4 L’ŒUVRE GRAVÉ DE WATTEAU.
— où, on le verra, figurent des estampes parues seulement en 1735, — étaient encore loin
d’être réunis.
L’ordre véritable d’apparition, c’est, tout simplement :
1 °-2° Les Figures de differents caraderes, publiées originairement en deux volumes, l’un en
172b & l’autre en 1728;
j°-4° L’Œuvre gravé, composé de pièces d’abord vendues isolément, puis réunies en deux
volumes en 1735.
Aussi bien, cet ordre est-il conforme à la tomaison portée au dos des quatre volumes de
l’exemplaire relié par les soins de Juliienne & à ses armes, & offert par lui à l’Académie
de peinture, — exemplaire aujourd’hui conservé à la Bibliothèque de l’Ecole des Beaux-Arts.
En raison de leur format réduit, de leur technique expéditive, de la simplicité du tirage,
de i’absence de « lettre « gravée, pour toutes ces raisons sans doute, le recueil de dessins fut
prêt assez vite, & cinq ans s’étaient à peine écoulés depuis la mort de Watteau, que son ami
pouvait en annoncer le premier livre au public & faire connaître en même temps ses inten-
tions, dès lors bien arrêtées, pour la suite de la publication.
La première mention qu’on ait, non seulement des Figures de différents caraderes, mais de
l’ensemble du Recueil Juliienne, se lit au Mercure de France du mois de novembre 172b, à
l’occasion de la mise en vente du tome Ier des Figures, au prix de 48 livres, «chez Audran,
graveur du Roi, en son Hôtel royal des Gobelins», —• c’est-à-dire Jean Audran, lui-même
important collaborateur de l’ouvrage, — & chez François Chereau, graveur du Roi, rue
Saint-Jacques, aux Deux Piliers d’or.
L’annonce insérée à ce sujet rappelle d’abord le titre du recueil, que nous reproduisons
ci-contre (fig. 1), & donne ensuite quelque vingt lignes d’analyse & d’appréciation :
Voici un grand Ouvrage que les Curieux en Peinture & en Estampes attendent avec beaucoup d’im-
patience. II y a tout lieu de croire qu’ils seront extrêmement satisfaits du soin & de l’habileté des Graveurs
qui ont conservé par tout l’esprit, le feu, la finesse & l’élégance du dessein, des airs de tête, &c., & ce je ne
sçai quoi de galant, de vif & de vrai qui picque si agréablement les gens de goût & qui caractérise les
Ouvrages du célèbre Watteau, qu’on estime & qu’on recherche de plus en plus avec une grande avidité.
« Qui [sic] doute que ce Recueil ne soit infiniment agréable au Public, qui pour une somme modique
pourra satisfaire sa curiosité au défaut des Originaux & posséder les plus beaux Ouvrages de cet habile
Maître..
L’objet de la publication étant ainsi exposé, avec la promesse que ce volume «sera suivi
de quelques autres où l’on trouvera l’œuvre entier de Watteau», on avise les amateurs que
le premier tome est «composé de 108 pages, qui font 133 planches, sans y comprendre
l’abrégé de la vie de fauteur, son épitaphe en vers latins, d’une excellente main, & la tra-
duction en vers françois qui fait sentir bien des beautez de l’original ». L’épitaphe était due au
P. Claude-François Fraguier, & la traduction, que reproduit in extenso l’annonce du Mercure,
était, si l’on en croit Moreri, l’œuvre de Bernard de La Monnoye.
Il faut retenir tout de suite un détail de grande importance : c’est qu’en 172b, l’idée d’un
œuvre complet de Watteau, dessins & peintures, en plusieurs volumes, est arrêtée dans l’esprit
de Juliienne & en cours de réalisation : la Continuation des Mémoires de littérature & d’histoire,
du P. Desmolets, postérieure d’un mois à l’annonce du Mercure que l’on vient de lire, con-
— où, on le verra, figurent des estampes parues seulement en 1735, — étaient encore loin
d’être réunis.
L’ordre véritable d’apparition, c’est, tout simplement :
1 °-2° Les Figures de differents caraderes, publiées originairement en deux volumes, l’un en
172b & l’autre en 1728;
j°-4° L’Œuvre gravé, composé de pièces d’abord vendues isolément, puis réunies en deux
volumes en 1735.
Aussi bien, cet ordre est-il conforme à la tomaison portée au dos des quatre volumes de
l’exemplaire relié par les soins de Juliienne & à ses armes, & offert par lui à l’Académie
de peinture, — exemplaire aujourd’hui conservé à la Bibliothèque de l’Ecole des Beaux-Arts.
En raison de leur format réduit, de leur technique expéditive, de la simplicité du tirage,
de i’absence de « lettre « gravée, pour toutes ces raisons sans doute, le recueil de dessins fut
prêt assez vite, & cinq ans s’étaient à peine écoulés depuis la mort de Watteau, que son ami
pouvait en annoncer le premier livre au public & faire connaître en même temps ses inten-
tions, dès lors bien arrêtées, pour la suite de la publication.
La première mention qu’on ait, non seulement des Figures de différents caraderes, mais de
l’ensemble du Recueil Juliienne, se lit au Mercure de France du mois de novembre 172b, à
l’occasion de la mise en vente du tome Ier des Figures, au prix de 48 livres, «chez Audran,
graveur du Roi, en son Hôtel royal des Gobelins», —• c’est-à-dire Jean Audran, lui-même
important collaborateur de l’ouvrage, — & chez François Chereau, graveur du Roi, rue
Saint-Jacques, aux Deux Piliers d’or.
L’annonce insérée à ce sujet rappelle d’abord le titre du recueil, que nous reproduisons
ci-contre (fig. 1), & donne ensuite quelque vingt lignes d’analyse & d’appréciation :
Voici un grand Ouvrage que les Curieux en Peinture & en Estampes attendent avec beaucoup d’im-
patience. II y a tout lieu de croire qu’ils seront extrêmement satisfaits du soin & de l’habileté des Graveurs
qui ont conservé par tout l’esprit, le feu, la finesse & l’élégance du dessein, des airs de tête, &c., & ce je ne
sçai quoi de galant, de vif & de vrai qui picque si agréablement les gens de goût & qui caractérise les
Ouvrages du célèbre Watteau, qu’on estime & qu’on recherche de plus en plus avec une grande avidité.
« Qui [sic] doute que ce Recueil ne soit infiniment agréable au Public, qui pour une somme modique
pourra satisfaire sa curiosité au défaut des Originaux & posséder les plus beaux Ouvrages de cet habile
Maître..
L’objet de la publication étant ainsi exposé, avec la promesse que ce volume «sera suivi
de quelques autres où l’on trouvera l’œuvre entier de Watteau», on avise les amateurs que
le premier tome est «composé de 108 pages, qui font 133 planches, sans y comprendre
l’abrégé de la vie de fauteur, son épitaphe en vers latins, d’une excellente main, & la tra-
duction en vers françois qui fait sentir bien des beautez de l’original ». L’épitaphe était due au
P. Claude-François Fraguier, & la traduction, que reproduit in extenso l’annonce du Mercure,
était, si l’on en croit Moreri, l’œuvre de Bernard de La Monnoye.
Il faut retenir tout de suite un détail de grande importance : c’est qu’en 172b, l’idée d’un
œuvre complet de Watteau, dessins & peintures, en plusieurs volumes, est arrêtée dans l’esprit
de Juliienne & en cours de réalisation : la Continuation des Mémoires de littérature & d’histoire,
du P. Desmolets, postérieure d’un mois à l’annonce du Mercure que l’on vient de lire, con-