18 PEINTURES CÉRAMIQUES
peintures céramiques que M. Benndorf. donne dans son recueil un
fragment d'amphore et un lécythus entier qui sont des pièces d'un mé-
rite exquis. Le iécythus représente une femme vers laquelle s'approchent
une servante etune canéphore1. Malheureusement la planche de M. Hey-
demann est au trait, sans couleur; ce savant a raison de dire qu'il n'a
rien vu de plus délicat et de plus heau; on comprendrait mieux son
admiration, s'il avait reproduit la draperie rose du personnage principal,
la tunique sombre de la jeune fille : c'est, en partie, dans l'harmonie des
teintes qu'est le mérite de ce vase; il doit être publié à nouveau. Il
n'en est pas de même du fragment d'amphore à figures rouges : une
femme donne la main à son fiancé; Eros voltige entre les deux person-
nages, à gauche est un jeune homme, à droite une jeune fille. L'expres-
sion recueillie de la scène est d'un grand effet. (Pl. X, fig. i.)
On trouvera chez M. Heydemann quelques jolis spécimens de ces
aryballes où les couleurs les plus vives sont relevées par des feuilles d'or;
mais il ne reproduit pas la richesse de la décoration, et il choisit rare-
ment les plus beaux. Il est à regretter que ce savant n'ait dessiné au-
cun des vases ornés de figures en relief que possèdent les collections
d'Athènes et de Corinthe; tels d'entre eux peuvent être comparés à ce
que la sculpture a de plus achevé. Je citerai en particulier un aryballe
de la collection Rendis, qui représente une femme assise et une suivante
qui porte un éventail. Mais ce qui manque surtout aces deux recueils,
si l'on veut y chercher les types de la belle céramique athénienne, ce
sont des spécimens d'œnochoés et de pyxis à fond noir où les artistes
ont mis tout leur talent. Le dessin est d'une finesse qu'on ne retrouve
en Italie que sur des œuvres très-rares, évidemment importées de Grèce.
Il eût aussi été utile de faire connaître, au moins par quelques exemples,
ces grands vases où l'atticisme, sans perdre encore sa distinction, pro-
digue l'or et les riches couleurs. M. Benndorf et surtout M. Heydemann
nous font entrevoir le genre de beauté propre aux vases athéniens du
iv° siècle, ils laissent de côté les exemples les plus remarquables,
les véritables chefs-d'œuvre. Les vases d'ancien style sont presque tou-
jours semblables en Italie et en Grèce; ceux du nouveau style, au con-
traire, qui furent fabriqués alors que la civilisation athénienne, arrivée
au plus haut point, sentait déjà les atteintes de la décadence, mais al-
liait encore aux grandes qualités d'autrefois infiniment de goût, de
grâce et d'esprit, se trouvent surtout en Grèce. Ils forment une riche
série, que l'histoire de l'art ne saurait négliger.
Pl. XII, %. 12.
peintures céramiques que M. Benndorf. donne dans son recueil un
fragment d'amphore et un lécythus entier qui sont des pièces d'un mé-
rite exquis. Le iécythus représente une femme vers laquelle s'approchent
une servante etune canéphore1. Malheureusement la planche de M. Hey-
demann est au trait, sans couleur; ce savant a raison de dire qu'il n'a
rien vu de plus délicat et de plus heau; on comprendrait mieux son
admiration, s'il avait reproduit la draperie rose du personnage principal,
la tunique sombre de la jeune fille : c'est, en partie, dans l'harmonie des
teintes qu'est le mérite de ce vase; il doit être publié à nouveau. Il
n'en est pas de même du fragment d'amphore à figures rouges : une
femme donne la main à son fiancé; Eros voltige entre les deux person-
nages, à gauche est un jeune homme, à droite une jeune fille. L'expres-
sion recueillie de la scène est d'un grand effet. (Pl. X, fig. i.)
On trouvera chez M. Heydemann quelques jolis spécimens de ces
aryballes où les couleurs les plus vives sont relevées par des feuilles d'or;
mais il ne reproduit pas la richesse de la décoration, et il choisit rare-
ment les plus beaux. Il est à regretter que ce savant n'ait dessiné au-
cun des vases ornés de figures en relief que possèdent les collections
d'Athènes et de Corinthe; tels d'entre eux peuvent être comparés à ce
que la sculpture a de plus achevé. Je citerai en particulier un aryballe
de la collection Rendis, qui représente une femme assise et une suivante
qui porte un éventail. Mais ce qui manque surtout aces deux recueils,
si l'on veut y chercher les types de la belle céramique athénienne, ce
sont des spécimens d'œnochoés et de pyxis à fond noir où les artistes
ont mis tout leur talent. Le dessin est d'une finesse qu'on ne retrouve
en Italie que sur des œuvres très-rares, évidemment importées de Grèce.
Il eût aussi été utile de faire connaître, au moins par quelques exemples,
ces grands vases où l'atticisme, sans perdre encore sa distinction, pro-
digue l'or et les riches couleurs. M. Benndorf et surtout M. Heydemann
nous font entrevoir le genre de beauté propre aux vases athéniens du
iv° siècle, ils laissent de côté les exemples les plus remarquables,
les véritables chefs-d'œuvre. Les vases d'ancien style sont presque tou-
jours semblables en Italie et en Grèce; ceux du nouveau style, au con-
traire, qui furent fabriqués alors que la civilisation athénienne, arrivée
au plus haut point, sentait déjà les atteintes de la décadence, mais al-
liait encore aux grandes qualités d'autrefois infiniment de goût, de
grâce et d'esprit, se trouvent surtout en Grèce. Ils forment une riche
série, que l'histoire de l'art ne saurait négliger.
Pl. XII, %. 12.