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LES RUES ET MONUMENTS DE PARIS
pour des démolitions nouvelles avaient averti le public
des changements qu’on préparait. Une partie du
faubourg Saint-Germain rasée par le boulevard Raspail,
frappait les imaginations par l’ampleur de la destruc-
tion. Les plaintes commencèrent de s’élever en faveur
des anciens immeubles, des souvenirs jetés à l’oubli,
du peu d’élégance des quartiers neufs : biais informes
des rues, crudité des aspects, dislocation des places
et des carrefours.
Ces impressions avec tant d’autres devaient céder
aux impressions de la guerre. Elles semblent aujour-
d’hui effacées. Cependant, comme on pouvait s’y
attendre, les projets anciens ont reparu. De nouveau
nous sommes en face de leurs menaces ; l’effet même
en est commencé. Le quartier de la Monnaie doit être
traversé par deux voies dont la fourche sera derrière
le palais Mazarin ; les maisons à la tête du pont Neuf
sont rasées ; des élargissements commencés font
craindre la dévastation de l’île Saint-Louis ; le pont de
la Tournelle n’est plus ; des projets de percement et
de renversement rôdent autour du Palais-Royal.
Faut-il laisser tout cela se produire sans examen ? A
l’opinion mise en éveil quand la nouvelle en fut appor-
tée, n’y a-t-il pas lieu de faire appel encore pour en
supputer les effets ?
Rien n’empêche que cet examen soit impartialement
mené. Ceux qui vont jetant Paris par terre ont des
raisons pour élargir ; les historiens, les antiquaires qui
se plaignent de ces démolitions ont des raisons pour
conserver. Il y a lieu de tenir compte de ces deux sortes
de raisons. Ajoutons qu’aujourd’hui toutes les deux
ont des intelligences dans le public. Nous ne sommes
LES RUES ET MONUMENTS DE PARIS
pour des démolitions nouvelles avaient averti le public
des changements qu’on préparait. Une partie du
faubourg Saint-Germain rasée par le boulevard Raspail,
frappait les imaginations par l’ampleur de la destruc-
tion. Les plaintes commencèrent de s’élever en faveur
des anciens immeubles, des souvenirs jetés à l’oubli,
du peu d’élégance des quartiers neufs : biais informes
des rues, crudité des aspects, dislocation des places
et des carrefours.
Ces impressions avec tant d’autres devaient céder
aux impressions de la guerre. Elles semblent aujour-
d’hui effacées. Cependant, comme on pouvait s’y
attendre, les projets anciens ont reparu. De nouveau
nous sommes en face de leurs menaces ; l’effet même
en est commencé. Le quartier de la Monnaie doit être
traversé par deux voies dont la fourche sera derrière
le palais Mazarin ; les maisons à la tête du pont Neuf
sont rasées ; des élargissements commencés font
craindre la dévastation de l’île Saint-Louis ; le pont de
la Tournelle n’est plus ; des projets de percement et
de renversement rôdent autour du Palais-Royal.
Faut-il laisser tout cela se produire sans examen ? A
l’opinion mise en éveil quand la nouvelle en fut appor-
tée, n’y a-t-il pas lieu de faire appel encore pour en
supputer les effets ?
Rien n’empêche que cet examen soit impartialement
mené. Ceux qui vont jetant Paris par terre ont des
raisons pour élargir ; les historiens, les antiquaires qui
se plaignent de ces démolitions ont des raisons pour
conserver. Il y a lieu de tenir compte de ces deux sortes
de raisons. Ajoutons qu’aujourd’hui toutes les deux
ont des intelligences dans le public. Nous ne sommes