.BERT).
J
1 a'
hUSle%!l
SEIZIÈME ANNÉE.—N° m.
Publiant chaque jour un nouveau dessin en lithograpte
OU GRAVURES, ET VIGNETTES SUR BOIS.
PARIS. DEI'ARTEMEIVS
PARIS. BÊPARTESIENS. /^^'£ï^&gW3SK8t\ "^TT'l^^^^^^BS^^ÊÊfW Trois IÎ10ÎS................... 1B fr. 18 fr.
Trois mo:*.................... i;; • 18 Ô^M&ààffl^ Six mois50 36
Oeiuii, 6, n;vi...................... 5° so ^«^M/Sj^^^^r'-^Sa^Ll'A* 's n*fM^5aWl i ' Un an....................... «i 72
£«00 72 W/^^^i^^^^^fe^^^^ o...................
i|)ali'Voiî ïn numéro................... " yo c- r i'i '' i1 ''I'1''" M>>l^l,^ Jijiil(uj,JL |i | Les abomicmcns datent des «« et 16de chaque mois.
Un ii»»"
ase"»'?»] i p< -iboniifiiK-ns datent, des 1« et 10 de chaque mois.
aussi n -*>°o^ ^^^^^ÊÊ^êêê M3SNI^^Aw\ ml^^KÊ^^mi 0,1 reîoil cn paiement des abonnemens, les man-
ne ; eiijj*6-' „.. „•„; - c .■ à Lyon, chez Mme Pliilippe-Baudier, ^^^^^^m^^sk M^mË/v^'Vt 3^ W^Éf$WFriif •'' da,s à vue sur lu Trésor et sur la Poste, el les effets
éOL Jeafx. il mi'Si-Dominique; à Bordeaux, cliez Mme Dclpcch, ^gfH^^p^^^SÏ £Ê§l^^/%^^^{'^mk ^^f|lh™ ' sur les maisons de Banque de Paris. — Tout ce qui
COnnueei,J
il,.
i,l,r.; à Marseille, chez M. Michelet-Peyron et chez 5§^V ^WWS(/Mj| IflLJfjli W^^^^^f^^. concerne l'administration du Journal doit être adresse
Mme Camoin, lihr.; à Rouen, chez Mme Watré, 3), rue •-=25r~7_:-1 ' ,^.^pl^^^ii^^M|^^B.^^^\Jsig^O^' (franco) au Directeur, rue du Croissant, te (ancien
l,i vieux-Palais-, à Londres, chez AV. Thomas, 21, Ca- '^^^^C~v^'!^^:ffi|^^^^^^^^^^^^H^^§-^^^§^3'^ hOtel Colbert). — Les lettres non affranchies Berwf
ont ér ^ ihcriiie slrcel; dans les bureaux des Messageries roya- - -"««5g§g - \^Tgy-^^r^*' __—T"""'--- rigoureusement refusées.
int d'aotH ll" cl k'-nérales, et chez tous les libraires.
« LE CHARIVARI CP
ER 1846. ' —
re) 1847,
1&2 LES PLUMETS
nouvel ^^Ék. A la reYUe de mar<3i dernier' 011 VC^ait' daDS 16 C°rtége dU r0i' deUX PlumelS
blancs qui dominaient tous les chapeaux de l'escorte,
loyé voir, ^WlMËgfà Ces deux plumets s'élevaient au-dessus des autres, comme Diane chasseresse
eux ante Ir^WmÈpl parmiles nymphes ses compagnes, seulementavec moins
lté lettre, f '' f^Éffn'i de grâce. Ils étaient touffu s et raides; ils avaient l'air
dévoue, v. ÈÊÊÊm?*^ d'être portés à cou tendu.
SON.' ^ rwÊÊFÊÈ En regardant à la racine de ces deux plumets, on dé-
ergemc,i, $\ ''^flM couvrait deux chapeaux galonnés, cl sous les chapeaux
^Vfj^i§§pB§llff deux têtes exotiques ; ces têtes surmontaient deux uni-
Éformes, l'un vert, l'autre rouge. Dans l'uniforme vert
était enfermé un officier russe, tandis que l'uniforme
rouge" recélait un membre de l'aristocratie anglaise, peut-
complète ri Normanby.
beaucoup! , I1ÏTV ' llkflilll Mille suppositions couraient parmi les spectateurs au
que j'avaiip. HOA .1 UlY^B „
uivi iionciiw \wËfil§\ su3et dc ces deux uniformes. Pourquoi 1 un etait-n vert,
nent.qU°l(1"e[ _ |Bk%\ vl^TO l'autre rouge? Le vert est la couleur du homard cru, le
estomac déli rouge est la couleur affectionnée par ce même homard
delà ta1 / \\ \\UTw§^s i
tout est par j // tjk quand il est cuit. Bien des gens en concluaient qu An-
vfoix F v glais et Russe sont la même chose ; seulement le pre-
AOUT 18-
usicurs de ev'
nité, etjels N' L ^\1 ^ v mier est cuit, l'autre est cru.
Monsieur.!
Mais laissons ces propos populaires fils de la sup-
putons position et du préj.ugéi
Ces deux étrangers, mêlés à notre étal-major, tra-
versaient les rangs et admiraient, un peu malgré eux,
la belle tenue de nos troupes. Ils avaient d'abord
lair un peu inquiet j peut-être leur revenait-il quel-
ques souvenirs.désagréables; ils voyaient sous les
armes les fils des hommes qui avaient tenu tête, sous
la révolution etl'empire, à l'Europe coalisée.
Le soleil était magnifique, et les baïonnettes bril-
laient comme à Austerlitz.
Vous souvient-il de ce beau vers d'Alfred de Mus-
set, sur le passage du Rhin, dans sa réponse à la
chanson de Becker.
Où le père a passé, passera bien l'enfant !
11 semblait, à voir le front soucieux des deux é-
trangers, qu'ils lussent ce vers menaçant écrit sur
'es drapeaux, sur les armes.
Mais cette première impression s'est bien vite dis-
sifee et I l'aspect du monde officiel qui dispose au-
jourd'hui de l'armée, à la vue de ces diplomates, de
ces ministres trembleurs, un sourire significatif a
remplacé l'expression d'inquiétude peinte aupara-
vant sur leurs traits.
Le soupire du Russe disait : «Faites parader cette
elle arraée ; entre les mains des ministres, elle ne
servira pas à autre chose. Elle parade pendant que
Autwche prend Ferrare et menace l'Italie ; elle pa-
BENCE; (
et dêsi-
Paris, le j*
oxicologM
a'ement p»>
de Piebbeï:
iructionip
aux pers»»
les. »
,ts les p'us
>nt d«P"<';
nonveaut!»
herniaire-!*
' . Dow1""
chir)
4 fr. 1" s
les
'aecVj
iet je*
,es,li,ll»»^
valièr-
radait pendant que Metternich et Nicolas égorgeaient
la Pologne. »
L'Anglais disait par son sourire : « Qu'il est beau
à voir, votre lion, quand on le tient muselé ! Hourra
pour le léopard britannique qui aiguise ses griffes! »
Et comme pour enlever toute crainte à ces repré-
sentai de l'étranger, les orchestres militaires ont
joué, dit-on, à plusieurs reprises le God save. De
notre air national, de la Marseillaise, pas une note.
Nous admettons très bien ces courtoisies de peu-
ple à peuple, mais le moment était mal choisi. Même
sous l'ancienne monarchie, on prenait mieux son
temps ; les gentilshommes de la maison de Louis
XV saluaient, il est vrai, les Anglais, mais c'était
sur le champ de bataille de Fontenoy.
akmi les prix décernés par la société d'hor-
ticulture, on compte un prix d'amateur
décerné à un officier d'administration pour
un perfectionnement de légumes.
La commission se tait sur le nom et la nature, et
de tous côtés on se demande : « Quel est donc ce lé-
gume? »
Serait-ce un chou, un haricot, un melon, une ci-
trouille, un concombre, un poireau, un oignon, une
pomme de terre?
S'il s'agissait de gens moins honorables, on pour-
rait croire, en l'absence de tout renseignement
c'est tout simplement une carotte. X^r""*^
MEYERBEER A VENISE.
Après M.n
Rogers, je
ne connais
personne eû
Europe qui
aime plus la
réclame que
"M. Meyer-
beer, maître
de chapelle
du roi de
l russe.
Mëyérbeer qui, en sa qualité de musicien, devrait
avoir les canards en horreur, affectionne beaucoup
ceux des journaux... bien entendu quand ils sont
composés à sa gloire.
Comme le canard parti de Berlin commençait à
devenir tant soit peu monotone, Meyerbeer vient
d'en lancer un qui a du moins le mérite de la nou-
veauté.
Les journaux grands et sérieux annoncent que
l'auteur des Huguenots va se faire bâtir un palais à
Venise, afin sans doute de pouvoir mieux surveiller
de là les répétitions du Prophète à l'Académie de
Musique de Paris.
Ce canard vénitien a eu peut-être pour motif de
distraire l'atttention du public, attention qui com-
mençait à se porter sur la partition de Verdi, répétée
en ce moment sous le titre de Jérusalem.
Jérusalem contrarie le Prophète; mais aussi le
Prophète, sans être un grand prophète, aurait bien
pu se prédire à lui-même que Paris ne se contente-
rait pas éternellement d'une simple promesse d'o-
péra.
Une promesse, même avec accompagnement de
grand orchestre, ne suffit pas pour faire des recettes
pendant tout un hiver.
Si la partition de Verdi réussit, comme tout le fait
espérer, le P7-ophète aura pour unique consolation,
de se poser en Jérémie et de répéter continuellement :
« Jérusalem ! Jérusalem ! »
La monotonie de cette exclamation plaît infini-
ment aux âmes poétiques, ennemies de toute espèce
de gaîté.
Je ne serais pas étonné si, le jour de la première
représentation de l'opéra nouveau, les journaux amis
de Meyerbeer nous annoncent que l'illustre auteur
du Prophète compte profiter prochainement de son