LE CHARIVARI
— J’ai vingt-deux ans et pas de corset. Dot,
25,000 francs. Des espérances.
A creuser.
X
Dure condition que celle d’un directeur-écrivain.
L'homo duplex a des exigences impitoyables.
A preuve notre confrère et ami Jules Claretie.
On lui avait* demandé de porter à la scène son ro-
man : Candidat. Il a refusé.
Étant directeur, il ne peut, dit-il, faire ou laisser
faire œuvre de théâtre avec ses livres. Il a, par les
mêmes scrupules, refusé pour cet hiver, malgré les
instances amicales des directeurs du Vaudeville,
une pièce que M. Paul Ferrier devait tirer d’un autre
de ses romans.
Il nous semble que le scrupule est excessif.
Et très regrettable pour nous, puisqu’il nous prive
de pièces à succès.
X
On a déposé quelques couronnes, l’autre jour, sur
la tombe de Bélanger.
Quelques! !...
Il y en avait bien six I
Si vous aimez les contrastes, relisez maintenant le
récit des funérailles de ce même Béranger, à qui tout
un peuple faisait cortège.
Malheur aux morts !
Notre époque les dédaigne si vite.
Et cependant on a, pour Béranger, été d’une injus-
tice qui révolterait, si elle n’avait été précédée d’en-
gouements qui l’expliquent.
X
On avait forcé la note dans le sens de l’admiration.
On l’a forcée dans le sens du dénigrement.
C’est comme cela que nous pratiquons en France
le système des compensations.
Qu’on nous en donne donc, des Béranger, aujour-
d’hui, à la place des bardes qui chaulent le Bi du
bout du banc, à la place des fabricants qui confec-
tionnent les P aulas sonner les courantes.
On verra si la comparaison n’est pas à l’avantage
du vieux jeu !
Tout le monde fournissant ici son mot pour le
Dictionnaire de Charenton, voici le mien :
MARIAGE. — Où il y en a pour deux, il y en a
pour trois.
PSITT.
--
LA DÉFENSE DE MERCEDES
Opéra-drame en trois actes et trois tableaux
ACTE PREMIER
La scène représente une maison, à Londres, sur
une place plantée d’arbres. Portes et fenêtres barri-
cadées et matelassées.
Un homme masqué se promène avec agitation
sur la place. Il est facile de reconnaître M. Rubau-
Donadeu, avocat espagnol et fulgurant, ex-tuteur
de Mlle Mercédès.
L’homme masqué s’arrête tout à coup, regarde la
fenêtre et chante avec rage et sentiment :
Entrerai-je dans la maison ?
La même phrase quarante-cinq fois répétée avec
des modulations variées.
Le chœur. —
Ah ! la douce espérance I
Je renais au bonheur...
Lui, à ses hommes. — Tout le monde est-il à son
poste? L’attaque dans vingt-cinq minutes. Une der-
nière sommation. En cas de refus, à l’assaut. Sang
et feu! Mort et damnation! Coupez, taillez, tuez,
abattez, démolissez ! Pas de quartier ! Grâce seule •
ment pour Mercédès. Vous la mettez en selle sur le
cheval qui attend au coin de la place. Et en avant !
Un pendant à Mazeppa !...
ACTE DEUXIÈME
A l’intérieur de la maison. Cachée derrière un ri-
deau de la fenêtre, Mlle Mercédès regarde sur la
place et chante avec inquiétude :
Entrera-t-il dans la maison ?
Le chœur. —
Ah ! la douce espérance !
Je renais au bonheur...
Elle. — OMielvaque! faut-il que je t’aime! Quel
terrible combat va se livrer sous mes yeux ! Ce n’est
pas que j’en sois autrement fâchée. C’est toujours
agréable pour une femme d’allumer ces passions fu-
rieuses. Ceci commence comme le siège de Troie. Je
suis Hélène. O Miel vaque, serais-tu Ménélas?...
ACTE TROISIÈME
Le corridor de la maison. Un gentilhomme couvert
d’une armure complète, la lance au poing, visière
baissée, arpente le corridor.
Il chante d’une voix caverneuse :
Point n’entrera dans la maison.
Le CHŒUR. —
Ah ! la douce espérance !
Je renais au bonheur...
Lui. — Soldats, êtes-vous tous à votre poste? Ar-
tilleurs, combien de coups à tirer à vos pièces? Cin-
quante gargousses par pièce? Ce ne sera pas trop.
Nous sommes vingt-cinq hommes résolus à mourir,
n’est-ce pas, plutôt que de rendre Mercédès?
Tous. — Oui !
Lui, chantant, des larmes dans la voix :
Idole si douce et si chère,
O toi qui vois tous mes combats,
O toi, mon seul bien sur la terre,
O Mercédès, guide mes pas !
(Parlé :) Il est seulement fâcheux que son divorce
ne soit pas bon. Qui diable aurait pu supposer que
les magistrats anglais feraient la petite bouche! Je
m’étais figuré que notre mariage s’effectuerait en
deux temps et trois mouvements. Que d’embête-
ments évités, alors! (Chantant avec feu .•)
Amis, secondez ma vaillance...
Et visez au nez. Quel nez ! Il s’allonge visible-
ment. Soldats, cette guerre sera longue et difficile :
mais, rassurez-vous, nous avens devant nous (rois
mois de vivres et de munitions. Vous ne manquerez
de rien, je vous le jure. J’ai, d’ailleurs, consulté la
somnambule; elle m’a promis la victoire. Allons,
tous, mes amis, â^rotre poste de combat !...
Les choses en étaient là aux dernières nouvelles
d'Angleterre.
dernières nouvelles
Le Times publie la dépêche suivante :
— Les opérations du siège sont commencées. M.
Rubau a crié : « Rends-la moi ! » M. Mielvaque a
répondu : « Viens la prendre ! » La ville de Londres
est hésitante; les magasins sont fermés.
On lit dans le Standard :
— Après quatre heures de combat, une suspension
d’armes a été proposée par l’assiégeant. M. Rubau,
animé tout à coup des intentions les plus concilian-
tes, a offert à M. Mielvaque d’introduire dans la
maison un cheval de bois, histoire de distraire un
peu Mlle Mercedès pendant cette horrible lutte.
M. Mielvaque a refusé en disant : «Je crains les Da-
nois. » Danaos, Danois. Evidemment, M. Mielvaque
est très troublé, à moins, toutefois, qu’il n’ait jamais
traduit Virgile.
On assure, à la dernière heure, que M. Rubau a
demandé un renfort d’artillerie.
Quelle guerre, grands dieux, quelle guerre !
La Bourse a baissé de trois francs.
Pour copie conforme :
Jack.
CURACAO SAINTOIN
Moutarde A. BIZOU ARD- DIJON, supériorité reconnue.
-—--•
CHRONIQUE DU JOUR
Mérante — le prince Charmant et l’nabile metteur en
scène de tous les ballets de l’Opéra — vient de mourir
dans sa jolie propriété de la rue de Bécon, à Courbe-
voie.
Fils et frère deballérins célèbres, sa famille le desti-
nait, nonobstant, à porter la robe ecclésiastique et le
petit collet, lorsque le sang de sa race, qui bouillait
dans ses jambes, le poussa à endosser le maillot de soie
blanche et le caleçon pailleté de ces toupies humaines
qu’on appelle des danseurs.
Mérante débuta, en 1848, dans un pas de deux inter-
calé dans la Jolie fille de Gand, — et Dieu sait, depuis
cette époque, combien de ravissantes créatures il a re-
çues dans ses bras pour faire apothéose !
Très leste, très gracieux, très correct, doué de vérita-
bles qualités d'élévation et de parcours, — je ne parle
pas de ces derniers temps, — on eût pu lui appliquer le
mot de Vestris sur son fils Auguste :
— Alors qu’il s’est élevé en i’air, s il consent parfois à
redescendre, c’est tout simplement pour ne pas désobli-
ger ses camarades.
La certitude de doubler son capital est l’attrait prin-
cipal du type des obligations nouvelles de Panama. Mais
ce qu’il y a de particulier dans cette émission, c’est que
ce doublement de capital, soumis aux chances de ti-
rages ayant lieu tous les deux mois, peut arriver beau-
coup plus vite et pour tous les obligataires, sans excep-
tion.
En effet, Vobligation nouvelle de Panama de la deuxième
série, émise le 26 juillet à 440 fr. (et qui ne reviendra
qu’à 432 fr. 50 à ceux qui se libéreront entièrement
après la répartition), jouissant d’un revenu de 30 fr.,
représente, en sus du doublement du capital, un intérêt
de plus de 6 0/0 par an.
Or, le jour de l’ouverture du Canal de Panama, il est
évident que les obligations de ce second Canal-Lesseps
vaudront exactement ce que valent les obligations du
premier Canal-Lesseps, du Canal de Suez.
Les obligations nouvelles de la deuxième série de l’é-
mission du 26 juillet ont des tirages et des payements
de coupons qui alternent avec les tirages et les coupons
de la première série ; ce qui fait que les souscripteurs
de la première série n’ont qu’à faire une souscription
égale de la deuxième série (30 francs par titre souscrit
à la souscription) pour jouir d’un tirage tous les mois et
toucher leur coupon huit fois par an.
Sur les côtes normande et bretonne, tout est plein :
hôtels, auberges et cabarets!
Un Parisien se présente dan=; l’un de ces derniers et,
s’adressant à la maîtresse de la maison :
— Madame, je désire une chambré...
— Sans punaises?
— Naturellement.
— Ce sera un louis par jour.
— Diable!
L’hôtesse, prenant un air gracieux :
— Oh ! mais nous en avons pareillement à cent sous...
— Avec punaises?
— Naturellement.
Ce qui se débite, dans ces milieux, de petits riens qui
ne manquent pourtant ni de saveur, ni de couleur!...
— Je suis de Paris...
— Moi aussi.
— Je fais des affaires...
— Moi aussi.
— J’habite le quartier de la Bourse...
— Moi aussi.
— Tiens! mais c’est drôle, alors...
— Quoi donc?
— Nous devons avoir le même huissier!
Les Parisiennes ont emporté là-bas un peu de l’esprit
du boulevard :
— Ah çà! monsieur, allez-vous donc me suivre long-
temps de la sorte?
— Mais toujours, chère madame, toujours!
— Je vous prie de me laisser tranquille...
— Jamais!
— Mais enfin que demandez-vous?
— Une place dans votre cœur!
— Trop tard : il y a quelqu'un!
Mlle Guibollardinette écrivait dernièrement à l’élu de
son cœur :
« Mon cher ami,
» Mon propriétaire est un homme dépourvu de déli-
catesse.
» Ne menace-t-il pas de me flanquer à la porte au-
jourd’hui, 15 juillet, — jour du terme, — par rapport
aux trois autres qui ne sont pas payés.
« Je viens donc faire un appel à tes sentiments en te
priant de ne pas me laisser dans l’embarras :
Ce n'est pas Boulange, lange...
C'est trois cents francs qu'il me faut !
» Ta fidèle et reconnaissante
» Clara.
» Post-Scriptum. — J’étais si honteuse de te deman-
der de l’argent, que j’ai couru après le commission-
naire pour lui reprendre ma lettre...
» Mais je n’ai pas pu le rattraper! »
Charles Merteuil.
— J’ai vingt-deux ans et pas de corset. Dot,
25,000 francs. Des espérances.
A creuser.
X
Dure condition que celle d’un directeur-écrivain.
L'homo duplex a des exigences impitoyables.
A preuve notre confrère et ami Jules Claretie.
On lui avait* demandé de porter à la scène son ro-
man : Candidat. Il a refusé.
Étant directeur, il ne peut, dit-il, faire ou laisser
faire œuvre de théâtre avec ses livres. Il a, par les
mêmes scrupules, refusé pour cet hiver, malgré les
instances amicales des directeurs du Vaudeville,
une pièce que M. Paul Ferrier devait tirer d’un autre
de ses romans.
Il nous semble que le scrupule est excessif.
Et très regrettable pour nous, puisqu’il nous prive
de pièces à succès.
X
On a déposé quelques couronnes, l’autre jour, sur
la tombe de Bélanger.
Quelques! !...
Il y en avait bien six I
Si vous aimez les contrastes, relisez maintenant le
récit des funérailles de ce même Béranger, à qui tout
un peuple faisait cortège.
Malheur aux morts !
Notre époque les dédaigne si vite.
Et cependant on a, pour Béranger, été d’une injus-
tice qui révolterait, si elle n’avait été précédée d’en-
gouements qui l’expliquent.
X
On avait forcé la note dans le sens de l’admiration.
On l’a forcée dans le sens du dénigrement.
C’est comme cela que nous pratiquons en France
le système des compensations.
Qu’on nous en donne donc, des Béranger, aujour-
d’hui, à la place des bardes qui chaulent le Bi du
bout du banc, à la place des fabricants qui confec-
tionnent les P aulas sonner les courantes.
On verra si la comparaison n’est pas à l’avantage
du vieux jeu !
Tout le monde fournissant ici son mot pour le
Dictionnaire de Charenton, voici le mien :
MARIAGE. — Où il y en a pour deux, il y en a
pour trois.
PSITT.
--
LA DÉFENSE DE MERCEDES
Opéra-drame en trois actes et trois tableaux
ACTE PREMIER
La scène représente une maison, à Londres, sur
une place plantée d’arbres. Portes et fenêtres barri-
cadées et matelassées.
Un homme masqué se promène avec agitation
sur la place. Il est facile de reconnaître M. Rubau-
Donadeu, avocat espagnol et fulgurant, ex-tuteur
de Mlle Mercédès.
L’homme masqué s’arrête tout à coup, regarde la
fenêtre et chante avec rage et sentiment :
Entrerai-je dans la maison ?
La même phrase quarante-cinq fois répétée avec
des modulations variées.
Le chœur. —
Ah ! la douce espérance I
Je renais au bonheur...
Lui, à ses hommes. — Tout le monde est-il à son
poste? L’attaque dans vingt-cinq minutes. Une der-
nière sommation. En cas de refus, à l’assaut. Sang
et feu! Mort et damnation! Coupez, taillez, tuez,
abattez, démolissez ! Pas de quartier ! Grâce seule •
ment pour Mercédès. Vous la mettez en selle sur le
cheval qui attend au coin de la place. Et en avant !
Un pendant à Mazeppa !...
ACTE DEUXIÈME
A l’intérieur de la maison. Cachée derrière un ri-
deau de la fenêtre, Mlle Mercédès regarde sur la
place et chante avec inquiétude :
Entrera-t-il dans la maison ?
Le chœur. —
Ah ! la douce espérance !
Je renais au bonheur...
Elle. — OMielvaque! faut-il que je t’aime! Quel
terrible combat va se livrer sous mes yeux ! Ce n’est
pas que j’en sois autrement fâchée. C’est toujours
agréable pour une femme d’allumer ces passions fu-
rieuses. Ceci commence comme le siège de Troie. Je
suis Hélène. O Miel vaque, serais-tu Ménélas?...
ACTE TROISIÈME
Le corridor de la maison. Un gentilhomme couvert
d’une armure complète, la lance au poing, visière
baissée, arpente le corridor.
Il chante d’une voix caverneuse :
Point n’entrera dans la maison.
Le CHŒUR. —
Ah ! la douce espérance !
Je renais au bonheur...
Lui. — Soldats, êtes-vous tous à votre poste? Ar-
tilleurs, combien de coups à tirer à vos pièces? Cin-
quante gargousses par pièce? Ce ne sera pas trop.
Nous sommes vingt-cinq hommes résolus à mourir,
n’est-ce pas, plutôt que de rendre Mercédès?
Tous. — Oui !
Lui, chantant, des larmes dans la voix :
Idole si douce et si chère,
O toi qui vois tous mes combats,
O toi, mon seul bien sur la terre,
O Mercédès, guide mes pas !
(Parlé :) Il est seulement fâcheux que son divorce
ne soit pas bon. Qui diable aurait pu supposer que
les magistrats anglais feraient la petite bouche! Je
m’étais figuré que notre mariage s’effectuerait en
deux temps et trois mouvements. Que d’embête-
ments évités, alors! (Chantant avec feu .•)
Amis, secondez ma vaillance...
Et visez au nez. Quel nez ! Il s’allonge visible-
ment. Soldats, cette guerre sera longue et difficile :
mais, rassurez-vous, nous avens devant nous (rois
mois de vivres et de munitions. Vous ne manquerez
de rien, je vous le jure. J’ai, d’ailleurs, consulté la
somnambule; elle m’a promis la victoire. Allons,
tous, mes amis, â^rotre poste de combat !...
Les choses en étaient là aux dernières nouvelles
d'Angleterre.
dernières nouvelles
Le Times publie la dépêche suivante :
— Les opérations du siège sont commencées. M.
Rubau a crié : « Rends-la moi ! » M. Mielvaque a
répondu : « Viens la prendre ! » La ville de Londres
est hésitante; les magasins sont fermés.
On lit dans le Standard :
— Après quatre heures de combat, une suspension
d’armes a été proposée par l’assiégeant. M. Rubau,
animé tout à coup des intentions les plus concilian-
tes, a offert à M. Mielvaque d’introduire dans la
maison un cheval de bois, histoire de distraire un
peu Mlle Mercedès pendant cette horrible lutte.
M. Mielvaque a refusé en disant : «Je crains les Da-
nois. » Danaos, Danois. Evidemment, M. Mielvaque
est très troublé, à moins, toutefois, qu’il n’ait jamais
traduit Virgile.
On assure, à la dernière heure, que M. Rubau a
demandé un renfort d’artillerie.
Quelle guerre, grands dieux, quelle guerre !
La Bourse a baissé de trois francs.
Pour copie conforme :
Jack.
CURACAO SAINTOIN
Moutarde A. BIZOU ARD- DIJON, supériorité reconnue.
-—--•
CHRONIQUE DU JOUR
Mérante — le prince Charmant et l’nabile metteur en
scène de tous les ballets de l’Opéra — vient de mourir
dans sa jolie propriété de la rue de Bécon, à Courbe-
voie.
Fils et frère deballérins célèbres, sa famille le desti-
nait, nonobstant, à porter la robe ecclésiastique et le
petit collet, lorsque le sang de sa race, qui bouillait
dans ses jambes, le poussa à endosser le maillot de soie
blanche et le caleçon pailleté de ces toupies humaines
qu’on appelle des danseurs.
Mérante débuta, en 1848, dans un pas de deux inter-
calé dans la Jolie fille de Gand, — et Dieu sait, depuis
cette époque, combien de ravissantes créatures il a re-
çues dans ses bras pour faire apothéose !
Très leste, très gracieux, très correct, doué de vérita-
bles qualités d'élévation et de parcours, — je ne parle
pas de ces derniers temps, — on eût pu lui appliquer le
mot de Vestris sur son fils Auguste :
— Alors qu’il s’est élevé en i’air, s il consent parfois à
redescendre, c’est tout simplement pour ne pas désobli-
ger ses camarades.
La certitude de doubler son capital est l’attrait prin-
cipal du type des obligations nouvelles de Panama. Mais
ce qu’il y a de particulier dans cette émission, c’est que
ce doublement de capital, soumis aux chances de ti-
rages ayant lieu tous les deux mois, peut arriver beau-
coup plus vite et pour tous les obligataires, sans excep-
tion.
En effet, Vobligation nouvelle de Panama de la deuxième
série, émise le 26 juillet à 440 fr. (et qui ne reviendra
qu’à 432 fr. 50 à ceux qui se libéreront entièrement
après la répartition), jouissant d’un revenu de 30 fr.,
représente, en sus du doublement du capital, un intérêt
de plus de 6 0/0 par an.
Or, le jour de l’ouverture du Canal de Panama, il est
évident que les obligations de ce second Canal-Lesseps
vaudront exactement ce que valent les obligations du
premier Canal-Lesseps, du Canal de Suez.
Les obligations nouvelles de la deuxième série de l’é-
mission du 26 juillet ont des tirages et des payements
de coupons qui alternent avec les tirages et les coupons
de la première série ; ce qui fait que les souscripteurs
de la première série n’ont qu’à faire une souscription
égale de la deuxième série (30 francs par titre souscrit
à la souscription) pour jouir d’un tirage tous les mois et
toucher leur coupon huit fois par an.
Sur les côtes normande et bretonne, tout est plein :
hôtels, auberges et cabarets!
Un Parisien se présente dan=; l’un de ces derniers et,
s’adressant à la maîtresse de la maison :
— Madame, je désire une chambré...
— Sans punaises?
— Naturellement.
— Ce sera un louis par jour.
— Diable!
L’hôtesse, prenant un air gracieux :
— Oh ! mais nous en avons pareillement à cent sous...
— Avec punaises?
— Naturellement.
Ce qui se débite, dans ces milieux, de petits riens qui
ne manquent pourtant ni de saveur, ni de couleur!...
— Je suis de Paris...
— Moi aussi.
— Je fais des affaires...
— Moi aussi.
— J’habite le quartier de la Bourse...
— Moi aussi.
— Tiens! mais c’est drôle, alors...
— Quoi donc?
— Nous devons avoir le même huissier!
Les Parisiennes ont emporté là-bas un peu de l’esprit
du boulevard :
— Ah çà! monsieur, allez-vous donc me suivre long-
temps de la sorte?
— Mais toujours, chère madame, toujours!
— Je vous prie de me laisser tranquille...
— Jamais!
— Mais enfin que demandez-vous?
— Une place dans votre cœur!
— Trop tard : il y a quelqu'un!
Mlle Guibollardinette écrivait dernièrement à l’élu de
son cœur :
« Mon cher ami,
» Mon propriétaire est un homme dépourvu de déli-
catesse.
» Ne menace-t-il pas de me flanquer à la porte au-
jourd’hui, 15 juillet, — jour du terme, — par rapport
aux trois autres qui ne sont pas payés.
« Je viens donc faire un appel à tes sentiments en te
priant de ne pas me laisser dans l’embarras :
Ce n'est pas Boulange, lange...
C'est trois cents francs qu'il me faut !
» Ta fidèle et reconnaissante
» Clara.
» Post-Scriptum. — J’étais si honteuse de te deman-
der de l’argent, que j’ai couru après le commission-
naire pour lui reprendre ma lettre...
» Mais je n’ai pas pu le rattraper! »
Charles Merteuil.