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BYZANCE A L'ÉPOQUE DES CROISADES 25
procédure écrite que mon procès doit être jugé. »
On trouverait difficilement une anecdote pins
significative. Elle montre à la fois le scepticisme
absolu qu'éprouvait le bon sens grec en face de ces
moyens de justice naïfs et brutaux qu'avait imaginés
l'Occident, et l'orgueil incommensurable qu'avaient les
Byzantins à sentir derrière eux une longue tradition
de civilisation, à n'être point, pour tout dire, « des
barbares ». C'est là le mot décisif, celui qui explique
tout. Entre les « Romains fils de Romains » et les
Latins « barbares », il ne saurait y avoir d'accord :
les lois qui conviennent à la brutalité des uns ne
sauraient convenir à la culture raffinée des autres,
l'empirisme grossier de leur justice ne saurait être
mis en parallèle avec le système de législation savam-
ment élaboré par les jurisconsultes de Constantinople.
Les Grecs pourront bien, par nécessité, se rapprocher
des gens d'Occident; ils pourront bien, par caprice,
adopter telle ou telle de leurs modes. Sous les
alliances passagères, sous les emprunts momentanés,
le mépris fondamental subsiste, dans la claire con-
science de la supériorité éclatante du « Romain » sur
le « barbare ». Par certains traits tout extérieurs,
Byzance a pu sembler se transformer au contact des
Latins. Au fond, elle est restée irréductible dans son
orgueil traditionnel, incapable et volontairement
insoucieuse de rien comprendre à l'esprit nouveau
qui soufflait d'Occident.
 
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