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DE LA GRÈCE PROPRE. 17

savants ne répondent pas de tout point à notre attente. C'est une opi-
nion assez répandue que les vases d'Italie l'emportent en beauté sur
ceux de Grèce. Pour tout archéologue il est évident a priori qu'une
pareille thèse ne peut être qu'un paradoxe. Ce qui a contribué à la faire
accepter c'est que la moyenne des œuvres de valeur est plus grande
en Italie que dans la Grèce propre. Mais les œuvres grecques, surtout
les œuvres attiques, ont une perfection, une grâce, souvent même un
esprit, que les fabriques italiennes n'ont pas connus, et rien, je crois,
ne marque mieux, pour le ive siècle, la distinction des artistes italiens et
des artistes grecs. On connaît déjà quelques-uns des chefs-d'œuvre des
céramistes attiques, le vase blanc du British Muséum que Raoul Ro-
chette a publié1, le lécythus Pourtalès du musée de Berlin2, les am-
phores du cap Kolias au Varvakeion3. Il n'existe pas dans la céramique
d'oeuvres plus parfaites, plus simples, plus dignes d'être étudiées par
ceux qui veulent comprendre ce qu'était l'art du dessin dans la patrie
même de l'art. Ce qui domine dans ces représentations c'est la gravité,
l'harmonie discrète, la sérénité suprême. Ni luxe, ni abondance, ni ri-
chesse; quelques figures d'un naturel achevé, l'artiste n'a rien cherché
de plus; sans efforts et d'instinct il a composé des tableaux qui sont
pour le peintre ce qu'est pour le sculpteur un bas-relief du Partliénon.
Il importait, dans un ouvrage sur les vases de la Grèce propre, de mul-
tiplier les exemples de ce genre. Ils ne sont pas rares. Le Varvakeion
possède un grand lécythus qui surpasse en beauté celui du Bristish Mu-
séum; c'est la déposition au tombeau par deux génies funèbres ailés, l'un
vieux, l'autre jeune, d'une femme qui paraît plutôt endormie que mou-
rante, recueillie et tranquille comme si elle reposait du plus doux som-
meil : image charmante et grave de la mort telle que la comprenait
l'idéal attique4. Une autre scène funèbre, qui produit une impression
moins forte, est peut-être d'un dessin plus soigné encore. Une femme
assise devant une stèle, que surmonte la feuille d'acanthe, reçoit les
présents de ses serviteurs5. Ce vase est bien supérieur à celui du musée
de Berlin que M. Benndorf a cru devoir reproduire à nouveau, pour
donner du moins un exemple des vases blancs qui sont des œuvres
d'art. M. Heydemann, plus préoccupé, ce semble, de la beauté des

très-différentes, sont de celles qu'il faut recueillir avec soin ; elles ont pour les
progrès de la science le plus grand prix. — 1 Peintures antiques inédites précédées de
recherches sur la peinture dans la décoration des édifices sacrés et publics chez les Grecs
et chez les Romains, p. 4i5, pl. VIII, IX, X et XI. — 2 fienndorl', pl. xxvi. —
3 Annali, i864, t- VIII, lab. v, fig. 2 : texte, page i83. Toutefois la planche est
loin de rendre la beauté de l'original. — 4 Ce vase a été dessiné et sera publié. —
5 Athènes, collection particulière; vase dessiné par M. Chaplain.

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