VI
PRÉFACE.
un accueil dont tout autre que lui aurait été étonné. Natu-
ralisè français en 1833, il devint en peu d’années membre
de l’Institut (28 mai 1833), professeur à la Faculté des
sciences de Paris (16 décembre 1834), rédacteur au Jour-
nal des Sauants (1838) et professeur au Collège de France
(5 juillet 1843).
Après avoir débuté par des travaux de mathématiques, il
s’était peu à peu tourné exclusivement d’abord vers l’his-
toire des sciences, puis vers la bibliographie et la paléogra-
phie, pour lesquelles il avait de remarquables aptitudes. De
bonne heure, il avait senti s’éveiller en lui l’amour des
livres, et il avait résolu de se former une vaste bibliothèque,
dont la composition devait satisfaire à la fois l’érudit et le
bibliophile. Mais bientôt il se laissa entraîner par des ins-
tincts purement mercantiles, et, sans même prendre la peine
de se cacher au public, il se livra tout entier au commerce
des livres rares, des manuscrits et des autographes. Le
meilleur de son temps fut employé à correspondre 1 avec les
libraires de l’Europe entière, à surveiller des relieurs, à
donner des conseils aux restaurateurs de vieux papiers, à
diriger la main de calligraphes plus habiles que conscien-
cieux et à préparer des ventes, où, sous des noms supposés,
t. Une partie de la correspondance de Libri avec les libraires, ies
relieurs, les restanrateurs de livres, etc,, est à la Bibliothèque nationale
dans les mss. français 3263, 3264 et 3279 du fonds des Nouvelles acqui- •
sitions. II faut là parcourir pour se faire une idée de l’activité avec
laquelle Libri àuivait toutes les opérations nécessaires pour assurer le
succès de ses ventes. — Dans un billet que lui adressait un certain Victor
B., nous lisons : « Je n’ai pu aller vous voir samedi dernier pour l’encre
deslinée à la restauration de l’Alde que vous m’avez confié. » (Nouv. acq.
fr. 3264, fol. 87.) — Un autre artiste, S., lui écrivait le 3 juin 1846 : « Je
vous porterai aussi Opera jocunda. Quoique ce changement de titre, le
livre étant relié, était une opération délicate, vous avez eu raison de
demander ce changement. Le livre y gagnera ; car j’ai trouvé positive-
ment du même papier, et, quand la restauration sera faile, comme j’es-
père qu’elle sera et seion votre goùt et selon votre désir, je défie que l’on
doute que cette feuille ne soit pas le titre véritable. » (Nouv. acq. fr. 3264,
fol. 62.)
PRÉFACE.
un accueil dont tout autre que lui aurait été étonné. Natu-
ralisè français en 1833, il devint en peu d’années membre
de l’Institut (28 mai 1833), professeur à la Faculté des
sciences de Paris (16 décembre 1834), rédacteur au Jour-
nal des Sauants (1838) et professeur au Collège de France
(5 juillet 1843).
Après avoir débuté par des travaux de mathématiques, il
s’était peu à peu tourné exclusivement d’abord vers l’his-
toire des sciences, puis vers la bibliographie et la paléogra-
phie, pour lesquelles il avait de remarquables aptitudes. De
bonne heure, il avait senti s’éveiller en lui l’amour des
livres, et il avait résolu de se former une vaste bibliothèque,
dont la composition devait satisfaire à la fois l’érudit et le
bibliophile. Mais bientôt il se laissa entraîner par des ins-
tincts purement mercantiles, et, sans même prendre la peine
de se cacher au public, il se livra tout entier au commerce
des livres rares, des manuscrits et des autographes. Le
meilleur de son temps fut employé à correspondre 1 avec les
libraires de l’Europe entière, à surveiller des relieurs, à
donner des conseils aux restaurateurs de vieux papiers, à
diriger la main de calligraphes plus habiles que conscien-
cieux et à préparer des ventes, où, sous des noms supposés,
t. Une partie de la correspondance de Libri avec les libraires, ies
relieurs, les restanrateurs de livres, etc,, est à la Bibliothèque nationale
dans les mss. français 3263, 3264 et 3279 du fonds des Nouvelles acqui- •
sitions. II faut là parcourir pour se faire une idée de l’activité avec
laquelle Libri àuivait toutes les opérations nécessaires pour assurer le
succès de ses ventes. — Dans un billet que lui adressait un certain Victor
B., nous lisons : « Je n’ai pu aller vous voir samedi dernier pour l’encre
deslinée à la restauration de l’Alde que vous m’avez confié. » (Nouv. acq.
fr. 3264, fol. 87.) — Un autre artiste, S., lui écrivait le 3 juin 1846 : « Je
vous porterai aussi Opera jocunda. Quoique ce changement de titre, le
livre étant relié, était une opération délicate, vous avez eu raison de
demander ce changement. Le livre y gagnera ; car j’ai trouvé positive-
ment du même papier, et, quand la restauration sera faile, comme j’es-
père qu’elle sera et seion votre goùt et selon votre désir, je défie que l’on
doute que cette feuille ne soit pas le titre véritable. » (Nouv. acq. fr. 3264,
fol. 62.)