GROS SE CHARGE, A PARIS, DE L’ATELIER
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ne le voyant pas arriver on en avait décidé antrement. Ce qu’ayant su nous autres, nous
fûmes en députation chez M. Gros, le prier de nous être favorable et de se ressouvenir qu’il
sortait de cette école, et qu’enfin, il allait même de son honneur de ne pas laisser dissoudre
l’atelier. Il nous reçut d’une manière très affable, nous dit qu’il se trouvait flatté du choix
que nous faisions de lui de préférence aux autres, qu’il croyait cependant le mériter par
l’amitié et le respect qu’il avait toujours eu pour M. David, qu’il regardait comme son père,
et qu’il nous prenait en dépôt jusqu’à son retour; qu’il allait tout employer pour nous être
utile, et qu’il l’aurait déjà fait sans des bruits qui étaient venus jusqu’à lui; que lorsqu’il
était allé pour la première fois au ministère, plusieurs élèves s’étaient permis des propos peu
honnêtes sur son compte qui lui étaient très sensibles ; et qu’on lui avait rapporté qu’on
disait que son intention était d’enlever les élèves de M. David et d’en former une nouvelle
école.
» J’ai excusé les élèves en disant que toute la faute venait d’une mauvaise explication
entre nous et Pagnest; que d’ailleurs ce dernier n’était pas aimé chez nous.
» Enfin, après bien des démarches et après avoir été avec lui dix fois dans les bureaux,
nous avons su que l’intention du ministre n’était pas de priver l’école de M. David d’un
local propre aux études des jeunes gens, et qu’on nous accorderait très incessamment ce que
nous désirions.
» Nous avons désigné l’atelier occupé autrefois par M. Vincent, dont il ne fait plus rien
et qu’il avait même cédé à M. Houdon. Le chef de bureau en a fait la demande au ministre;
le ministre a écrit à cet égard à M. Vincent, ainsi que M. Gros, aux fins que M. Vincent nous
le cédât; mais comme tout n’est pas encore terminé et qu’il a fallu rendre aujourd’hui notre
atelier, nous sommes réunis dans celui de Dupavillon pour continuer un noyau qui puisse,
s’il est possible, pousser et refleurir de nouveau.
» Quant aux élèves, ils y mettent lapins mauvaise grâce possible (j’en excepte quel-
ques-uns) : c’est à qui ne viendra pas, et malgré toutes les prières que je leur fais de rester
réunis; que plus nous serons, plus M. Gros sera encouragé dans les démarches qu’il est
obligé de faire ; enfin j’ai bien de la peine à en conserver douze. Ge ne peut être l’intérêt,
puisque M. Gros, qui est très exact à venir nous corriger, ne prend rien, et lorsque je suis
allé chez lui pour parler de ses intérêts, il m’a dit que ce n’était pas le moment, que plus
tard lorsqu’on aurait un local; qu’enfin nous avions tout le temps de parler de ces choses-là,
et je puis t’assurer que, sans le désir que j’ai de conserver tant qu’il me sera possible les
élèves de M. David, j’aurais lâché-là tout le bataclan.
» En voilà assez sur cet article, parlons d’autre chose... »
Passant alors à la réception que les artistes belges avaient faite à son maître, il parle
des espérances que l’on conservait en France pour son prochain retour et des efforts de
Gros pour le hâter.
« Je ne suis pas du tout étonné, dit-il, de l’accueil que M. David a reçu dans votre ville
et de celui qu’il recevra dans tous les endroits où l’on saura apprécier le grand et le véritable
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ne le voyant pas arriver on en avait décidé antrement. Ce qu’ayant su nous autres, nous
fûmes en députation chez M. Gros, le prier de nous être favorable et de se ressouvenir qu’il
sortait de cette école, et qu’enfin, il allait même de son honneur de ne pas laisser dissoudre
l’atelier. Il nous reçut d’une manière très affable, nous dit qu’il se trouvait flatté du choix
que nous faisions de lui de préférence aux autres, qu’il croyait cependant le mériter par
l’amitié et le respect qu’il avait toujours eu pour M. David, qu’il regardait comme son père,
et qu’il nous prenait en dépôt jusqu’à son retour; qu’il allait tout employer pour nous être
utile, et qu’il l’aurait déjà fait sans des bruits qui étaient venus jusqu’à lui; que lorsqu’il
était allé pour la première fois au ministère, plusieurs élèves s’étaient permis des propos peu
honnêtes sur son compte qui lui étaient très sensibles ; et qu’on lui avait rapporté qu’on
disait que son intention était d’enlever les élèves de M. David et d’en former une nouvelle
école.
» J’ai excusé les élèves en disant que toute la faute venait d’une mauvaise explication
entre nous et Pagnest; que d’ailleurs ce dernier n’était pas aimé chez nous.
» Enfin, après bien des démarches et après avoir été avec lui dix fois dans les bureaux,
nous avons su que l’intention du ministre n’était pas de priver l’école de M. David d’un
local propre aux études des jeunes gens, et qu’on nous accorderait très incessamment ce que
nous désirions.
» Nous avons désigné l’atelier occupé autrefois par M. Vincent, dont il ne fait plus rien
et qu’il avait même cédé à M. Houdon. Le chef de bureau en a fait la demande au ministre;
le ministre a écrit à cet égard à M. Vincent, ainsi que M. Gros, aux fins que M. Vincent nous
le cédât; mais comme tout n’est pas encore terminé et qu’il a fallu rendre aujourd’hui notre
atelier, nous sommes réunis dans celui de Dupavillon pour continuer un noyau qui puisse,
s’il est possible, pousser et refleurir de nouveau.
» Quant aux élèves, ils y mettent lapins mauvaise grâce possible (j’en excepte quel-
ques-uns) : c’est à qui ne viendra pas, et malgré toutes les prières que je leur fais de rester
réunis; que plus nous serons, plus M. Gros sera encouragé dans les démarches qu’il est
obligé de faire ; enfin j’ai bien de la peine à en conserver douze. Ge ne peut être l’intérêt,
puisque M. Gros, qui est très exact à venir nous corriger, ne prend rien, et lorsque je suis
allé chez lui pour parler de ses intérêts, il m’a dit que ce n’était pas le moment, que plus
tard lorsqu’on aurait un local; qu’enfin nous avions tout le temps de parler de ces choses-là,
et je puis t’assurer que, sans le désir que j’ai de conserver tant qu’il me sera possible les
élèves de M. David, j’aurais lâché-là tout le bataclan.
» En voilà assez sur cet article, parlons d’autre chose... »
Passant alors à la réception que les artistes belges avaient faite à son maître, il parle
des espérances que l’on conservait en France pour son prochain retour et des efforts de
Gros pour le hâter.
« Je ne suis pas du tout étonné, dit-il, de l’accueil que M. David a reçu dans votre ville
et de celui qu’il recevra dans tous les endroits où l’on saura apprécier le grand et le véritable