HASTE
sur le fuseau ou sur les bobines d’un métier à filer)”
(doc. ca. 1250 - 16es., EspPirDoc 2,92,7 [Et ke nus
ne tiegne a vendange filet de trainne ki soit hasplee
ne wiudié a cuignole, sor40 s.fi doc. 13es. Pck 2,243;
doc. ca. 1300 Pck 2,243; PercefR 383,112 [mss.
tardifs], TL 4,958 [renvois à Gdf et au FEW]; Gdf
4,431b; FEW 16,177a); ♦ [v.abs. “id.” [2eq. 14es.]
mss. (et éd.) très rajeunis (mss. 3eq. 15es.), PercefR
355,867 [Cist chastel est de tel nature Se chevalier
par mespresure Requiert la dame villonnie, En l’an
n 'aura autre masure Ne la n 'aura autre pasture Que
aufiller avra gaingnie. Et s’il lui venait compaignie
De haspler seroit sa maistrie Ou de sa vie n ’aurait
cure]' 362,1075; 1082; 377,356).] - Dôrr.
HASSEUS adj.
[Attesté une seule fois dans un texte de l’est du
domaine d’oïl (ca. 1345 YslAvB), le mot a été
rattaché par Ruelle R 101,370 de façon convaincante
à l’ail. HATZ “chasse à courre, persécution”1" qui
a fourni en Lorraine et dans des dial, de l’Est
une famille bien vivante (FEW 16,180a). Ruelle
définit par “rude, véhément”, tout en constatant
que le contexte ne permet guère «de conjecturer
le sens de l’adjectif hasseux», mais l’étymologie
proposée est tout à fait satisfaisante. — On peut se
demander s’il faut identifier avec notre mot l’adj.
asseux qui se trouve dans un ms. de la 2emoitié du
13es. (CoincyllK 188var.), originaire de la région
lyonnaise (Gier TraLiLi 171,103). Il désigne qch. de
pénible et appartient donc à un champ sémantique
point trop éloigné de hasseux. S’y oppose cependant
le caractère régional des représentants fr. de hatz qui
ne s’accorde guère avec la provenance lyonnaise
d’une att. qui serait la plus ancienne de toute la
famille. On rattachera donc asseuz plutôt à la famille
du 1t. ACÈTUM, v. -+ AISIL.]
♦ “qui est d’un caractère enclin à la violence”
(ca. 1345, YslAvB XXXVI 85 [Et se le saige
Salemon En ce dialegue reclemon, Trouverons qu’il
dit très hasseus: ‘Haïneus homme paresceus, Va au
fromin’], Ruelle R 101,370; cp. FEW 16,180a [dial,
mod.]). — Stâdtler.
HASTE f
[Etymologie discutée. Le FEW 16,124b propose,
sur une suggestion de Frings (cf. ib. note 6),
l’étymologie abfrq. *HAIST “impétuosité”, appuyée
"’FEW 16,180b prétend à tort que l’extension
géographique de haz est réduite à sa Suisse
alémanique et à l’Alsace.
par mnéerl. haest “snel, spoedig, dra” (VerVer 3,16),
aha. haist “violent” (Koebler 507a) et aangl. hæst
“violent, vehement, impetuous” (BosTol 502a), qui
remonteraient tous à une racine indo-européenne
5 *kêi-bh- “schnell, heftig” (Pokorny 542). C’est du
français qu’auraient été empruntés les continuateurs
dans d'autres langues romanes et germaniques. Cette
étymologie a été réfutée par GreiveH 242-255 qui
propose lui-même un rattachement au 1t. HASTA
io “lance” (v. -> ASTE).
Nous renonçons à reprendre ici son argumentation
détaillée et nous nous bornons à l’essentiel. Greive
part de hasta comme désignation d'un instrument
pour pousser, presser ou battre, qui aurait fourni les
15 dénominaux *(in-, ad-)hastare passés ensuite dans
les langues romanes1". Les substantifs de ces langues,
fr. haste, it. astio, asto, etc. seraient, de leur côté, des
déverbaux, ce qui expliquerait les genres et féminin
et masculin. Le verbe haster serait d’abord un verbe
20 transitif (v.a.) et reflexif (v. pron.), ce qui se mani-
festerait dans les att. afr., dont la plupart proviennent,
en effet, de ces deux catégories. L’argument princi-
pal de Greive est cependant d’ordre sémantique: il
constate qu’aucune des acceptions dans les langues
25 romanes ne se trouve dans la famille germanique et
vice versa («daB weder eine der romanischen Bedeu-
tungen in der reich bezeugten germanischen Familie,
noch umgekehrt eine der germanischen Bedeutungen
im Romanischen nachgewiesen werden kann. Das
30 spricht gegen ihre Verwandtschaft.» GreiveH 243).
Bien que les explications de Greive ne manquent pas
d’une certaine vraisemblance, c’est ce dernier argu-
ment qui nous fait hésiter d’établir un seul article
ASTE: il méconnaît que le sens supposé à l’origine
35 de la famille germanique s’accorde bien avec ceux
attestés dans les langues romanes, cf. ci-dessus et
Stimm AnS 208,147. De toute façon, on fera bien
de reconsidérer, aussi du côté italien, la question de
haste sans hâte.
40 Rem.: Gdf 4,433a donne pour hastement adv.
“hâtivement” comme l’attestation la plus ancienne
PsOxfM 77,37 (lem. 12es.): E défirent en vanited les
jurzd’els, e les lurans ot hastement. Le mot est ici un
substantif, au sens de “empressement, précipitation”,
45 v. ci-dessous. — Dans le glossaire de LionBourgAlK
haistis et astis sont interprétés comme participes et
'"C’est l’idée de l’acception “attaquer avec une
lance” qui se retrouve aussi dans des glossaires
50 d’éd., cp. GuiNantM haster “piquer, harceler (ici
avec l’épée)”, FierPrM “colpire con lancia” (pour
cet exemple cf. aussi Gilles Roques ZrP 95,674),
etc., pour des attestations que nous rangeons sous
“exercer une pression sur (qn)”.
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sur le fuseau ou sur les bobines d’un métier à filer)”
(doc. ca. 1250 - 16es., EspPirDoc 2,92,7 [Et ke nus
ne tiegne a vendange filet de trainne ki soit hasplee
ne wiudié a cuignole, sor40 s.fi doc. 13es. Pck 2,243;
doc. ca. 1300 Pck 2,243; PercefR 383,112 [mss.
tardifs], TL 4,958 [renvois à Gdf et au FEW]; Gdf
4,431b; FEW 16,177a); ♦ [v.abs. “id.” [2eq. 14es.]
mss. (et éd.) très rajeunis (mss. 3eq. 15es.), PercefR
355,867 [Cist chastel est de tel nature Se chevalier
par mespresure Requiert la dame villonnie, En l’an
n 'aura autre masure Ne la n 'aura autre pasture Que
aufiller avra gaingnie. Et s’il lui venait compaignie
De haspler seroit sa maistrie Ou de sa vie n ’aurait
cure]' 362,1075; 1082; 377,356).] - Dôrr.
HASSEUS adj.
[Attesté une seule fois dans un texte de l’est du
domaine d’oïl (ca. 1345 YslAvB), le mot a été
rattaché par Ruelle R 101,370 de façon convaincante
à l’ail. HATZ “chasse à courre, persécution”1" qui
a fourni en Lorraine et dans des dial, de l’Est
une famille bien vivante (FEW 16,180a). Ruelle
définit par “rude, véhément”, tout en constatant
que le contexte ne permet guère «de conjecturer
le sens de l’adjectif hasseux», mais l’étymologie
proposée est tout à fait satisfaisante. — On peut se
demander s’il faut identifier avec notre mot l’adj.
asseux qui se trouve dans un ms. de la 2emoitié du
13es. (CoincyllK 188var.), originaire de la région
lyonnaise (Gier TraLiLi 171,103). Il désigne qch. de
pénible et appartient donc à un champ sémantique
point trop éloigné de hasseux. S’y oppose cependant
le caractère régional des représentants fr. de hatz qui
ne s’accorde guère avec la provenance lyonnaise
d’une att. qui serait la plus ancienne de toute la
famille. On rattachera donc asseuz plutôt à la famille
du 1t. ACÈTUM, v. -+ AISIL.]
♦ “qui est d’un caractère enclin à la violence”
(ca. 1345, YslAvB XXXVI 85 [Et se le saige
Salemon En ce dialegue reclemon, Trouverons qu’il
dit très hasseus: ‘Haïneus homme paresceus, Va au
fromin’], Ruelle R 101,370; cp. FEW 16,180a [dial,
mod.]). — Stâdtler.
HASTE f
[Etymologie discutée. Le FEW 16,124b propose,
sur une suggestion de Frings (cf. ib. note 6),
l’étymologie abfrq. *HAIST “impétuosité”, appuyée
"’FEW 16,180b prétend à tort que l’extension
géographique de haz est réduite à sa Suisse
alémanique et à l’Alsace.
par mnéerl. haest “snel, spoedig, dra” (VerVer 3,16),
aha. haist “violent” (Koebler 507a) et aangl. hæst
“violent, vehement, impetuous” (BosTol 502a), qui
remonteraient tous à une racine indo-européenne
5 *kêi-bh- “schnell, heftig” (Pokorny 542). C’est du
français qu’auraient été empruntés les continuateurs
dans d'autres langues romanes et germaniques. Cette
étymologie a été réfutée par GreiveH 242-255 qui
propose lui-même un rattachement au 1t. HASTA
io “lance” (v. -> ASTE).
Nous renonçons à reprendre ici son argumentation
détaillée et nous nous bornons à l’essentiel. Greive
part de hasta comme désignation d'un instrument
pour pousser, presser ou battre, qui aurait fourni les
15 dénominaux *(in-, ad-)hastare passés ensuite dans
les langues romanes1". Les substantifs de ces langues,
fr. haste, it. astio, asto, etc. seraient, de leur côté, des
déverbaux, ce qui expliquerait les genres et féminin
et masculin. Le verbe haster serait d’abord un verbe
20 transitif (v.a.) et reflexif (v. pron.), ce qui se mani-
festerait dans les att. afr., dont la plupart proviennent,
en effet, de ces deux catégories. L’argument princi-
pal de Greive est cependant d’ordre sémantique: il
constate qu’aucune des acceptions dans les langues
25 romanes ne se trouve dans la famille germanique et
vice versa («daB weder eine der romanischen Bedeu-
tungen in der reich bezeugten germanischen Familie,
noch umgekehrt eine der germanischen Bedeutungen
im Romanischen nachgewiesen werden kann. Das
30 spricht gegen ihre Verwandtschaft.» GreiveH 243).
Bien que les explications de Greive ne manquent pas
d’une certaine vraisemblance, c’est ce dernier argu-
ment qui nous fait hésiter d’établir un seul article
ASTE: il méconnaît que le sens supposé à l’origine
35 de la famille germanique s’accorde bien avec ceux
attestés dans les langues romanes, cf. ci-dessus et
Stimm AnS 208,147. De toute façon, on fera bien
de reconsidérer, aussi du côté italien, la question de
haste sans hâte.
40 Rem.: Gdf 4,433a donne pour hastement adv.
“hâtivement” comme l’attestation la plus ancienne
PsOxfM 77,37 (lem. 12es.): E défirent en vanited les
jurzd’els, e les lurans ot hastement. Le mot est ici un
substantif, au sens de “empressement, précipitation”,
45 v. ci-dessous. — Dans le glossaire de LionBourgAlK
haistis et astis sont interprétés comme participes et
'"C’est l’idée de l’acception “attaquer avec une
lance” qui se retrouve aussi dans des glossaires
50 d’éd., cp. GuiNantM haster “piquer, harceler (ici
avec l’épée)”, FierPrM “colpire con lancia” (pour
cet exemple cf. aussi Gilles Roques ZrP 95,674),
etc., pour des attestations que nous rangeons sous
“exercer une pression sur (qn)”.
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