LE CHARIVARI.
pourrait bien y avoir ici une faute d'impression, et
qu'il s'agit peut-être de M. Dagneaux, limonadier,
rue de l'Ancienne-Comédie, chez qui l'école du bon
sens alla tenir autrefois ses séances, après sa rupture
avec le café Tabourey. En ce cas la décoration s'ex-
pliquerait. Nous ne parlerons pas non plus de M.
Caillât, bomme de lettres, par la même raison qu'on
ne pouvait rien dire, il y a quelques jours, de M.
Jayr.
Le département de l'Orne n'apprendra pas sans un
vif plaisir que M. Lecamus, autre homme de lettres,
à Alençon, a été décoré.
La ville d'Hazebrouck n'aura, du reste, rien à en-
vier à Alençon. Un M. Coussemaker, s'occupant de
travaux historiques audit Hazebrouck, a également
obtenu la croix.
Mais tout cela n'est rien encore. Que M. Cousse-
maker d'Hazebrouck, M. Lecamus d'Alençon, M.
Caillât, M. Dargaud ou Dagneaux, M. Ernouf de
Verclives obtiennent le ruban rouge, nous le voulons
bien puisque après tout ces messieurs existent, du
moins à ce qu'ils prétendent et ont par conséquent
une boutonnière où mettre le ruban. M. de Salvandy
a fait mieux que cela, il a décoré un mort ; il vient
d'envoyer la croix à feu Alberto Nota, de Turin.
L'oubli de la tombe n'est donc point une sauve-
garde pas plus que l'oubli de la vie.
; arole d'honneur ! si la population de la
ÎChapelle-Saint-Denis n'est pas tombée di-
! manche dernier en somnambulisme, c'est
qu'elle est complètement dépourvue de nerfs et d'é-
pigastre.
Car dimanche dernier, jour de la Pentecôte, tous
les apôtres du dieu Mesmer, tous les adeptes du
fluide, tous les magnétiseurs de Paris et de Pontoise
se sont réunies en un pique-nique, aux Nouvelles
Vendanges de Bourgogne pour fêter la naissance du
maître, on a consommé du potage à la Puységur, des
côtelettes mesmériennes, des filets nerveux et force
fricandeaux cataleptiques.
Au dessert, on a bu des rasades magnétiques, on
a lu des strophes à travers les corps opaques, et vu
du vin de Champagne à distance.
Ils étaient là 154 convives, dont la charmante spé-
cialité consiste à faire dormir leurs semblables ; mais
je vous prie de croire qu'ils ne s'endormaient par sur
le rôti.
Tous ces mesmériens se trouvaient si bien saturés
de fluide, que leur cœur en était arrivé à un état
d'insensibilité complète, car deux magnétiseurs
schismatiques, le docteur Viancin et M. Marcillet,
ont été impitoyablement exclus de la salle du festin.
Vainement un enfant de Mesmer, — fort gentil,
ma foi ! — invoqua Jupiter Hospitalier et plusieurs
autres magnétiseurs de l'antiquité. Fallait-il laisser
les deux schismatiques à la porte? Question grave
qui amena des crises nerveuses sur toute la ligne. Il
y avait le parti de la porte et le parti de la salle. Peu
s'en est fallu que le restaurant des Nouvelles Ven-
danges n'eût eu son dix-huit brumaire. J'ai vu
le moment où la force armée escaladait le balcon
pour chasser les 154 de l'Orangerie mesmérienne.
Heureusement, grâce à quelques passes calmantes
appliquées par M. le baron Dupotet sur l'épigastre
des convives, l'ordre s'est à peu près rétabli ; mais
les deux victimes sont restées à la porte...
Un gent-de-lettres magnétophile a chanté, au des-
sert, une bluette mesmérienne contre Yéther, dont
voici un couplet :
Messieurs, l'éther sulfurique,
Quel que soit son sort futur,
De notre ciel magnétique
Ne troublera pas l'azur :
Avant que ce spécifique
N'ait triomphé de Mesmer,
On nous écrira d'Afrique
Qu'on a pris Abd-el-Kader...
Non, l'éther
D'outre-mer
Ne détrônera pas Mesmer!...
C'est égal, si MM. les somnambulistes continuent
à tomber dans de pareilles crises intestines, la Faculté
de médecine peut dormir tranquille.
UNE DERNIÈRE BATAILLE.
M. Latour de
Saint - Ybars cher-
chait également un
sujet de tragédie.
Chose étrange, il
était tombé aussi sur
Ariobarzane.
Seulement, il pre-
nait la question à un
autre point de vue.
Tandis que M. Pon-
sard voulait nous
montrer seulement la
douleur d'un satrape
forcé d'abandonner
une femme qu'il ai-
me pour obéir à la
volonté du légat des mages, M. Latour comptait met-
tre deux religions en présence, le christianisme et le
zoroastrisme, et montrer l'Orient à la fois vieilli et ré-
généré.
M. Latour est le poëte des décadences. C'est une
spécialité qui a bien son charme.
A qui appartiendra définitivement le sujet d'Ario-
barzane. M. Ponsard affirme que c'est lui qui l'a dé-i
couvert, mais M. Latour soutient que c'est lui qui l'a
inventé. Il va même plus loin, il prétend qu'une des
tragédies que M. Vacquerie a fait éclore répondait au
nom d'Ariobarzane.
Aucun nés deux rivaux ne veut renoncer à ses
prétentions.
Resterait bien le moyen d'arranger le différent. Il
faudrait que chaque concurrent traitât le même su-
jet, et qu'ensuite on rassemblât le genre humain dans
les plaines de Babylone, suivant un des programmes
de Fourrier, pour entendre la lecture des deux tra-
gédies. Ariobarzane resterait la propriété définitive
de l'auteur couronné. On choisirait cette occasion de
procéder au double concours de l'omelette et du petit
pâté 5 l'univers proclamerait ainsi à la fois sou grand
tragédiste, son grand omelettier et son grand petit-
pâtissier.
Malheureusement M. Latour ne donne pas dans
les idées fouriéristes. L'instinct belliqueux propre à
la race des Ibars le domine; il a juré de s'emparer
d'Ariobarzane par la force des armes. Il s'est mis en
campagne escorté d'un goum nombreux de critiques
et d'un bataillon de tragiques réguliers.
M. Ponsard de son côté ne reste pas oisif. Il com-
battra à mort pour s'assurer la possession d'Ariobar-
zane. Il arme les peuples voisins de la cité de Lug-
dunum. Ce sont des gens courageux qui se battent
avec des épées courtes et des boucliers recouverts en
peau, Les femmes elles-mêmes poussent les hom-
mes au combat, et plutôt que de tomber entre les
mains des vainqueurs, elles s'étranglent avec leurs
propres cheveux.
Les dernières nouvelles arrivées du pays des Lug-
dunensiens et des Condriates annoncent que M.
Ponsard a passé son armée en revue; il conduit lui-
même l'aile droite et combattra sur un char a rmé de
faulx.
M. Latour s'avance aussi suivi de ses fidèles lbars
montés sur des coursiers rapides qu'ils conduisent
avec une adresse supérieure. Tout fait croire que ies
deux armées se rencontreront dans les plaines de
Châlons. L'Occident et TOrient vont se heurter de
nouveau dans les champs catalauniques. Abdhera-
me-Latour ou Martel Ponsard, quel sera le vain,
queur? à qui appartiendra Ariobarzane?
Paris attend l'issue de la bataille dans ce formida-
ble silence, dans cette fièvre immobile, présages cer-
tains d'un de ces grands événemens qui renouvellent
parfois, quand a sonné l'heure, la face de la tragé-
die et celle du monde.
'tx vient de mettre en vente chez un libraire
jdu Passage des Panoramas une biographie
i£i4^2ldeM. Despans-Cubières, qui se qualifie elle-
même de très impartiale. Nous y lisons que la fa-
mille Despans-Cubières est d'origine mauresque
qu'elle a occupé de hautes dignités sous l'antique
monarchie, et que le poète Dorat-Cubières était aïeul
de l'inculpé. Il nous semble qu'à propos du procès
pendant devant la cour des pairs, ce n'était guère le
cas d'évoquer des souvenirs de bouquets à Chloris et
de petits riens charmans, comme on disait dans les
ruelles de 1750.
€tynmasc>-Dramatique.
Les Nuits blanches, com^ffe-vaudeville en 2 actes
par MM. Bayard k Biévil'e.
La direction n'a pas voulu faire un long pacte avec
le Troisième Larron qui avait usurpé sur l'affiche la
place d'un bon ouvrage. Elle s'est empressée de fou
1er dans ses cartons pour pouvoir considérer comme
un échec ce que d'autres accueilleraient comme un
succès.
Les Nuits blanches, ne iont pas une œuvre irré-
prochable. Il y a dans ces deux actes de la confusion,
des longueurs. La politique y joue un trop grandrôle,
et quelle politique, grand Dieu ! Mais les scènes gra-
cieuses et plaisantes, gracieusement et plaisamment
rendues, fontoublierles complications d'une intrigue
peu intéressante en elle-même.
M. de Navailles, jeune et beau gentilhomme,pour-
suivi pour avoir conspiré contre Mazarin, a échappe
une première fois aux sbires en escaladant les murs
d'un couvent. La belle Clotilde, fille du célèbre con-
seiller Broussel, a été fort surprise de trouver dans sa
chambre, au milieu df kfnuit, un cavalier que ^
règle de la maison n'y admettait pas. Plus tard le fu-
gitif est encore venu troubler son sommeil sous le
toit paternel où elle dormait du sommeil de 1 m"0"
cence. Il n'y a que la première hospitalité qui coule.
Clotilde s'est vivement intéressée à son hôte mysté-
rieux, et elle le sauve avec récidive, au risque de
compromettre sa réputation. Vous comprenez q«e
tout cela doit aboutir à un bon et légitime mariage.
Les auteurs ont conduit leur héros à ce but matri-
monial par des voies un peu tortueuses. La Pr°v'
dence et les vaudevillistes ont de ces fantaisies-
qu'il faut leur pardonner.
Numa est plein de bonhomie dans le rôle du con-
seiller Broussel ; M. Deschamps et Mlle Désirée sou
de gentils amoureux.
Nous avons revu encore une fois, et toujours
le même plaisir, la jolie comédie de MM. Scribe <^
Gustave Lemoine, la Femme qui se jette pT
fenêtre.
Il est question de désorganiser la nouvelle com ^
naison ministérielle. On pourra dire que lejeuflC
binet est mort avant d'avoir vécu.
[La suite à la l9 pagM
pourrait bien y avoir ici une faute d'impression, et
qu'il s'agit peut-être de M. Dagneaux, limonadier,
rue de l'Ancienne-Comédie, chez qui l'école du bon
sens alla tenir autrefois ses séances, après sa rupture
avec le café Tabourey. En ce cas la décoration s'ex-
pliquerait. Nous ne parlerons pas non plus de M.
Caillât, bomme de lettres, par la même raison qu'on
ne pouvait rien dire, il y a quelques jours, de M.
Jayr.
Le département de l'Orne n'apprendra pas sans un
vif plaisir que M. Lecamus, autre homme de lettres,
à Alençon, a été décoré.
La ville d'Hazebrouck n'aura, du reste, rien à en-
vier à Alençon. Un M. Coussemaker, s'occupant de
travaux historiques audit Hazebrouck, a également
obtenu la croix.
Mais tout cela n'est rien encore. Que M. Cousse-
maker d'Hazebrouck, M. Lecamus d'Alençon, M.
Caillât, M. Dargaud ou Dagneaux, M. Ernouf de
Verclives obtiennent le ruban rouge, nous le voulons
bien puisque après tout ces messieurs existent, du
moins à ce qu'ils prétendent et ont par conséquent
une boutonnière où mettre le ruban. M. de Salvandy
a fait mieux que cela, il a décoré un mort ; il vient
d'envoyer la croix à feu Alberto Nota, de Turin.
L'oubli de la tombe n'est donc point une sauve-
garde pas plus que l'oubli de la vie.
; arole d'honneur ! si la population de la
ÎChapelle-Saint-Denis n'est pas tombée di-
! manche dernier en somnambulisme, c'est
qu'elle est complètement dépourvue de nerfs et d'é-
pigastre.
Car dimanche dernier, jour de la Pentecôte, tous
les apôtres du dieu Mesmer, tous les adeptes du
fluide, tous les magnétiseurs de Paris et de Pontoise
se sont réunies en un pique-nique, aux Nouvelles
Vendanges de Bourgogne pour fêter la naissance du
maître, on a consommé du potage à la Puységur, des
côtelettes mesmériennes, des filets nerveux et force
fricandeaux cataleptiques.
Au dessert, on a bu des rasades magnétiques, on
a lu des strophes à travers les corps opaques, et vu
du vin de Champagne à distance.
Ils étaient là 154 convives, dont la charmante spé-
cialité consiste à faire dormir leurs semblables ; mais
je vous prie de croire qu'ils ne s'endormaient par sur
le rôti.
Tous ces mesmériens se trouvaient si bien saturés
de fluide, que leur cœur en était arrivé à un état
d'insensibilité complète, car deux magnétiseurs
schismatiques, le docteur Viancin et M. Marcillet,
ont été impitoyablement exclus de la salle du festin.
Vainement un enfant de Mesmer, — fort gentil,
ma foi ! — invoqua Jupiter Hospitalier et plusieurs
autres magnétiseurs de l'antiquité. Fallait-il laisser
les deux schismatiques à la porte? Question grave
qui amena des crises nerveuses sur toute la ligne. Il
y avait le parti de la porte et le parti de la salle. Peu
s'en est fallu que le restaurant des Nouvelles Ven-
danges n'eût eu son dix-huit brumaire. J'ai vu
le moment où la force armée escaladait le balcon
pour chasser les 154 de l'Orangerie mesmérienne.
Heureusement, grâce à quelques passes calmantes
appliquées par M. le baron Dupotet sur l'épigastre
des convives, l'ordre s'est à peu près rétabli ; mais
les deux victimes sont restées à la porte...
Un gent-de-lettres magnétophile a chanté, au des-
sert, une bluette mesmérienne contre Yéther, dont
voici un couplet :
Messieurs, l'éther sulfurique,
Quel que soit son sort futur,
De notre ciel magnétique
Ne troublera pas l'azur :
Avant que ce spécifique
N'ait triomphé de Mesmer,
On nous écrira d'Afrique
Qu'on a pris Abd-el-Kader...
Non, l'éther
D'outre-mer
Ne détrônera pas Mesmer!...
C'est égal, si MM. les somnambulistes continuent
à tomber dans de pareilles crises intestines, la Faculté
de médecine peut dormir tranquille.
UNE DERNIÈRE BATAILLE.
M. Latour de
Saint - Ybars cher-
chait également un
sujet de tragédie.
Chose étrange, il
était tombé aussi sur
Ariobarzane.
Seulement, il pre-
nait la question à un
autre point de vue.
Tandis que M. Pon-
sard voulait nous
montrer seulement la
douleur d'un satrape
forcé d'abandonner
une femme qu'il ai-
me pour obéir à la
volonté du légat des mages, M. Latour comptait met-
tre deux religions en présence, le christianisme et le
zoroastrisme, et montrer l'Orient à la fois vieilli et ré-
généré.
M. Latour est le poëte des décadences. C'est une
spécialité qui a bien son charme.
A qui appartiendra définitivement le sujet d'Ario-
barzane. M. Ponsard affirme que c'est lui qui l'a dé-i
couvert, mais M. Latour soutient que c'est lui qui l'a
inventé. Il va même plus loin, il prétend qu'une des
tragédies que M. Vacquerie a fait éclore répondait au
nom d'Ariobarzane.
Aucun nés deux rivaux ne veut renoncer à ses
prétentions.
Resterait bien le moyen d'arranger le différent. Il
faudrait que chaque concurrent traitât le même su-
jet, et qu'ensuite on rassemblât le genre humain dans
les plaines de Babylone, suivant un des programmes
de Fourrier, pour entendre la lecture des deux tra-
gédies. Ariobarzane resterait la propriété définitive
de l'auteur couronné. On choisirait cette occasion de
procéder au double concours de l'omelette et du petit
pâté 5 l'univers proclamerait ainsi à la fois sou grand
tragédiste, son grand omelettier et son grand petit-
pâtissier.
Malheureusement M. Latour ne donne pas dans
les idées fouriéristes. L'instinct belliqueux propre à
la race des Ibars le domine; il a juré de s'emparer
d'Ariobarzane par la force des armes. Il s'est mis en
campagne escorté d'un goum nombreux de critiques
et d'un bataillon de tragiques réguliers.
M. Ponsard de son côté ne reste pas oisif. Il com-
battra à mort pour s'assurer la possession d'Ariobar-
zane. Il arme les peuples voisins de la cité de Lug-
dunum. Ce sont des gens courageux qui se battent
avec des épées courtes et des boucliers recouverts en
peau, Les femmes elles-mêmes poussent les hom-
mes au combat, et plutôt que de tomber entre les
mains des vainqueurs, elles s'étranglent avec leurs
propres cheveux.
Les dernières nouvelles arrivées du pays des Lug-
dunensiens et des Condriates annoncent que M.
Ponsard a passé son armée en revue; il conduit lui-
même l'aile droite et combattra sur un char a rmé de
faulx.
M. Latour s'avance aussi suivi de ses fidèles lbars
montés sur des coursiers rapides qu'ils conduisent
avec une adresse supérieure. Tout fait croire que ies
deux armées se rencontreront dans les plaines de
Châlons. L'Occident et TOrient vont se heurter de
nouveau dans les champs catalauniques. Abdhera-
me-Latour ou Martel Ponsard, quel sera le vain,
queur? à qui appartiendra Ariobarzane?
Paris attend l'issue de la bataille dans ce formida-
ble silence, dans cette fièvre immobile, présages cer-
tains d'un de ces grands événemens qui renouvellent
parfois, quand a sonné l'heure, la face de la tragé-
die et celle du monde.
'tx vient de mettre en vente chez un libraire
jdu Passage des Panoramas une biographie
i£i4^2ldeM. Despans-Cubières, qui se qualifie elle-
même de très impartiale. Nous y lisons que la fa-
mille Despans-Cubières est d'origine mauresque
qu'elle a occupé de hautes dignités sous l'antique
monarchie, et que le poète Dorat-Cubières était aïeul
de l'inculpé. Il nous semble qu'à propos du procès
pendant devant la cour des pairs, ce n'était guère le
cas d'évoquer des souvenirs de bouquets à Chloris et
de petits riens charmans, comme on disait dans les
ruelles de 1750.
€tynmasc>-Dramatique.
Les Nuits blanches, com^ffe-vaudeville en 2 actes
par MM. Bayard k Biévil'e.
La direction n'a pas voulu faire un long pacte avec
le Troisième Larron qui avait usurpé sur l'affiche la
place d'un bon ouvrage. Elle s'est empressée de fou
1er dans ses cartons pour pouvoir considérer comme
un échec ce que d'autres accueilleraient comme un
succès.
Les Nuits blanches, ne iont pas une œuvre irré-
prochable. Il y a dans ces deux actes de la confusion,
des longueurs. La politique y joue un trop grandrôle,
et quelle politique, grand Dieu ! Mais les scènes gra-
cieuses et plaisantes, gracieusement et plaisamment
rendues, fontoublierles complications d'une intrigue
peu intéressante en elle-même.
M. de Navailles, jeune et beau gentilhomme,pour-
suivi pour avoir conspiré contre Mazarin, a échappe
une première fois aux sbires en escaladant les murs
d'un couvent. La belle Clotilde, fille du célèbre con-
seiller Broussel, a été fort surprise de trouver dans sa
chambre, au milieu df kfnuit, un cavalier que ^
règle de la maison n'y admettait pas. Plus tard le fu-
gitif est encore venu troubler son sommeil sous le
toit paternel où elle dormait du sommeil de 1 m"0"
cence. Il n'y a que la première hospitalité qui coule.
Clotilde s'est vivement intéressée à son hôte mysté-
rieux, et elle le sauve avec récidive, au risque de
compromettre sa réputation. Vous comprenez q«e
tout cela doit aboutir à un bon et légitime mariage.
Les auteurs ont conduit leur héros à ce but matri-
monial par des voies un peu tortueuses. La Pr°v'
dence et les vaudevillistes ont de ces fantaisies-
qu'il faut leur pardonner.
Numa est plein de bonhomie dans le rôle du con-
seiller Broussel ; M. Deschamps et Mlle Désirée sou
de gentils amoureux.
Nous avons revu encore une fois, et toujours
le même plaisir, la jolie comédie de MM. Scribe <^
Gustave Lemoine, la Femme qui se jette pT
fenêtre.
Il est question de désorganiser la nouvelle com ^
naison ministérielle. On pourra dire que lejeuflC
binet est mort avant d'avoir vécu.
[La suite à la l9 pagM