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Choiseul-Gouffier, Marie Gabriel Florent Auguste de
Voyage pittoresque de la Grèce (Band 2,2) — Paris, 1822

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https://doi.org/10.11588/diglit.1013#0024
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348 VOYAGE PITTORESQUE

par un adroit mélange des opinions religieuses alors généralement
adoptées. Avec un peu de réflexion, il ne sera mémo pas impossible
de distinguer la partie historique de cette production, et de l'isoler
des fictions brillantes qu'enfanta le besoin inné dans l'homme de
recourir à un être tout-puissant et d'en invoquer, d'en espérer la
lutélairc intervention. Les Grecs, qui ne se figuroient leurs dieux que
revêtus de formes humaines, et qui les supposoient toujours prêts à
prendre part aux combats et aux jeux des mortels, n'étoient pas surpris
qu'on leur présentât Minerve volant sur les rctranchemens, Apollon
encourageant les Troyens du haut de la citadelle, ou Neptune sortant
du sein des eaux. Ce qui, pour nous, est une fable évidente, une fiction
absolue, n'étoit pour eux que la supposition d'un lait conforme à leur
croyance, et qui ne répugnoit nullement à leur raison. Les guerriers ne
manquoient point, dans leurs dangers, d'invoquer le secours des dieux
qu'ils révéroient; on pouvoit, on devoit donc croire que ceux-ci
s'étoient rendus à leurs vœux; et le poète ne faisoit ainsi que peindre,
dans ses vers, ce que ses auditeurs avoionl eux-mêmes souvent cru voir.

Les esprits forts de ces temps d'erreur se bornèrent sans doute
long-temps encore à croire que le siècle des miracles pouvoit bien être
passé; mais aucun d'eux n'alloit jusqu'à se tenir parfaitement sûr que
jadis les dieux n'avoient point été dans l'habitude de descendre sur la
terre, et d'influer sur le sort des foibles humains. Il est aisé de se
convaincre que ces pieuses illusions, si fécondes en beautés de tout
genre, et qui répandent tant de charmes sur l'ensemble du poème,
ne sont cependant que des ornemeus appliqués sur un fond plus solide,
dont on pourra mieux juger la nature, si on l'examine dégage de ces
richesses qui en relèvent l'éclat, mais qui lui sont étrangères. Il ne sera
pas impossible de réduire tous les combats de l'Iliade, et l'attaque du
camp, et les exploits des dieux et des héros, à une simple relation
militaire, toujours intéressante, mais qui n'aura plus rien de trop
merveilleux; peut-être même sa clarté surprendra-t-elle ceux qui, après
un premier et vain effort, tombés dans le découragement, se souviennent
encore de la fatigue que leur causèrent ces nombreux récits de batailles,
d'attaques et de retraites dont ils ne pouvoient suivre l'enchaînement
et bien comprendre toutes les circonstances.

J'espère qu'il n'en sera bientôt plus de même; à l'aide d'une parfaite
connoissance des lieux, un grand nombre des tableaux d'Homère
clairement reconnus, des conjectures motivées et exemptes de toute
exagération; quelquefois aussi des hypothèses, dn-moins assez spécieuses,
 
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