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https://doi.org/10.11588/diglit.17628#0010
EPISTRE.
cognoisTance d'vn vrayDieu. Aufurplus si nous voulions attribuer lacouîpeaux chofes
dont les hommes, &memies pour fonsalut, qui ne donne quelque occalion d'abus, &de
méchanceté. Etàsinqueienepourfuyuecejiombreinsinydes œuuresde Dieu exposées
enla veue de l'homme : comme le Soleil,& toute ceste innumerable armée d'esioilles,quc
plusieurs nations ontadoré comme Dieux:&que ielaisfe les meurtres, pilleries, guerres,
& cruautés, qui ne s executentgueres sans ce ser, dont la commodité de la vie de l'homme
asigrandbeloin : Qualités veangeauces, iniustes, &tyranies onteftécommues par Roys,
£: autres Potentats, sous couleur de iuflïce ? Quelles hypocrisies, abus, &hereiies, ont
inse&é le monde (ous couleur de la sainéte eferiture? De laquelle s'il eftoit licite banir les
langues pour Tabus,il eftoit beaucoup plus raisonnable, d'en priuer la-Grecque & Latine,
queiaFrançoise-veu que les plus notables & exécrables heresies anciennes ont efté sor-
gées par Grecz & Latins, & publiées en leurs langues. Concluons donc que la coulpe des
soutes que l'homme sait en Tes œuures, & en celles de Dieu, preuienneat de fon ignoran-
ce, ou de la malice, & de celle longue fuyte de vices ; comme entre autres de Pambicion
d'eriuie, auàriee, &r outrecuydance en son propre sens, que cause la concupiscence. Refte
qu'on pourra dire queles images, & ftatues font plus de plaisir,que de neceilté,ne de pro-
ssit. Pour à quoy satissaire ie dy premieremét, que quand elles ne feruiroyent que de plai-
fir, qu'elles ne (eroyent paspeurtant dignes d'eftre reprouuées, fmon de tant que le de-
uoir deu à Dieu,ou au prochain, ou à noftre propre conferuation y feroit oftenfé. combié
qu'outre le contentement qu'elles donnent à l'œil, on trouuera qu'elles ne sont pas de pe-
tite consequencepour refrefehir la mémoire, &émouuoir les hommes à quelque assecti-
on. Ou eft l'homme de vray qui ait quelquesois veules hiftoires de la sain&e eseriture,
auquel il ne fouuiennede la grande arTedi on & obeiftance d'Abraham à Dieu, & de fon
fils à luy, Ik. le voyant hauflantle bras-, l'espée au poing, pour sacrifier de (a main fon enfant
Ifaac, à fon Dieu fouuerain ? Qui ne s^pmerueille de la grâce de Dieu voyant sainctPaul,
homme & cheual par terre, & rendu Chreftien de periecuturPQuant grande force de soy
nous montrera la pourtraiture des trois frères en l'ardente fournaife ? Or entendez que
tout ainfi qu'vne parolle élégante & bien ordonnée a vne grande puifsance d'attraire les
hommes à vne audiance, & de les rendre affectionnes àla fubstance du propos, qu'en fem-
blableauffi vne pourtraiture bien ordonnée attrait plus aifément l'homme à la considé-
ration du faid de Ces qualitez. Confiderant donc la diligence & doctrine d'Albert Durer
en la recherche des proportions de l'homme, ioinctaussile bon tenon & authorité qu'il
s'eft; acquis entre tousles plus excellenspeindres,i'ay bienvouluàla requefted'aucuns
miens amys, traduire les quatre liures qu'il a fait touchant la proportion de l'homme : à
celle fin que nos peinétres & imagersfoient plus diligens &: plus addroicts à bien compa-
rer leur artifice, & qu'au furplus ceux qui portent fi grande reuerence aux ouurages anti-
ques, ayant quelque moyen de iugemét pour ne fe laiser tromper (côme il aduié bien fou-
uenu)fous ombre de Pantiquitté : & que la cognoifTance de la perfection des ouurages,ne
lesfounre auoirtanten dedainlafuffisancedespein&rcs &imagcrs denofltc temps.
A vn seul Dieu honneur & gloire,
cognoisTance d'vn vrayDieu. Aufurplus si nous voulions attribuer lacouîpeaux chofes
dont les hommes, &memies pour fonsalut, qui ne donne quelque occalion d'abus, &de
méchanceté. Etàsinqueienepourfuyuecejiombreinsinydes œuuresde Dieu exposées
enla veue de l'homme : comme le Soleil,& toute ceste innumerable armée d'esioilles,quc
plusieurs nations ontadoré comme Dieux:&que ielaisfe les meurtres, pilleries, guerres,
& cruautés, qui ne s executentgueres sans ce ser, dont la commodité de la vie de l'homme
asigrandbeloin : Qualités veangeauces, iniustes, &tyranies onteftécommues par Roys,
£: autres Potentats, sous couleur de iuflïce ? Quelles hypocrisies, abus, &hereiies, ont
inse&é le monde (ous couleur de la sainéte eferiture? De laquelle s'il eftoit licite banir les
langues pour Tabus,il eftoit beaucoup plus raisonnable, d'en priuer la-Grecque & Latine,
queiaFrançoise-veu que les plus notables & exécrables heresies anciennes ont efté sor-
gées par Grecz & Latins, & publiées en leurs langues. Concluons donc que la coulpe des
soutes que l'homme sait en Tes œuures, & en celles de Dieu, preuienneat de fon ignoran-
ce, ou de la malice, & de celle longue fuyte de vices ; comme entre autres de Pambicion
d'eriuie, auàriee, &r outrecuydance en son propre sens, que cause la concupiscence. Refte
qu'on pourra dire queles images, & ftatues font plus de plaisir,que de neceilté,ne de pro-
ssit. Pour à quoy satissaire ie dy premieremét, que quand elles ne feruiroyent que de plai-
fir, qu'elles ne (eroyent paspeurtant dignes d'eftre reprouuées, fmon de tant que le de-
uoir deu à Dieu,ou au prochain, ou à noftre propre conferuation y feroit oftenfé. combié
qu'outre le contentement qu'elles donnent à l'œil, on trouuera qu'elles ne sont pas de pe-
tite consequencepour refrefehir la mémoire, &émouuoir les hommes à quelque assecti-
on. Ou eft l'homme de vray qui ait quelquesois veules hiftoires de la sain&e eseriture,
auquel il ne fouuiennede la grande arTedi on & obeiftance d'Abraham à Dieu, & de fon
fils à luy, Ik. le voyant hauflantle bras-, l'espée au poing, pour sacrifier de (a main fon enfant
Ifaac, à fon Dieu fouuerain ? Qui ne s^pmerueille de la grâce de Dieu voyant sainctPaul,
homme & cheual par terre, & rendu Chreftien de periecuturPQuant grande force de soy
nous montrera la pourtraiture des trois frères en l'ardente fournaife ? Or entendez que
tout ainfi qu'vne parolle élégante & bien ordonnée a vne grande puifsance d'attraire les
hommes à vne audiance, & de les rendre affectionnes àla fubstance du propos, qu'en fem-
blableauffi vne pourtraiture bien ordonnée attrait plus aifément l'homme à la considé-
ration du faid de Ces qualitez. Confiderant donc la diligence & doctrine d'Albert Durer
en la recherche des proportions de l'homme, ioinctaussile bon tenon & authorité qu'il
s'eft; acquis entre tousles plus excellenspeindres,i'ay bienvouluàla requefted'aucuns
miens amys, traduire les quatre liures qu'il a fait touchant la proportion de l'homme : à
celle fin que nos peinétres & imagersfoient plus diligens &: plus addroicts à bien compa-
rer leur artifice, & qu'au furplus ceux qui portent fi grande reuerence aux ouurages anti-
ques, ayant quelque moyen de iugemét pour ne fe laiser tromper (côme il aduié bien fou-
uenu)fous ombre de Pantiquitté : & que la cognoifTance de la perfection des ouurages,ne
lesfounre auoirtanten dedainlafuffisancedespein&rcs &imagcrs denofltc temps.
A vn seul Dieu honneur & gloire,