Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Diehl, Charles
La peinture byzantine — Paris, 1933

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.42164#0014
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Mais bientôt d’autres idées prévalurent. Dans la pensée des chefs de
l’Eglise, la décoration des édifices sacrés dut avoir un autre but et une
autre portée ; elle ne dut plus être seulement une vaine parure, mais un
moyen de servir à l’instruction et à l’édification des fidèles. « Ce que la
parole présente à l’oreille, écrivait saint Basile, la peinture muette le
montre de même par l’imitation ». Grégoire de Nysse disait de même :
« Le peintre travaille avec des couleurs, comme dans un livre parlant. La
peinture muette parle sur le mur et fait beaucoup de bien. » Et dans une
lettre que, vers la fin du IVe siècle, saint Nil adressait à un haut personnage
de l’administration impériale, il condamnait sévèrement les décorations
où l’on se préoccupait « du seul plaisir des yeux, » et recommandait de
peindre dans les églises des scènes empruntées à l’Ancien Testament et à
l’Evangile, « afin, ajoutait-il, — et la phrase est significative — que ceux qui
ne savent pas les lettres et ne peuvent lire les Saintes Ecritures se sou-
viennent, en regardant les peintures, des belles actions de ceux qui ont
servi fidèlement le vrai Dieu et soient incités à imiter leur conduite. » Ainsi,
sur les murailles des édifices sacrés, la décoration fut comme un grand
livre ouvert aux regards des illettrés, comme une Bible magnifiquement
enluminée, où ils apprirent par les yeux les grands événements de l’histoire
chrétienne. Et à ce souci du récit historique, se substituant au symbolisme
d’autrefois, déjà parfois vinrent s’ajouter des préoccupations liturgiques ou
théologiques, groupant autour de l’autel, à Saint-Vital de Ravenne, les
épisodes qui annoncent et glorifient le sacrifice de l’agneau divin, ou expri-
mant, aux Saints-Apôtres de Constantinople, par l’importance relative
donnée aux différentes séries de scènes historiques, le dogme des deux
natures unies dans la personne du Christ, que venait de proclamer solen-
nellement le concile de 553.
C’est dans ce sens que, de plus en plus, devait s’orienter la décoration
des églises byzantines. A partir du IXe siècle, elle se proposa en effet un
objet nouveau : au lieu de raconter aux fidèles, dans leur succession chro-
nologique, les beautés de l’histoire évangélique, ce qu’elle voulut mainte-
nant, ce fut d’exprimer sur les murailles le dogme dont l’église apparaissait
comme la figure visible. « L’image, comme on l’a fort bien dit, ne raconte
plus des actions édifiantes à des foules à peine converties : elle exprime le
dogme, elle traduit les paroles ou les rites de la liturgie. Au IVe siècle

8
 
Annotationen