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Le charivari — 49.1880

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Septembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.26450#1060
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LE CHARIVARI

Cette amitié a été touchante et pleine d’abnéga-
tion.

Il faut avoir sinon un grand esprit, du moins un
grand cœur pour se dévouer ainsi en s’effaçant.

Par malheur, M. Thiers est mort, et avec lui la
meilleure part de son fidèle.

Hofmann a fait l'Homme qui a perdu son reflet.

M. Barthélemy Saint-Hilaire, c’est le reflet qui a
perdu son homme.

FABRICE.

--

LE BDUILLET PDÜH RIRE

R

RONSARD.— A été pour la poésie ce que le pra-
ticien est pour la sculpture.

Il a dégrossi ; les autres ont sculpté plus tard.

ROQUELAURE. — Autres temps... autres hypo-
crisies.

Les outrages aux mœurs qui l’ont rendu célèbre
lui vaudraient aujourd’hui un tas de mois de prison.

ROSA (Salvator). — Sa prédilection pour les
sujets lugubres ou horribles me donne envie de
l’appeler Rosa Malheur.

ROSTOPCHIN.—- Un héroïque criminel qui fit de
la flamme du patriotisme une réalité.

ROTHSCHILD. — A fondé celle de toutes les dy-
nasties dont aujourd’hui le règne est le moins con-
testé.

ROTROU.— Une nébuleuse du ciel tragique.

ROTTERDAM. — Yoilà ce qu’on peut vraiment
appeler une ville d’eau.

ROUGET DE L’ISLE. — A vécu maritalement
avec l’Inspiration... pendant une nuit.

ROUSSEAU (Jean-Jacques). — On prétend que
le talent et la folie ne sont séparés que par une
mince cloison.

Chez Jean-Jacques la cloison avait des trous.

ROUSSEAU (J.-B.). Dumas a écrit un drame

intitulé : Kean ou Désordre et Génie.

Si j’avais à faire une pièce sur le poète ci-des-
sus, je l’appellerais : Jean-Baptiste Rousseau ou
Des Odes sans génie.

ROXELANE. - A propos d’elle, l’Histoire parle
du nez.

RUBENS. — Avec lui, c’est le verbe peindre qui
s’est fait chair.

UNE SATURNALE

— Je sais cela comme vous, il faut respecter les ins-
titutions; mais...

— Oui, certainement, elles ont des inconvénients, des
imperfections... Quelle loi n’en a pas sous certains rap-
ports?

— C’est avec cette tolérance, cette résignation qu’on
supporte pendant des siècles des choses...

— Voudriez-vous qu’on abolît tout ce qui n’est pas
parfait?

— Voyez, raisonnez. Puisque vous avouez vous-même
qu’il y a imperfection, eh bien ! la loi au moins devrait
permettre qu’on signalât ces imperfections, qu’on les
critiquât, ce serait la voie ouverte aujourd’hui aux a-
méliorations.

— Il me semble qu’elle le permet.

— Oui, quand l’opinion publique s’est si générale-
ment prononcée que le juge hésite à condamner; mais
dans le cas contraire le tribunal est impitoyable.

— Voyez le mariage, voilà une institution fonda-
mentale, s’il en fut; eh bien aujourd’hui on l’attaque
de tous les côtés, un député même s'en fait l’accusa-

RUDE.— Le bien nommé.

RUSSIE.— Le colosse de neige.

Gare le soleil Liberté !

RUTH. — Lisons la notice :

« Femme moabite qui, devenue veuve, suivit sa
belle-mère Noémi à Bethléem, se mit à glaner dans
le champ de Booz, un riche agriculteur, et réussit,
sur les conseils de Noémi, à se faire épouser. »

Hum ! Ne vous semble-t-il pas que voilà un
champ où il manquait un trottoir?

FANTASIO.



CHRONIQUE DU JOUR

Il y a des mots singuliers dans la langue françaisei
plus que singuliers, ils ont je ne sais quoi de sauvage,
tant par leur aspect graphique que par le son qu’ils
rendent, quand on les prononce.

Tant il y a qu’on ne les place guère dans la conver-
sation sans les accompagner d’une grimace. Et ainsi, à
la longue, la signification s’en est trouvée quelque peu
faussée.

« Grise » est du nombre.

Grise... qu’on a entendu et lu tant de fois cette se-
maine ;

Crise, dont la syllabe dure sort du fond de la gorge
comme le bruit de la toux ;

G’est même une fatalité de notre idiome que ce vo-
cable si maussade s’emploie dans deux cas principaux
et rapproche ainsi deux idées qui devaient rester abso-
lument distinctes : l’idée d’un changement de minis-
tère et celle d’un violent mal de dents !

Penser pourtant qu’il ne s’en faut que d’une lettre
que crise devienne cerise!

Je sais bien que « cerise ministérielle » n’aurait au-
cun sens. Mais on pourrait convenir de cet adoucisse-
ment, ne fut-ce que pour calmer les inquiétudes des
bourgeois trembleurs, et de tous ceux qui volontiers
se font une opinion sur les choses d’après le nom
qu’elles portent.

Une autre remarque est à faire sur la bêtise et la
mauvaise foi qui se font jour, quand il arrive que nous
changeons de ministère.

Si après quarante-huit heures de négociations pru-
dentes et sages le nouveau cabinet n’est pas encore
formé, d’aucuns crient au « gâchis! » La presse hostile
ne connaît pas d’autre mot; elle y insiste; elle le sou-
ligne ; elle le fait entrer dans la rubrique de ses articles
à sensation.

Si, par aventure, le cabinet est immédiatement re-
constitué, ce sont d’autres clameurs.

On se plaint de ce que le pouvoir a été pris d’assaut
par une bande de conjurés, qui s’étaient de longue date
préparés à ce coup de main.

Essayez donc, je vous en prie, de fixer le temps nor-
mal nécessaire à pareille opération.

Il est bien difficile de se représenter maintenant Dul-
cigno comme une ville. Ge serait plutôt une excrois-
sance douloureuse qui aurait poussé sur la peau du
globe.

Les Albanais parlent d’y mettre le feu.

La cautérisation réussit quelquefois dans les af-
fections de ce genre.

J’ai sur ma table un livre qui a un siècle de date, et
où je Irouve des indications curieuses sur le prix de la
vie pour les voyageurs qui visitaient Yenise à cette
époque.

Je cite :

« Il y a quelques bonnes auberges à Yenise : le Lou-
vre, le Lion-Blanc, TEcu-de-Franca...

» Au Louvre, on donne huit livres par jour, au Lion-
Blanc et à l’Ecu-de-France quelque chose de moins.

» Pour sept ou huit livres par jour, on a une des plus
jolies gondoles, avec deux gondoliers. Les gondoles or-
dinaires coûtent quinze sous par heure. »

De nos jours, les mêmes objets de consommation ont
très sensiblement baissé de prix, car le tarif n’en a
guère changé, tandis que l’argent a pris une valeur
moindre.

C’est que Yenise s’est apauvrie... Demandez pour-
quoi aux Autrichiens.

Vers la même époque, le voyageur anglais William
Coxe, relevait, en Suisse, cette mercuriale d’un marché
de denrées alimentaires.

Viande de boucherie. (la livre) K sous

Pain. » 3 »

Beurre. » 5 »

Fromage.,. » 5

Sel. » 3 »

Lait. (le pot) 3 »

Vin commun. (la bouteille) 3 »

Yin du pays de Yaud.. » 12 »

Etc.

Allez vous-y frotter maintenant !

Ge n’est pas que le mercantilisme des hôteliers
suisses s’élève au degré de férocité que la chronique
raconte.

Mais j’ai gardé un souvenir et aussi une note d’au-
berge qui se rapporte à cet ordre d’idées.

Il y a quelques années, en compagnie d’un mien
ami, je traversai le hameau de la Handeck, situé dans
le Haut-Hasly (canton de Berne).

G’est là que la rivière de l’Aar fait une chute de cin-
quante mètres ; comme qui dirait la Marne tombant du
haut des tours Notre-Dame. Or, pour bien jouir du
spectacle, il est bon de se placer dans un kiosque bâti
tout exprès, et dont l’entrée coûte 50 centimes ; ce que
nous ne manquâmes pas de faire.

D’où cette note :

Deux dîners. 7 fr.

Une bouteille d’Yvorne. 3 50

Deux chambres. 5 »

Deux cascades. 1 »

Pour copie conforme:

Albert de Lasalle.

Le gérant : Altarochk.

teur public ; encore quelques mois, et vous allez voit
quelle modification on y fera. Vous connaissez la pro-
position Naquet ?

— Approuvé. Yoilà des siècles, sauf de rares inter-
valles, que fort souvent les conjoints étaient indissolu-
blement liés l’un à l’autre, comme deux forçats, par la
chaîne, sous prétexte qu’ils ont juré devant M. le
maire une fidélité éternelle ; et les malheureux ne pou-
vaient se regarder en face par incompatibilité d’hu-
meur. Belle raison! Aussi en voit-on tous les jours les
résultats : des adultères, des crimes,

— Sans doute; mais il y a la question des enfants.

— G’est cela, pour que les enfants aient un père, on
impose à l’époux qui sait fort bien ne l’être pas, l’obli-
gatoire de les reconnaître comme siens. Belle loi !

— Tout cela, c’est bien difficile à arranger.

— Il faut avouer que les législateurs ont pris le
moyen le plus facile : ne pouvant dénouer le nœud, ils
l’ont tranché; véritables Alexandres! Heureusement
que M. Naquet !...

— Vous verrez que d’autres inconvénients surgiront.

— Il y a en effet bien d’autres détails inconvenants
dans cette fameuse institution du mariage. Quand je
dis inconvenants, je veux adoucir l’expression, je de-
vrais dire scandaleux.

— Oh I Oh I Scandaleux 1

— Pour moi, je n’y puis songer sans rougir, et dieu
sait que je ne suis pas bégueule.

— Moi aussi, je le sais.

— Mais c’est pour la pauvre enfant que je rougis ;

aussi voyez-les le jour du mariage, plus elles sont
pures, innocentes, plus bas elles baissent les yeux ; le
feu de la pudeur leur monte jusqu’aux oreilles.

— Je ne vous comprends pas bien.

— Vous allez comprendre, si vous voulez me suivre
et vous reporter à une cérémonie de mariage. Depuis le
premier moment jusqu’au dernier, c’est honteux.

— Je vous suis.

— G’est d’abord la toilette de la mariée. Tout le monde
s’y prête, parents, amis, voisines. G’est à qui la fera la
plus gentille possible. Pourquoi? Belle question! Pour
plaire à celui qui va être son mari, pour le séduire. —
Décolette-toi donc un peu plus, ma fille; tu as l’air
d’une religieuse. C’était bon hier, mais aujourd’hui...
Maintenant, plaçons la couronne de fleurs d’oranger...
Demain, ma chère enfant, tu ne pourras plus la porter.
(La pauvre petite rougit jusqu’au fond de l’âme ; ses
compagnes chuchotent en souriant. Tout le monde a
compris.)

Nous ne sommes encore qu’au point de départ, voilà
le but bien indiqué.

— C’est vous qui malignement l’indiquez.

— C’est si peu moi que tout à l’heure tous lés assis-
tants vont se charger d’être plus explicites.

— Ceux qui ne savent pas vivre.

— Noce du grand monde ou noce du petit monde,
c’est toujours la même chose; les propos sont plus ou
moins bien habilement déguisés, voilà toute la diffé-
rence. Mais lisez dans les yeux étincelants de lubricité
des hommes, dans le sourire contenu des femmes, vous
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