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NUMISMATIQUE DES ROIS GRECS.
DEUXIEME PARTIE.— ASIE.
CHAPITRE PREMIER.
ROIS DU PONT ET DU BOSPORE CIMMÉRIEN.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
Le Pont et le Bosphore Cimmérien ( ou plutôt Bospore, pour nous conformer à l'orthographe grecque ), ayant été possédés
pendant un assez long espace de temps par les mêmes princes, les numismatistes les plus accrédités ont jugé à propos de
réunir dans une seule série les médailles qui se rapportent tant aux rois du Pont qu'à ceux du Bospore.
L'empire du Bospore , plus ancien que celui du Pont, remonte à une époque reculée. La première dynastie, celle des ArcJiaeà-
nactides, qui dura 42 ans (depuis l'an 487 jusqu'à l'an 445 de l'ère chrétienne), n'a point laissé de monumens numismatiques.
La seconde dynastie fut celle des Leuconides : elle dura 194 ans, depuis l'an, 309, jusqu'à l'an 115 avant l'ère chrétienne.
Le premier de ses rois fut Spartacus, ou plutôt Spartocus 1er ; le dernier, nommé Périsade , comme quelques uns de ses
prédécesseurs, ne pouvant résister aux attaques des Barbares voisins de la Colchide, céda son trône au grand Mithridate, ou
Mithradate , d'après les monumens numismatiques.
Le Bospore resta dans la maison des Achéménides, dont Mithradate descendait, jusqu'à la mort de Pharnace II. A l'usurpateur
Asandre succéda l'usurpateur Scribonius; enfin, Agrippa, l'an 14 avant notre ère, établit sur le trône du Bospore Polémon Ier, déjà
roi du Pont, et qui succomba l'an 1" avant J.-C , sous les attaques des Aspurgitains.
L'empire des Aspurgitains renferme un espace de près de trois siècles et demi, du commencement de l'ère chrétienne au règne de
Constantin. Depuis quelques années, les monumens numismatiques des rois Aspurgitains se sont multipliés, pour ainsi dire à l'in-
fini : nous ferons en sorte que cette partie de notre publication ne prenne pas un développement fastidieux pour le lecteur, l'histoire
des rois Aspurgitains du Bospore n'offrant qu'un intérêt purement local.
On verra plus bas (Comm. du n° 3), que le royaume du Pont fut fondé, à l'époque de la conquête de la Perse par Alexandre,
par Mithradate II, descendant de la famille des Achéménides, et satrape héréditaire de cette partie de la grande monarchie des
Perses. A la mort de Darius, fils de Pharnace, le Pont passa entre les mains de Polémon Ier; Polémon II, son fils, résigna son
royaume entre les mains de Néron, l'an G3 de l'ère chrétienne, et reçut en échange la souveraineté d'une partie de la Cilicie.
On trouve plusieurs ères différentes sur les médailles du Pont et du Bospore. lo L'ère du Pont, dont la date remonte à l'an 301
avant l'ère chrétienne, le premier du règne de Mithradate III. L'ère du Pont (dont l'origine a été fixée à la fois par Cary et Froe-
lich), se rencontre sur les médailles de Mithradate III, de Mithradate VI Eupator, de Pharnace II, et plus tard, dans le Bospore,
sur celles de Polémon I" et des princes Aspurgitains qui lui succédèrent.
2° L'ère césarienne employée par Pythodoris et Polémon II (V. ci-dessous, le Comm. du n° 19).
3° L'ère du règne d'Asandre , et celle du règne de Polémon II, usitées seulement par chacun de ces princes.
LEUCON, fils de Satyiius, roi du Bospore.-
353 av. J.-C.
PLANCHE XXIV.
De 393 a
N° 1.
Tête d'Hercule, coiffée de la peau de lion, à droite.
Bf. BA2IAEQ; AEïKîîNoç. Arc et massue d'Hercule. JE. 6. Mion-
net, N° 1. Suppl. N°s 3, 4.
(De Blaramberg, Notice sur quelques objets cT antiquité découverts en Tau-
ride, Paris, 1822. vign. de la p. 1.)
Ce prince est célèbre par les rapports qu'il entretint avec Athènes, et les
guerres qu'il eut à soutenir contre les Barbares de son voisinage. Le passage
classique sur Leucon est dans Démosthène ( Adv. Leptin. p. 466, Reiske).
M. de Koehler (Rem. sur les antiq. du Bosp. Citnm. p. (;b) a contesté l'at-
tribution précédemment faite à Leucon, fils de Satyrus, des médailles dont
nous reproduisons un spécimen. Ce savant voit dans la pièce de bronze de
Leucon , portant au revers les armes d'Hercule, une imitation évidente des
tétradrachmes d'argent d'Alexandre-le-Grand, qui offrent au revers Jupiter
assis. Un tel rapprochement ne nous paraît pas assez fondé pourpriverde toutes
médailles un roi fameux dans les annales des colonies grecques de la mer Noire
et pour supposer en même temps l'existence d'un Leucon II, dont les auteurs
anciens n'ont pas prononcé le nom.
M. de Koehler a publié séparément, à Pétersbourg, en 1824, une médaille
d'un roi de Bosphore, du nom de Spartocus. N'ayant pas à notre disposition
la médaille de l'opuscule de M. de Koehler, nous nous contentons de citer la
description de la médaille de Spartocus , d'après M. Mionnet. (Suppl. N° 5.)
Tète diadémée de Spartocus? à droite, i}. BASIAEQE [SjriArTOKOY. Arc
dans un carquois; dans le champ, le monogramme OME. AB. 6. (Cabinet du
comte de Bomanzoff. )
PERISADE II, fils de Spartocus 1V
— RÈGNE EN 289 AV J.-C.
N° 2.
Tête de Périsade, ceinte du diadème, à droite.
R/. BASIAEns JLAIPI2AAOY. Pallas assise sur un siège, à gauche,
tenant dans la main droite une petite Victoire, le coude gau-
che appuyé sur son bouclier. Sous le siège, le monogramme
IIANT; plus bas, un trident. AV. 4 1/2. Mionnet, N° 2.
Cette belle pièce, publiée pour la première fois par de Boze ( Mém. de l'Ac.
des Inscrip. tom. VI. p. 552), avait été attribuée par ce savant à Périsade Ier,
frère puîné de Spartocus III, et fils du Leucon qui précède. Cette opinion a été
réfutée par Visconti (Icon. gr. tom. IL p. 121); ce dernier a fait voir que
Périsade I", mort en 310 avant J.-C, n'avait pu imiter un statère d'or de
Lysimaque , lequel n'avait pris le titre de roi qu'en 307 ou 306 : il en a conclu
que la pièce devait être attribuée à un autre Périsade, fils de Spartocus IV, et
dont l'existence n'a été révélée que par une inscription de Panticapée (Vaxel,
Recueil de quelques antiquités de la mer Noire. Berlin, 1803. in-4°, n° 7.
B. Rochette, Ant. du Posph. PI. VI. n"s 4 et 5. Boeckh. Corp. inser. n° 2107.)
L'argumentation de Visconti nous paraît sans réplique. La pièce, en effet, est
identique, pour la forme, le poids, le type du revers et la disposition de la lé-
gende, aux statères de Lysimaque (V. pi. IV, n° 8-10). Il n'y a de différence
que pour la tète qui offre le portrait de Périsade, ceinte du bandeau royal.
Cette dernière circonstance, au reste, vient à l'appui de l'opinion de Visconti :
à l'époque de Périsade Ier, il s'était écoulé trop peu de temps encore depuis
la mort d'Alexandre, pour qu'un petit roi du Bospore osât dès lors placer son
effigie sur la monnaie qu'il faisait frapper. Le monogramme FIANT indique
Panticapée, la capitale des États des rois Leuconides.
NUMISMATIQUE DES ROIS GRECS.
DEUXIEME PARTIE.— ASIE.
CHAPITRE PREMIER.
ROIS DU PONT ET DU BOSPORE CIMMÉRIEN.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
Le Pont et le Bosphore Cimmérien ( ou plutôt Bospore, pour nous conformer à l'orthographe grecque ), ayant été possédés
pendant un assez long espace de temps par les mêmes princes, les numismatistes les plus accrédités ont jugé à propos de
réunir dans une seule série les médailles qui se rapportent tant aux rois du Pont qu'à ceux du Bospore.
L'empire du Bospore , plus ancien que celui du Pont, remonte à une époque reculée. La première dynastie, celle des ArcJiaeà-
nactides, qui dura 42 ans (depuis l'an 487 jusqu'à l'an 445 de l'ère chrétienne), n'a point laissé de monumens numismatiques.
La seconde dynastie fut celle des Leuconides : elle dura 194 ans, depuis l'an, 309, jusqu'à l'an 115 avant l'ère chrétienne.
Le premier de ses rois fut Spartacus, ou plutôt Spartocus 1er ; le dernier, nommé Périsade , comme quelques uns de ses
prédécesseurs, ne pouvant résister aux attaques des Barbares voisins de la Colchide, céda son trône au grand Mithridate, ou
Mithradate , d'après les monumens numismatiques.
Le Bospore resta dans la maison des Achéménides, dont Mithradate descendait, jusqu'à la mort de Pharnace II. A l'usurpateur
Asandre succéda l'usurpateur Scribonius; enfin, Agrippa, l'an 14 avant notre ère, établit sur le trône du Bospore Polémon Ier, déjà
roi du Pont, et qui succomba l'an 1" avant J.-C , sous les attaques des Aspurgitains.
L'empire des Aspurgitains renferme un espace de près de trois siècles et demi, du commencement de l'ère chrétienne au règne de
Constantin. Depuis quelques années, les monumens numismatiques des rois Aspurgitains se sont multipliés, pour ainsi dire à l'in-
fini : nous ferons en sorte que cette partie de notre publication ne prenne pas un développement fastidieux pour le lecteur, l'histoire
des rois Aspurgitains du Bospore n'offrant qu'un intérêt purement local.
On verra plus bas (Comm. du n° 3), que le royaume du Pont fut fondé, à l'époque de la conquête de la Perse par Alexandre,
par Mithradate II, descendant de la famille des Achéménides, et satrape héréditaire de cette partie de la grande monarchie des
Perses. A la mort de Darius, fils de Pharnace, le Pont passa entre les mains de Polémon Ier; Polémon II, son fils, résigna son
royaume entre les mains de Néron, l'an G3 de l'ère chrétienne, et reçut en échange la souveraineté d'une partie de la Cilicie.
On trouve plusieurs ères différentes sur les médailles du Pont et du Bospore. lo L'ère du Pont, dont la date remonte à l'an 301
avant l'ère chrétienne, le premier du règne de Mithradate III. L'ère du Pont (dont l'origine a été fixée à la fois par Cary et Froe-
lich), se rencontre sur les médailles de Mithradate III, de Mithradate VI Eupator, de Pharnace II, et plus tard, dans le Bospore,
sur celles de Polémon I" et des princes Aspurgitains qui lui succédèrent.
2° L'ère césarienne employée par Pythodoris et Polémon II (V. ci-dessous, le Comm. du n° 19).
3° L'ère du règne d'Asandre , et celle du règne de Polémon II, usitées seulement par chacun de ces princes.
LEUCON, fils de Satyiius, roi du Bospore.-
353 av. J.-C.
PLANCHE XXIV.
De 393 a
N° 1.
Tête d'Hercule, coiffée de la peau de lion, à droite.
Bf. BA2IAEQ; AEïKîîNoç. Arc et massue d'Hercule. JE. 6. Mion-
net, N° 1. Suppl. N°s 3, 4.
(De Blaramberg, Notice sur quelques objets cT antiquité découverts en Tau-
ride, Paris, 1822. vign. de la p. 1.)
Ce prince est célèbre par les rapports qu'il entretint avec Athènes, et les
guerres qu'il eut à soutenir contre les Barbares de son voisinage. Le passage
classique sur Leucon est dans Démosthène ( Adv. Leptin. p. 466, Reiske).
M. de Koehler (Rem. sur les antiq. du Bosp. Citnm. p. (;b) a contesté l'at-
tribution précédemment faite à Leucon, fils de Satyrus, des médailles dont
nous reproduisons un spécimen. Ce savant voit dans la pièce de bronze de
Leucon , portant au revers les armes d'Hercule, une imitation évidente des
tétradrachmes d'argent d'Alexandre-le-Grand, qui offrent au revers Jupiter
assis. Un tel rapprochement ne nous paraît pas assez fondé pourpriverde toutes
médailles un roi fameux dans les annales des colonies grecques de la mer Noire
et pour supposer en même temps l'existence d'un Leucon II, dont les auteurs
anciens n'ont pas prononcé le nom.
M. de Koehler a publié séparément, à Pétersbourg, en 1824, une médaille
d'un roi de Bosphore, du nom de Spartocus. N'ayant pas à notre disposition
la médaille de l'opuscule de M. de Koehler, nous nous contentons de citer la
description de la médaille de Spartocus , d'après M. Mionnet. (Suppl. N° 5.)
Tète diadémée de Spartocus? à droite, i}. BASIAEQE [SjriArTOKOY. Arc
dans un carquois; dans le champ, le monogramme OME. AB. 6. (Cabinet du
comte de Bomanzoff. )
PERISADE II, fils de Spartocus 1V
— RÈGNE EN 289 AV J.-C.
N° 2.
Tête de Périsade, ceinte du diadème, à droite.
R/. BASIAEns JLAIPI2AAOY. Pallas assise sur un siège, à gauche,
tenant dans la main droite une petite Victoire, le coude gau-
che appuyé sur son bouclier. Sous le siège, le monogramme
IIANT; plus bas, un trident. AV. 4 1/2. Mionnet, N° 2.
Cette belle pièce, publiée pour la première fois par de Boze ( Mém. de l'Ac.
des Inscrip. tom. VI. p. 552), avait été attribuée par ce savant à Périsade Ier,
frère puîné de Spartocus III, et fils du Leucon qui précède. Cette opinion a été
réfutée par Visconti (Icon. gr. tom. IL p. 121); ce dernier a fait voir que
Périsade I", mort en 310 avant J.-C, n'avait pu imiter un statère d'or de
Lysimaque , lequel n'avait pris le titre de roi qu'en 307 ou 306 : il en a conclu
que la pièce devait être attribuée à un autre Périsade, fils de Spartocus IV, et
dont l'existence n'a été révélée que par une inscription de Panticapée (Vaxel,
Recueil de quelques antiquités de la mer Noire. Berlin, 1803. in-4°, n° 7.
B. Rochette, Ant. du Posph. PI. VI. n"s 4 et 5. Boeckh. Corp. inser. n° 2107.)
L'argumentation de Visconti nous paraît sans réplique. La pièce, en effet, est
identique, pour la forme, le poids, le type du revers et la disposition de la lé-
gende, aux statères de Lysimaque (V. pi. IV, n° 8-10). Il n'y a de différence
que pour la tète qui offre le portrait de Périsade, ceinte du bandeau royal.
Cette dernière circonstance, au reste, vient à l'appui de l'opinion de Visconti :
à l'époque de Périsade Ier, il s'était écoulé trop peu de temps encore depuis
la mort d'Alexandre, pour qu'un petit roi du Bospore osât dès lors placer son
effigie sur la monnaie qu'il faisait frapper. Le monogramme FIANT indique
Panticapée, la capitale des États des rois Leuconides.