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CHAPITRE X

talent. Précédé d’une réputation acquise avec tant de gloire par ses travaux et par les élèves
qu’il a formés, il ne peut manquer d’être bien reçu par tous les amis des arts, en dépit des
vieilles ganaches et des gens qui ne peuvent déroger à leurs anciennes habitudes ni à leur
poncif.
» Je voudrais avoir des nouvelles plus certaines à te donner sur le rappel de M. David.
On en parle beaucoup dans les bureaux. M. Gros m’a dit qu’il avait parlé à plusieurs
personnes pour cela, qu’il en avait sondé d’autres, et que toutes se réunissaient à dire qu’il
fallait attendre encore un peu, pour laisser plus d’étendue à la loi; que le gouvernement
satisfait le rappellera, qu’il avait l’œil sur lui et qu’il ne laisserait pas en pays étranger un
talent si précieux; qu’on ne négligerait rien pour cela. Tu sens bien, mon cher ami, qu’un
pauvre diable de mon espèce ne peut pas grand chose. Je ne puis que tracasser, prier, faire
ressouvenir aux gens leurs promesses. Mais crois bien que je ne négligerai aucun moyen
pour réussir.
» Assure bien M. David, combien nous sommes pénétrés de son souvenir et de l’intérêt
qu’il nous porte. Dis-lui que nos vœux se succèdent sans cesse pour que son retour soit plus
prochain, et que sans cet espoir nous aurions déjà jeté palettes et pinceaux.
» Pour moi, dis-lui combien je suis peiné de son absence, combien son souvenir m’est
cher, et qu’un des jours les plus heureux de ma vie, sera celui où je pourrai revoir unhomme
d’un talent aussi sublime. »
Gros cependant n’avait pas besoin d’être encouragé dans ses efforts pour obtenir la
rentrée de David. On peut dire que cette pensée s’était emparée de son cœur, et qu’elle ne
cessa de l’occuper pendant tout l’exil de son maître. Après son départ il crut de son devoir
de conserver intact le précieux dépôt de l’atelier, bien que sa modestie s’effrayât un peu de
cette responsabilité. Aussi, en en prenant la direction, il sollicita vivement l’appui du grand
artiste.
David lui répondit :
« Bruxelles, le 16 juillet 1816.
» Je suis bien sensible aux témoignages d’amitié que vous n’avez cessé de me donner.
Recevez-en mes remerciements. Mettez-y un terme pour ce qui me regarde personnellement
ou pour mieux dire, exercez les qualités de votre cœur et de cette reconnaissance que vous
m’avez conservée, sur mes chers élèves que vous dirigez. Ce sera la chose la plus sensible
que vous puissiez faire pour moi. Défendez ces chers jeunes gens (quand ils seront en état de
concourir au grand prix de Rome) de l’injustice de leurs juges, qui n’ont cessé de poursuivre
leur maître. Préservez-les, soyez leur guide; ils ne peuvent mieux être conduits que par la
vertu et le talent.
» L. David.
» Mes respects à votre chère épouse. »

Cette lettre était la première que Gros recevait de son ami. Elle commence une corres-
 
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