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Dacier, Émile; Vuaflart, Albert
Jean de Jullienne et les graveurs de Watteau au XVIII. siècle (Band 1): Notice et documents biographiques — Paris, 1929

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https://doi.org/10.11588/diglit.41975#0108
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L’ŒUVRE GRAVÉ DE WATTEAU.

continuateurs de Moreri. Et c’est ce qui explique la provenance des détails si impor-
tants que le Père Orlandi est le premier à révéler : la protection accordée à Watteau
par Charles de La Fosse et Antoine Coypel, lors de son admission dans l’Académie.
1719. Voyagea Londres.— Pour résidera l’étranger, les artistes devaient solliciter une
permission; dans les Nouvelles Archives de VArt français, 1878, pp. 1-68, on trouve le
renseignement suivant : « Les pièces qui suivent sont tirées des archives de la Maison du
Roi. Cette série n’est complète que pour le xvmp siècle et seulement à partir de 1708. »
A la date du 21 septembre 1712 est inscrit le congé accordé au sieur Desportes pour
aller en Angleterre, c’est le seul congé pour ce pays; il y eut quelques congés pour
l’Allemagne jusqu’en 1718; entre le mois d’octobre de cette année et 1721, absence
complète de permission.
Le nombre des autorisations officielles est infime, comparé au nombre des artistes
partis à l’étranger; il devait y avoir une grande tolérance, et la permission devint presque
superflue.
Les relations entre la France et l’Angleterre étaient des plus cordiales à cette
époque; le Cardinal Dubois, alors pensionné parle Ministère anglais, devait favoriser ces
voyages et les artistes en particulier étaient sûrs d’un accueil chaleureux dans un pays
où résidaient plusieurs de leurs confrères.
Un camarade de Watteau, qui fut reçu académicien le même jour que lui, Jean
Raoux, se rendit aussi en Angleterre sans qu’il y ait trace de permission.
Après avoir refusé au Cardinal Dubois d’aller en Espagne, le désir de voyager, et peut-être l’appât du
gain décidèrent Raoux à passer en Angleterre, il s’y rendit au mois de septembre 1720 et fit dans ce pays
quelques portraits. Sa mauvaise santé l’obligea à revenir â Paris après huit mois d’absence. (Dussieux,
Artistes français à 1 étranger, p. 134.)
Quatorze jours étaient nécessaires pour faire le trajet de Paris à Londres à cette
époque. Au bout de sept jours, les voyageurs étaient parvenus à Calais, où il fallait
séjourner en attendant un vent favorable, le « paékiebotte » faisait la traversée en
quatre heures et demie; le carrosse prenait la route de Londres par Cantorbéry et
faisait son entrée par le faubourg de Soutwark. Watteau devait rencontrer à Londres
des compatriotes : les graveurs Beauvais, Baron, Dubosc, Dorigny, Jean Simon, y étaient
installés depuis plusieurs années, chargés de graver les Batailles du Duc de Malbo-
rough d’après Laguerre et les cartons de Raphaël. Un peintre graveur, né à Berlin en
1689, et d’origine française, Philippe Mercier, avait dû connaître Watteau à Paris; ce qui
explique l’origine de leur liaison pendant le séjour de Watteau en Angleterre,
Un autre peintre, Peter Angellis, né à Dunkerque, en 1685, du même âge que Wat-
teau, après avoir exercé son art à Anvers, séjourna à Londres de 1719 à 1727.
L’époque où Watteau prit la résolution de passer en Angleterre était très favorable
pour un artiste français : les Arts étaient restés très en arrière dans ce pays. Depuis près
d’un siècle, les guerres civiles, les persécutions religieuses en avaient retardé l’éclosion.
Deux faits presque simultanés semblent avoir produit une influence sur l’avenir;
l’accession au trône d’Angleterre en 1714 du Roi George 1“, par suite de la mort de la
reine Anne, et la mort de Louis XIV, auquel succéda, en 1715, un roi mineur sous la
régence du Duc d’Orléans.
Ces changements survenus à une année d’intervalle déterminèrent, quelque temps
après, une modification profonde dans la politique des deux pays. A l’état de guerre
 
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