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FANTIN-LATOUR
enfin se jouer dans celle-ci et y jeter l’agrément léger
d’un élégant illustrateur.
Fantin est mort le 23 août 1904. Il était âgé de
soixante-huit ans. Le regret des siens et de tous ceux
qui l’ont connu,fut à la mesure des qualités de l’homme.
Celles de l’artiste ont dans cette circonstance recueilli
le juste tribut d’éloges qu’une carrière si bien rem-
plie mérite.
Les idées que Fantin trouva debout au début de
cette carrière, sont aujourd’hui bien loin. Notre pensée
s’y retrouve à peine. Le réalisme, ou ce qu’on nom-
mait de ce nom, dissident alors, a triomphé depuis,
sans profit sensible pour l’art. L’école, échappée au
cénacle, entrée dans les sphères officielles, éparpillée
aux quatre vents de la réclame, popularisée, ravilie,
roulée au flot incohérent qui fait dans l’un ou l’autre
Salon se heurter la platitude, l’enflure, la grossièreté,
l’extravagance, la nullité écolière, l’ignorance outran-
cière, la niaiserie vierge, la folie pure, a cessé d’être
l’élément de renouveau et de sagesse qu’on a pu un
temps espérer.
Plus que jamais, les individus sont réduits à chercher
leur voie, les vrais talents à ne relever que d’eux-
mêmes. Ce que Fantin a fait, qui pourrait le refaire ?
Son exemple du moins subsiste, je dis la leçon muette
de son œuvre et l’enseignement de son existence.
Note. — Pour le caractère de Fantin, ses idées, sa manie de
germanisme, pour le jugement sans bienveillance mais éclairé de
ses talents, je renvoie au chapitre que lui consacre M. Jacques
Blanche dans son livre (in-12, Paris 1819) de David à Degas.
FANTIN-LATOUR
enfin se jouer dans celle-ci et y jeter l’agrément léger
d’un élégant illustrateur.
Fantin est mort le 23 août 1904. Il était âgé de
soixante-huit ans. Le regret des siens et de tous ceux
qui l’ont connu,fut à la mesure des qualités de l’homme.
Celles de l’artiste ont dans cette circonstance recueilli
le juste tribut d’éloges qu’une carrière si bien rem-
plie mérite.
Les idées que Fantin trouva debout au début de
cette carrière, sont aujourd’hui bien loin. Notre pensée
s’y retrouve à peine. Le réalisme, ou ce qu’on nom-
mait de ce nom, dissident alors, a triomphé depuis,
sans profit sensible pour l’art. L’école, échappée au
cénacle, entrée dans les sphères officielles, éparpillée
aux quatre vents de la réclame, popularisée, ravilie,
roulée au flot incohérent qui fait dans l’un ou l’autre
Salon se heurter la platitude, l’enflure, la grossièreté,
l’extravagance, la nullité écolière, l’ignorance outran-
cière, la niaiserie vierge, la folie pure, a cessé d’être
l’élément de renouveau et de sagesse qu’on a pu un
temps espérer.
Plus que jamais, les individus sont réduits à chercher
leur voie, les vrais talents à ne relever que d’eux-
mêmes. Ce que Fantin a fait, qui pourrait le refaire ?
Son exemple du moins subsiste, je dis la leçon muette
de son œuvre et l’enseignement de son existence.
Note. — Pour le caractère de Fantin, ses idées, sa manie de
germanisme, pour le jugement sans bienveillance mais éclairé de
ses talents, je renvoie au chapitre que lui consacre M. Jacques
Blanche dans son livre (in-12, Paris 1819) de David à Degas.