LE FAUX LÉONARD
DU MUSÉE DE BERLIN
Le monde du goût et de la critique est agité en ce
moment par un événement singulier. Pour une somme
qui ne va pas à moins de 200.000 francs, dit-on,
M. Bode a acheté pour le musée de Berlin, dont il est
conservateur, un buste de Flore en cire qu’il dit être
l’œuvre de Léonard de Vinci, et qui n’est qu’un ou-
vrage moderne, de provenance anglaise et médiocre.
On nomme jusqu’à l’auteur, Richard Cockle Lucas,
travaillant il y a cinquante ans. Les preuves, depuis
l’achat commis, en ont été rendues publiques. Cepen-
dant le musée de Berlin ne convient pas de son erreur.
M. Bode maintient son sentiment. Il vient même d’en
saisir le public parisien par une défense en langu3
française parue dans le Figaro du 2 décembre der-
nier.
Les Arts n’en ont encore rien dit. Mais il n’est pas
possible qu’ils n’aient une opinion. Ne serait-il pas
utile d’en faire part au public, après que tant de rai-
sons échangées ont commencé de brouiller une ques-
tion si claire, surtout après que la lettre de M. Bode a
mis la défense de Berlin en position privilégiée ?
Il est fâcheux qu’on ait fait en Allemagne une ques-
Paru dans les Arts, février 1910.
DU MUSÉE DE BERLIN
Le monde du goût et de la critique est agité en ce
moment par un événement singulier. Pour une somme
qui ne va pas à moins de 200.000 francs, dit-on,
M. Bode a acheté pour le musée de Berlin, dont il est
conservateur, un buste de Flore en cire qu’il dit être
l’œuvre de Léonard de Vinci, et qui n’est qu’un ou-
vrage moderne, de provenance anglaise et médiocre.
On nomme jusqu’à l’auteur, Richard Cockle Lucas,
travaillant il y a cinquante ans. Les preuves, depuis
l’achat commis, en ont été rendues publiques. Cepen-
dant le musée de Berlin ne convient pas de son erreur.
M. Bode maintient son sentiment. Il vient même d’en
saisir le public parisien par une défense en langu3
française parue dans le Figaro du 2 décembre der-
nier.
Les Arts n’en ont encore rien dit. Mais il n’est pas
possible qu’ils n’aient une opinion. Ne serait-il pas
utile d’en faire part au public, après que tant de rai-
sons échangées ont commencé de brouiller une ques-
tion si claire, surtout après que la lettre de M. Bode a
mis la défense de Berlin en position privilégiée ?
Il est fâcheux qu’on ait fait en Allemagne une ques-
Paru dans les Arts, février 1910.