Aviler, Augustin-Charles d': Cours d'architecture qui comprend les ordres de Vignole: avec des commentaires, les figures & les descriptions de ses plus beaux bâtimens, et de ceux de Michel-Ange ... (Paris, 1760)

COURS
ties, si peu embarrassée de nombres, que par les moin-
dres moulures on peut mesurer exa&ement les plus
grandes : c'est pourquoi faisant une plus sérieuse résse-
xion sur le plainr que nos sens reçoivent de cette propor-
tion , & combien au contraire les choses qui en sont éloi-
gnées leur sont désagréables, ainsi que les Musiciens l'é-
prouvent tous les jours dans leur art, j'ai travaillé depuis
plusieurs années à réduire sous une règle courte & facile
la pratique des cinq Ordres d'Archite&ure ; & voici le
moyen dont je me suis servi pour y parvenir.
Lorsque j'ai voulu, par exemple, réduire à ma règle
l'Ordre Dorique , je me suis aiïujetti à l'Ordre Dorique
du théâtre de Marcellus, qui m'a paru être le plus uni
versellement approuvé, & j'ai déterminé sur ce modèle
les parties principales de cet Ordre; mais lorsque quel-
que moulure ne s'est pas trouvée conforme à la propor-
tion des nombres, comme il arrive le plus souvent par la
faute des ouvriers, ou par d'autres accidens qui ne lais-
sent pas d'être considérables sur de petites parties ; alors
je n'ai point fait difficulté de les accommoder à ma règle,
sans m'éloigner beaucoup de leurs mesures. Fn prenant
cette licence, je me suis autorisé de l'exemple des autres
Doriques qui ont le plus de réputation, dont j'ai pris
quelques petites parties, que j'ai substitué à d'autres du
théâtre de Marcellus. Je n'ai pas fait comme Zeuxis à l'é-
gard des filles de Crotone, mais, sélon que mon raison-
nement m'a pu conduire, j'ar fait Amplement le choix
de certains Ordres antiques ; & n'apportant de ma part
que la distribution des proportions fondées sur des nom-
bres simples, je ne me suis point servi de brasses, de pieds
& de palmes d'aucuns pays, mais seulement d'une mesure