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Choiseul-Gouffier, Marie Gabriel Florent Auguste de
Voyage pittoresque de la Grèce (Band 2,2) — Paris, 1822

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https://doi.org/10.11588/diglit.1013#0025
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DE LA GRÈCE. 3^9

substituées, faute de mieux, à une certitude qu'il seroit déraisonnable
de prétendre obtenir, produiront le degré de vraisemblance dont, en
pareil cas, il y auroit par trop d'exigeance à ne pas se contenter. Ce ne
sera, si l'on veut, qu'un de ces romans historiques sur lesquels des
faits véritables, un plus grand nombre d'accessoires ingénieusement
inventés, et surtout le prestige attaché à des noms célèbres, répandent,
quoi qu'on en puisse dire, un intérêt de plus : mais qu'on se rassure;
cen'estpas moi qui en serai l'auteur, c'est Homère lui-même. Instruit
par la tradition de l'emplacement qu'avoit occupé le Camp des Grecs,
il en a fait une description adaptée au terrain; mieux entendue, elle
prouvera désormais qu'il avoit une juste idée, qu'il s'étoit rendu un
compte exact de l'étendue de cette plage, et de la possibilité d'y placer
le nombre de troupes et de vaisseaux dont alors on croyoit savoir que
l'armée des Atrides avoit été composée.

Avec quel degré de fidélité la tradition avoit-ellc conservé ces
souvenirs? Quels sont les détails dont le poète pouvoit se croire certain?
Quels sont ensuite ceux qu'il a inventés? C'est ce qu'il seroit, pour le
moins, fort téméraire de prétendre déterminer avec précision. Nous
aurons fait plus que la nature du sujet ne semble le comporter, si
nous prouvons que le poète a placé les mille vaisseaux des Grecs sur
un terrain propre à les recevoir, et que, dans l'apparente confusion de
tant de combats, malgré les mouvemens si variés des chefs et des
troupes, il ne se présente plus un passage qui soit en formelle contra-
diction avec les vers qui le suivent ou le précèdent; si presque toutes
les difficultés qui ont jusqu'à présent embarrassé les commentateurs,
disparoissent et s'aplanissent à l'aspect des lieux. Le tracé fidèle que
j'en ai obtenu offre une donnée certaine, qui semble justifier la hardiesse
de mes conjectures, et me permettre l'espoir de pénétrer les véritables
intentions de l'auteur du poëme. Mais je voudrois bien qu'on ne se
méprit pas sur les miennes, et qu'on ne m'attribuât pas un genre de
prétention dont je ne suis nullement disposé à accepter le ridicule. Je
n'ai pas celui de vouloir apprendre au public ce qui s'est véritablement
passé dans la guerre de Troie, sur laquelle il seroit assurément difficile
de se procurer aujourd'hui des notions nouvelles; je me flatte seulement
d'éclaircir et de rendre plus sensible ce qu'Homère a voulu faire
entendre, de donner à ses admirateurs ce genre de satisfaction que
produit toujours la vérité de l'imitation.

Pour l'acquit de ma conscience, je ne dois pas non plus dissimuler^
au plus grand nombre des lecteurs, que ces recherches seront plus
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