CHAPITRE V
UN POÈTE DE COUR
AU S!ÈCLE DES COMNÈNES
Vers la première moitié du xn° siècle, vivait à Cons-
tantinople un pauvre diable d'homme de lettres, qui
se nommait Théodore Prodrome. Lui même s'appe-
lait volontiers a Ptochoprodrome w, c'est-à-dire le
pauvre Prodrome : et, en effet, il se rencontra rare-
ment littérateur plus besogneux, plus famélique, plus
quémandeur. Il a passé sa vie entière à chercher
des protecteurs puissants, à solliciter l'empereur, les
priucesetles princesses, les grands seigneurs et les
grands dignitaires, à gémir, afin de les attendrir, sur
sa pauvreté, sur ses malheurs, sur sa santé, sur sa
vieillesse, à leur demander pour prix de ses compli-
ments, de ses épithalames, de ses condoléances, de
l'argent, des places, ou du moins un lit à l'hôpital.
Mendiant et vaniteux tout ensemble, très fier de sa
famille, de son éducation, de son talent, et capable
avec cela de toutes les platitudes, il offre un type
curieux de ce qu'était l'homme de lettres à Byzance,
en ce siècle des Comnènes qui se piquait d'aimer et
de protéger les écrivains.
UN POÈTE DE COUR
AU S!ÈCLE DES COMNÈNES
Vers la première moitié du xn° siècle, vivait à Cons-
tantinople un pauvre diable d'homme de lettres, qui
se nommait Théodore Prodrome. Lui même s'appe-
lait volontiers a Ptochoprodrome w, c'est-à-dire le
pauvre Prodrome : et, en effet, il se rencontra rare-
ment littérateur plus besogneux, plus famélique, plus
quémandeur. Il a passé sa vie entière à chercher
des protecteurs puissants, à solliciter l'empereur, les
priucesetles princesses, les grands seigneurs et les
grands dignitaires, à gémir, afin de les attendrir, sur
sa pauvreté, sur ses malheurs, sur sa santé, sur sa
vieillesse, à leur demander pour prix de ses compli-
ments, de ses épithalames, de ses condoléances, de
l'argent, des places, ou du moins un lit à l'hôpital.
Mendiant et vaniteux tout ensemble, très fier de sa
famille, de son éducation, de son talent, et capable
avec cela de toutes les platitudes, il offre un type
curieux de ce qu'était l'homme de lettres à Byzance,
en ce siècle des Comnènes qui se piquait d'aimer et
de protéger les écrivains.