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Dacier, Émile; Vuaflart, Albert
Jean de Jullienne et les graveurs de Watteau au XVIII. siècle (Band 1): Notice et documents biographiques — Paris, 1929

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https://doi.org/10.11588/diglit.41975#0128
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L’ŒUVRE GRAVÉ DE WATTEAU.

de curiosités, attiraient les amateurs, auxquels Gersaint et sa femme, tous deux en toilette,
présentaient les dernières nouveautés. Au premier plan, on emballe Louis XIV; le Grand
Monarque, enseigne de la boutique, a cessé de plaire.
Au bas de l’estampe est inscrit un vers :
[ Watteau] « Des mais très de son art imite la manière. »
On peut reconnaître la manière de ces maîtres dans plusieurs tableaux, en suivant de
droite à gauche, sur l’estampe N 115 :
Portraits d’hommes, de Van Dyck et de Velasquez;
Une métamorphose, dans le goût du Corrège;
Une sainte Madeleine en prière;
Un coucher de soleil à l’orée d’un bois (Hobbema ou Ruisdael);
Pan et Syrinx (Paolo de Mattéis);
Vénus et l’Amour, Mars et l’Amour (Titien);
Au-dessus de la porte, un paysage montagneux, dans le genre de Elle enchantée de
Watteau ;
Villageoise trayant une vache, emprunté à la Vue de Vincennes, de Watteau;
Un pénitent, inspiré d’une composition de Watteau;
Plusieurs natures mortes, imitées des Hollandais;
La Eolie (Netscher); Une nativité (Rubens?);
Mercure et Argus; Triomphe de Silène (Jordaens);
Diane et Calypso;
Paysage boisé avec deux enfants jouant avec un chien, groupe que l’on retrouve dans
l’arabesque intitulée L Innocent badinage, N" 230.
Mariage mystique de sainte Catherine (Véronèse?);
Plusieurs paysages boisés indécis.
Le tableau ovale dont le marchand vante les qualités n’est-il pas d’après Watteau?
Ce sont des nymphes au bord de l’eau, qui rappellent celles du portrait à'Antoine de la
Roque, N° 269, et celles des Fêtes au Dieu Pan, Nü 226.
Des personnages représentés, on peut supposer Antoine de la Roque accoudé à
gauche (sur la gravure), la tête appuyée sur sa main.
Il est difficile de proposer l’identification des autres; le marchand est peut-être
Gersaint et la marchande, son épouse. La femme vue de dos, debout devant le tableau
ovale, se retrouve dans la figure de Mode, Nü 47.
Le chien qui cherche ses puces, à gauche de l’estampe, se retrouve identique, comme
pose, dans les Charmes de la Vie, N" 183; il est copié d’après un des tableaux de Rubens,
du Couronnement de Marie de Médicis.
Gersaint semble de bonne foi quand il écrit en 1744 :
« L’on sçait la réussite de ce morceau, le tout était fait d’après nature, les attitudes en étoient si vraies
et si aisées, l’ordonnance si naturelle, les groupes si bien entendus, qu’il attirait les yeux des passans et
même les plus habiles Peintres vinrent à plusieurs fois pour l’admirer. Ce fut le travail de huit journées,
encore n’y travaillait-il que les matins, sa santé délicate ou pour mieux dire sa faiblesse ne lui permettant
pas de s’occuper plus long-tems. »
Vingt-quatre ans ont passé; Gersaint voit son magasin orné de curiosités, les murs
garnis de tableaux de prix, les comptoirs entourés de clients qui cherchent à faire leur
choix. Il ne se souvient plus des difficultés rencontrées naguère, lors des commence-
ments difficiles, lorsque, avec un crédit limité, il était à la recherche d’une clientèle qui
mit vingt ans à connaître le chemin de sa boutique. U ne voit que le présent qui, pour
 
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