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Chevalier, Casimir; Anastasi, Auguste-Paul-Charles [Ill.]
Naples, le Vésuve et Pompéi: croquis de voyage — Tours: Alfred Mame et fils, éditeurs, 1886

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https://doi.org/10.11588/diglit.57603#0145
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ASCENSION DU VÉSUVE 141
un amas de débris entassés pêle-mêle. La structure en est beaucoup
plus régulière qu’il ne semble au premier abord, et nous pûmes nous
en convaincre en examinant une large fissure ouverte à la base du cône,
du côté de la Somma. A en juger par ce point, on dirait que le cône
entier se compose d’un certain nombre de couches concentriques de
laves, de scories et de sables alternants. L’un de nos compagnons sou-
tenait cette thèse, que chaque pluie de projectiles tombée de la partie
supérieure a pris la forme de la surface extérieure de la colline, de
sorte qu’une suite d’enveloppes coniques se sont superposées les unes
aux autres, depuis la création du noyau primitif jusqu’à ce que l’agréga-
tion de la montagne entière fût complète. J’avoue que je ne partage
pas cette opinion, quoiqu’elle ait été soutenue avec talent par l’éminent
géologue Lyell, et j’aime mieux croire avec de Buch que le noyau pri-
mitif du Vésuve a été formé par voie de soulèvement du sol, et non
par l’accumulation des matériaux en forme de cône autour de la bouche
centrale d’éruption.
Vous pensez bien qu’en revenant à l’ermitage le Vésuve fut l’unique
objet de notre conversation. Pour la plupart, nous voyions dans les
orifices volcaniques des évents, des soupapes de sûreté, destinés à
donner issue aux matières embrasées et aux fluides élastiques produits
par le feu central, et à prévenir ainsi la rupture et l’explosion de la
frêle enveloppe de notre globe. A ce sujet, un de nos amis nous expli-
quait l’ingénieuse théorie de Cordier. Selon cet habile géologue, nous
disait-il, il n’y a là qu’un résultat simple et naturel du refroidissement
intérieur du globe. Ce refroidissement entraîne un double effet : d’une
part, l’écorce solide se contracte de plus en plus par la diminution gra-
duelle de la chaleur, et de l’autre, le rayon terrestre se trouvant rac-
courci, l’enveloppe terrestre, par suite de l’accélération insensible du
mouvement de rotation, perd chaque année de sa capacité intérieure. Il
en résulte que la masse fluide interne est soumise à une pression crois-
sante, occasionnée par ces deux forces, dont la puissance est immense,
quoique les effets en soient très peu sensibles en eux-mêmes. Cette
pression fait jaillir les laves au dehors par les soupapes de sûreté, je
veux dire par les bouches volcaniques. En prenant, disait Cordier, un
kilomètre cube comme le produit maximum d’une éruption, et en sup-
posant à l’écorce du globe une épaisseur moyenne de cent kilomètres, il
suffirait d’une contraction capable de raccourcir le rayon moyen de la
masse centrale de de millimètre pour produire la masse d’une érup-
tion. En partant de ces données, et en supposant cinq éruptions consi-
dérables par an, le résultat raccourcira le rayon terrestre d’à peine
un millimètre par siècle 1 « Comme vous le voyez, concluait notre inter-
 
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