LE CHARIVARI.
négation de sa part pour passer le savon-ponce sur
le tout.
De même encore, à propos d'enquête, aucun Hé-
bert britannique n'est venu objecter que la justice
ne saurait se prêter à des recherches et à des pour-
suites, en pareille matière, par la raison qu'elle n'est
jamais suffisamment convaincue.
Quoi qu'il en soit, nous qui sommes peu intime-
ment persuadés de la nature foncièrement vertueuse
de nos dignes voisins les Anglais, nous doutons fort
qu'ils aient voulu, en cette circonstance, faire de la
morale constitutionnelle par pur amour de la chose.
A notre avis, il y a eu plutôt ici un mauvais vouloir
taquin et un désir de se mettre de plus en plus en
opposition avec la France guizotine et duchâtelienne.
écidément l'époque est aux choses renver-
santes. Un journal de Madrid, le Faro, an-
nonce que le gouvernement d'Isabelle se
dispose à émettre quoi... un nouvel emprunt espagnol.
C'est en effet si agréable et si commode qu'il est fa-
cile de concevoir qu'on soit tenté d'y revenir. Il ne
faudrait pas avoir des masses de chiffons de papiers
dans sa poche pour s'en passer.
Il s'agit, cette fois, d'extirper sur nouveaux frais
100 millions de réaux, soit 25 millions de francs. Cet
emprunt serait négocié sur les places de Londres et de
Paris. Nous ne savons si les écus anglais seront assez
bonasses pour se laisser prendre perpétuellement au
même traquenard; mais ce qu'il y a de sûr, c'est
que nos portiers, nos cuisiniers et autres gagne-petit
trouvent qu'ils ont donné assez de gages à la mo-
narchie ibérique
Désappointée et forcée de renoncer à l'armée, la
reine s'est tournée du côté de l'Université. A tout
prendre, Albert est aussi bien docteur que soldat :
il est propre à tout. Aussitôt fait : Albert a été nom-
mé chancelier de l'Université de Cambridge. Son
installation vient d'avoir lieu, grande solennité à la-
quelle la reine a voulu présider sur un trône. Sa
harangue offre une phrase très remarquable. « Je
» vous donne l'assurance, a-t-elle dit, de l'approba-
» tion entière que j'accorde au choix que l'Universi-
» té a fait pour le poste de chancelier. »
L'Université eût été bien étonnée si la reine avait
désapprouvé son choix ; elle se serait crue en Es-
pagne.
Fier de l'approbation de sa souveraine, sa femme,
le prince Albert était radieux; il portait une magni-
fique robe de satin écarlate avec des franges d'or; cet
ajustement lui donnait la meilleure grâce du monde;
et M. Pasquier, cet autre chancelier, avec sa robe
de soie puce à queue, aurait été complètement é-
clipsë s'il eût paru dans la cérémonie.
On prétend que la reine Victoria, au milieu de sa
joie, a éprouvé cependant quelque regret. « Je ne
pourrais pas, aurait-elle dit, montrer en loge, à l'O-
péra, mon Albert avec sa robe rouge, comme s'il
eût porté un habit de général. »
ne singulière clause figure dans le traité de
la capitulation d'Oporto. C'est aux Espa-
gnols que la ville a été livrée, et non aux
troupes de Dona Maria ; elles n'ont pas même ob-
tenu le triste avantage d'y entrer à la suite des Es-
""""V*)" t paarnols. Ainsi les habitans d'Oporto préfèrent les é-
Plus moyen de les entortiller a 1 endroit de ces j r 0 ,, , 5
J , : , , . , j. . S trangers aux soldats de leur souveraine ; rien n'est
sortes d emprunts; us sont payes, cest-a-dire, je me j j ^ tt
trompe, ils ne sont pas payés pour savoir au juste ce | ^ u,s a, ' , ' , ,
, r 7 r r I Avant que ces evenemens eussent heu sur terre,
qu en vaut le coupon. i * i •
n , , ii,.- Ail nous avons vu les Anglais, sur mer, arrêter au pas-
Sans compter que les amateurs budgétaires et les I °, . r
L , r , „, . . , .° j il sage 1 escadre portugaise, >— sans tirer un seul coup
hauts barons de Wormspire ont exécute depuis quel- !,° „ , , ..... ^
! de canon, il faut leur rendre cette justice. On assure
années de telles razzias qu'il ne doit plus rien rester
à écornifler après eux dans les pauvres poches fran-
çaises. Mes braves emprunteurs castillans, vous pre-
nez donc mal votre temps, ce qui fait, je crois., que
vous ne pourrez pas prendre autre chose.
|es maris de reines sont un embarras. Qu'en
affaire? quel titre leur donner? Isabelle d'Es-
Ipagne, en désespoir de cause, a mis le sien
à la porte ; mais Victoria d'Angleterre, loin d'user de
ce moyen, serait capable, au contraire, de faire ou-
vrir à la fois toutes les portes du palais pour que son
mari, le prince Albert, pût entrer sans le moindre
obstacle par le nord, le midi, l'ouest et l'est, selon
sa fantaisie.
Mais plus on aime à le voir, plus on le favorise,
plus la question se reproduit. Qu'en faire ? quel titre
lui donner ?...Victoria avait d'abord songé à le nom-
mer généralissime des armées britanniques ; c'est un
beau poste et d'ailleurs rien n'est gentil comme un
militaire. Isabelle le sait si bien qu'elle a placé dans
sa cour Serrano, un vrai général, et que Christine,
pour le même motif, a fait prendre à Munoz un bril-
lant habit militaire, et en a fait ainsi un général doré
par le procédé Ruolz.
Mais il s'est trouvé que le prince Albert a été moins
heureux que Serrano et que Munoz. « Halte dans vos
projets, reine auguste, a dit Wellington. Je suis gé-
néralissime, et je n'ai nul désir de céder ce grade
élevé. Sans doute le prince Albert aurait pu gaguer
la bataille de Waterloo, ce n'était pas trop difficile,
la trahison aidant,— ceci soit dit entre nous, — mais
enfin il n'y était pas, et moi j'y ai assisté; donc je dois
en garder le bénéfice. »
que, s'il eût fallu se battre, deux vaisseaux de ligne
français étaient là tout près pour recevoir l'ordre
et au besoin les coups.
Bienheureuse Dona Maria ! quelle joie vous devez
éprouver à voir ce doux spectacle ! Tandis que vous
régnez en paix,—-les Anglais, d'un côté, vous pren-
nent vos vaisseaux,—les Espagnols, d'un autre côté,
vous prennent vos villes.
Mais il vous reste vos ministres.
AVIS AUX FEUILLETONISTES'
Le par-
quet n'é-
pargne plus
ni l'âge, ni
le sexe. M.
|Delangle
court sus au
•feuilleton.
Jusqu'ici
du moins on lui laissait ses coudées franches, on lui
permettait de babiller à son aise, on le traitait tout-
à-fait sans conséquence. C'était un des derniers ves-
tiges de la liberté de chanson qu'avaient nos pères.
Mais M. Delangle ne vivait pas au dix-huitième
siècle. Le roi mettait le poème épique à la Bastille ;
mais il aurait, lui, informé contre la chanson, et de-
mandé arrêt au parlement pour faire brûler le pont-
neuf par la main du bourreau.
Voilà donc le feuilleton passé à l'état de martyr. On
lui intente des procès-criminels, il va passer en cour
d'assises. De quoi l'accuse-t-on? de complot contre
la sûreté de l'État? d'attentat aux lois de septembre?
de crime contre les personnes et les propriétés?
Je ne sais pas quel est le forfait commis par le
feuilleton que M. Delangle vient de saisir ; mais il
y a longtemps que je connais ses parens ; il appar-
tient à une famille honnête et rangée, inoffensive
surtout. J'en répondrais comme de moi-même. Il
est socialiste, voyez le grand mal ; il croit que les
hommes finiront par avoir une queue, est-ce un cri-
me ? Depuis quand traite-t-on les fouriéristes comme
des conspirateurs, et que peut le code pénal contre
une utopie ?
Mais je veux supposer un instant que le feuilleton
se soit émancipé, qu'entraîné par un accès de lyris-
me, il ait outrepassé les bornes assignées à la litté-
rature passionnelle, à qui la faute? Pourquoi n'avez-
vous pas imposé silence au feuilleton du Journal des
Débats, lorsqu'il s'est mis à nous raconter avec tant
de complaisance, d'abandon et d'éloquence le furent
amor du notaire Ferrand ? N'avez-vous point laissé
Cecily se montrer toute nue dans Paris sur les tré-
teaux du roman ? Qui a retenu dans vos mains les
foudres de la justice ? Voulez-vous nous faire croire
que le Journal des Débats et la Démocratie paci-
fique ne pèsent pas d'un poids égal dans la balance
de Thémis?
Ah ! messieurs les feuilletonistes, vous alliez la
bride sur le cou, galopant çà et là dans tous les che-
mins où vous entraînait la fantaisie, parlant de tout
à propos d'un vaudeville, de morale, d'histoire, de
législation, de philosophie, de religion,sans y pren-
dre garde, sans en être plus fiers, ni demander pour
cela une place à l'Académie des sciences morales !
Vous comptiez sur votre esprit pour empêcher qu'on
prît au sérieux vos théories. Vous croyiez à la liberté
illimitée du feuilleton ; détrompez-vous, messieurs,
et prenez conseil d'un avocat avant d'envoyer votre
copie à l'imprimerie ; rétrécissez votre verve, bornez
votre horison d'un gendarme. Sans cela M. Delan-
gle pourrait bien vous faire expier vos paradoxes lit-
téraires, par cinq ou six ans de ce paradoxe philan-
thropique qu'on appelle une cellule de Doullens ou
du Mont-Saint-Michel.
Feuilletonistes, évitez surtout le roman socialiste;
M. Delangle' n'en comprend pas le truc. Il est de
l'école de Pigault-Lebrun; il saisit la Part des Fem-
mes, mais il adore Monsieur Botte et le Hussard
de Felsheim.
Quant à moi, je renonce dès aujourd'hui au feuil-
leton. Je ne pourrais m'empêcher d'attaquer ouver-
tement la tragédie, et M. Delangle le trouverait
peut-être mauvais. Puisse ma démission servit
d'exemple à mes confrères, et leur imprimer les idée»
de prudence et de modération indispensables à tout
littérateur du dix-neuvième siècle qui ne veut p»5
aller rédiger des bretelles et des chaussons de lisière
à Clairvaux.
CARILLON.
Afin de se soustraire à l'action de la justice, M-
Pellapra a allégué ses 75 ans. Il suffit donc d'avoir
des cheveux blancs pour l'être complètement d'ail-
leurs?
— M. Luneau a signalé un haut escroc en Alge-
rie,qui a été gracié après sa condamnation. Ici onse
fait gracier auparavant par une chose de poste.
— Il est convenu qu'on n'a rien à craindre du
briquet de Thémis,dès qu'on peut avoir pour soi u»
fouet de postillon.
— La justice donne, comme signalement de $
Pellapra, un nez aquilin. A son tour ce millionnair6
{La suite a la 4e page.)
négation de sa part pour passer le savon-ponce sur
le tout.
De même encore, à propos d'enquête, aucun Hé-
bert britannique n'est venu objecter que la justice
ne saurait se prêter à des recherches et à des pour-
suites, en pareille matière, par la raison qu'elle n'est
jamais suffisamment convaincue.
Quoi qu'il en soit, nous qui sommes peu intime-
ment persuadés de la nature foncièrement vertueuse
de nos dignes voisins les Anglais, nous doutons fort
qu'ils aient voulu, en cette circonstance, faire de la
morale constitutionnelle par pur amour de la chose.
A notre avis, il y a eu plutôt ici un mauvais vouloir
taquin et un désir de se mettre de plus en plus en
opposition avec la France guizotine et duchâtelienne.
écidément l'époque est aux choses renver-
santes. Un journal de Madrid, le Faro, an-
nonce que le gouvernement d'Isabelle se
dispose à émettre quoi... un nouvel emprunt espagnol.
C'est en effet si agréable et si commode qu'il est fa-
cile de concevoir qu'on soit tenté d'y revenir. Il ne
faudrait pas avoir des masses de chiffons de papiers
dans sa poche pour s'en passer.
Il s'agit, cette fois, d'extirper sur nouveaux frais
100 millions de réaux, soit 25 millions de francs. Cet
emprunt serait négocié sur les places de Londres et de
Paris. Nous ne savons si les écus anglais seront assez
bonasses pour se laisser prendre perpétuellement au
même traquenard; mais ce qu'il y a de sûr, c'est
que nos portiers, nos cuisiniers et autres gagne-petit
trouvent qu'ils ont donné assez de gages à la mo-
narchie ibérique
Désappointée et forcée de renoncer à l'armée, la
reine s'est tournée du côté de l'Université. A tout
prendre, Albert est aussi bien docteur que soldat :
il est propre à tout. Aussitôt fait : Albert a été nom-
mé chancelier de l'Université de Cambridge. Son
installation vient d'avoir lieu, grande solennité à la-
quelle la reine a voulu présider sur un trône. Sa
harangue offre une phrase très remarquable. « Je
» vous donne l'assurance, a-t-elle dit, de l'approba-
» tion entière que j'accorde au choix que l'Universi-
» té a fait pour le poste de chancelier. »
L'Université eût été bien étonnée si la reine avait
désapprouvé son choix ; elle se serait crue en Es-
pagne.
Fier de l'approbation de sa souveraine, sa femme,
le prince Albert était radieux; il portait une magni-
fique robe de satin écarlate avec des franges d'or; cet
ajustement lui donnait la meilleure grâce du monde;
et M. Pasquier, cet autre chancelier, avec sa robe
de soie puce à queue, aurait été complètement é-
clipsë s'il eût paru dans la cérémonie.
On prétend que la reine Victoria, au milieu de sa
joie, a éprouvé cependant quelque regret. « Je ne
pourrais pas, aurait-elle dit, montrer en loge, à l'O-
péra, mon Albert avec sa robe rouge, comme s'il
eût porté un habit de général. »
ne singulière clause figure dans le traité de
la capitulation d'Oporto. C'est aux Espa-
gnols que la ville a été livrée, et non aux
troupes de Dona Maria ; elles n'ont pas même ob-
tenu le triste avantage d'y entrer à la suite des Es-
""""V*)" t paarnols. Ainsi les habitans d'Oporto préfèrent les é-
Plus moyen de les entortiller a 1 endroit de ces j r 0 ,, , 5
J , : , , . , j. . S trangers aux soldats de leur souveraine ; rien n'est
sortes d emprunts; us sont payes, cest-a-dire, je me j j ^ tt
trompe, ils ne sont pas payés pour savoir au juste ce | ^ u,s a, ' , ' , ,
, r 7 r r I Avant que ces evenemens eussent heu sur terre,
qu en vaut le coupon. i * i •
n , , ii,.- Ail nous avons vu les Anglais, sur mer, arrêter au pas-
Sans compter que les amateurs budgétaires et les I °, . r
L , r , „, . . , .° j il sage 1 escadre portugaise, >— sans tirer un seul coup
hauts barons de Wormspire ont exécute depuis quel- !,° „ , , ..... ^
! de canon, il faut leur rendre cette justice. On assure
années de telles razzias qu'il ne doit plus rien rester
à écornifler après eux dans les pauvres poches fran-
çaises. Mes braves emprunteurs castillans, vous pre-
nez donc mal votre temps, ce qui fait, je crois., que
vous ne pourrez pas prendre autre chose.
|es maris de reines sont un embarras. Qu'en
affaire? quel titre leur donner? Isabelle d'Es-
Ipagne, en désespoir de cause, a mis le sien
à la porte ; mais Victoria d'Angleterre, loin d'user de
ce moyen, serait capable, au contraire, de faire ou-
vrir à la fois toutes les portes du palais pour que son
mari, le prince Albert, pût entrer sans le moindre
obstacle par le nord, le midi, l'ouest et l'est, selon
sa fantaisie.
Mais plus on aime à le voir, plus on le favorise,
plus la question se reproduit. Qu'en faire ? quel titre
lui donner ?...Victoria avait d'abord songé à le nom-
mer généralissime des armées britanniques ; c'est un
beau poste et d'ailleurs rien n'est gentil comme un
militaire. Isabelle le sait si bien qu'elle a placé dans
sa cour Serrano, un vrai général, et que Christine,
pour le même motif, a fait prendre à Munoz un bril-
lant habit militaire, et en a fait ainsi un général doré
par le procédé Ruolz.
Mais il s'est trouvé que le prince Albert a été moins
heureux que Serrano et que Munoz. « Halte dans vos
projets, reine auguste, a dit Wellington. Je suis gé-
néralissime, et je n'ai nul désir de céder ce grade
élevé. Sans doute le prince Albert aurait pu gaguer
la bataille de Waterloo, ce n'était pas trop difficile,
la trahison aidant,— ceci soit dit entre nous, — mais
enfin il n'y était pas, et moi j'y ai assisté; donc je dois
en garder le bénéfice. »
que, s'il eût fallu se battre, deux vaisseaux de ligne
français étaient là tout près pour recevoir l'ordre
et au besoin les coups.
Bienheureuse Dona Maria ! quelle joie vous devez
éprouver à voir ce doux spectacle ! Tandis que vous
régnez en paix,—-les Anglais, d'un côté, vous pren-
nent vos vaisseaux,—les Espagnols, d'un autre côté,
vous prennent vos villes.
Mais il vous reste vos ministres.
AVIS AUX FEUILLETONISTES'
Le par-
quet n'é-
pargne plus
ni l'âge, ni
le sexe. M.
|Delangle
court sus au
•feuilleton.
Jusqu'ici
du moins on lui laissait ses coudées franches, on lui
permettait de babiller à son aise, on le traitait tout-
à-fait sans conséquence. C'était un des derniers ves-
tiges de la liberté de chanson qu'avaient nos pères.
Mais M. Delangle ne vivait pas au dix-huitième
siècle. Le roi mettait le poème épique à la Bastille ;
mais il aurait, lui, informé contre la chanson, et de-
mandé arrêt au parlement pour faire brûler le pont-
neuf par la main du bourreau.
Voilà donc le feuilleton passé à l'état de martyr. On
lui intente des procès-criminels, il va passer en cour
d'assises. De quoi l'accuse-t-on? de complot contre
la sûreté de l'État? d'attentat aux lois de septembre?
de crime contre les personnes et les propriétés?
Je ne sais pas quel est le forfait commis par le
feuilleton que M. Delangle vient de saisir ; mais il
y a longtemps que je connais ses parens ; il appar-
tient à une famille honnête et rangée, inoffensive
surtout. J'en répondrais comme de moi-même. Il
est socialiste, voyez le grand mal ; il croit que les
hommes finiront par avoir une queue, est-ce un cri-
me ? Depuis quand traite-t-on les fouriéristes comme
des conspirateurs, et que peut le code pénal contre
une utopie ?
Mais je veux supposer un instant que le feuilleton
se soit émancipé, qu'entraîné par un accès de lyris-
me, il ait outrepassé les bornes assignées à la litté-
rature passionnelle, à qui la faute? Pourquoi n'avez-
vous pas imposé silence au feuilleton du Journal des
Débats, lorsqu'il s'est mis à nous raconter avec tant
de complaisance, d'abandon et d'éloquence le furent
amor du notaire Ferrand ? N'avez-vous point laissé
Cecily se montrer toute nue dans Paris sur les tré-
teaux du roman ? Qui a retenu dans vos mains les
foudres de la justice ? Voulez-vous nous faire croire
que le Journal des Débats et la Démocratie paci-
fique ne pèsent pas d'un poids égal dans la balance
de Thémis?
Ah ! messieurs les feuilletonistes, vous alliez la
bride sur le cou, galopant çà et là dans tous les che-
mins où vous entraînait la fantaisie, parlant de tout
à propos d'un vaudeville, de morale, d'histoire, de
législation, de philosophie, de religion,sans y pren-
dre garde, sans en être plus fiers, ni demander pour
cela une place à l'Académie des sciences morales !
Vous comptiez sur votre esprit pour empêcher qu'on
prît au sérieux vos théories. Vous croyiez à la liberté
illimitée du feuilleton ; détrompez-vous, messieurs,
et prenez conseil d'un avocat avant d'envoyer votre
copie à l'imprimerie ; rétrécissez votre verve, bornez
votre horison d'un gendarme. Sans cela M. Delan-
gle pourrait bien vous faire expier vos paradoxes lit-
téraires, par cinq ou six ans de ce paradoxe philan-
thropique qu'on appelle une cellule de Doullens ou
du Mont-Saint-Michel.
Feuilletonistes, évitez surtout le roman socialiste;
M. Delangle' n'en comprend pas le truc. Il est de
l'école de Pigault-Lebrun; il saisit la Part des Fem-
mes, mais il adore Monsieur Botte et le Hussard
de Felsheim.
Quant à moi, je renonce dès aujourd'hui au feuil-
leton. Je ne pourrais m'empêcher d'attaquer ouver-
tement la tragédie, et M. Delangle le trouverait
peut-être mauvais. Puisse ma démission servit
d'exemple à mes confrères, et leur imprimer les idée»
de prudence et de modération indispensables à tout
littérateur du dix-neuvième siècle qui ne veut p»5
aller rédiger des bretelles et des chaussons de lisière
à Clairvaux.
CARILLON.
Afin de se soustraire à l'action de la justice, M-
Pellapra a allégué ses 75 ans. Il suffit donc d'avoir
des cheveux blancs pour l'être complètement d'ail-
leurs?
— M. Luneau a signalé un haut escroc en Alge-
rie,qui a été gracié après sa condamnation. Ici onse
fait gracier auparavant par une chose de poste.
— Il est convenu qu'on n'a rien à craindre du
briquet de Thémis,dès qu'on peut avoir pour soi u»
fouet de postillon.
— La justice donne, comme signalement de $
Pellapra, un nez aquilin. A son tour ce millionnair6
{La suite a la 4e page.)
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Avis aux feuilletonistes
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Entstehungsdatum
um 1847
Entstehungsdatum (normiert)
1842 - 1852
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 16.1847, Juillet (No. 182-212), S. 754
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg