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LES ARTS SOMPTUAIRES DE BYZANCE
transformé par la suite en reliquaire1. L'église de Saint-Pierre de Troyes s'enrichit
aussi d'une étoffe de soie, prise à Constantinople dans les mêmes circonstances.
C'était un « tabis rouge, moiré et bordé d'une crépine de soie », orné de quatre scènes
du cycle évangélique : Transfiguration, Crucifiement, Descente de Croix, Enseve-
lissement, et d'une image de la Vierge, tenant le Christ-Enfant sur son bras gauche.
Une dédicace en grec et des inscriptions mentionnaient les personnages et les scènes
représentées2. Des objets d'art furent aussi transportés en Angleterre. L'inventaire
du trésor de Saint-Paul à Londres (1295) signale un calice grec (calix grsecus) et
des étoffes dites « impériales », sorties des manufactures de Byzance3.
La prise de Constantinople par les croisés fut la cause d'un appauvrissement
considérable de la capitale. Un grand nombre d'œuvres d'art furent détruites ou
dispersées. Toutefois ce début du xme siècle est peut-être pour l'art de Constanti-
nople la période de sa plus grande expansion. Dans la tristesse de l'occupation étran-
gère les habitants, les artistes et les artisans de la ville impériale songeaient sur-
tout à la perte de tant d'objets précieux. Ils ne se doutaient pas, sans doute, que leurs
œuvres feraient rayonner bien loin l'art de leur capitale, et que ces objets, dispersés
à tous les vents, comme des graines fécondes, feraient éclore, sous d'autres cieux,
des œuvres d'art qui s'inspireront des modèles ouvrés dans leurs ateliers.
1. Lapaume, Diverses inscriptions grecques trouvées à Troyes (Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences,
arts et belles-lettres du département de l'Aube, t. XV, années 1849 et 1850, p. 71).
2. Ihid., p. 72 s.
3. Du Cange, Gloss. med. et inf. lai., s. v. graeciscus, imperiale.
LES ARTS SOMPTUAIRES DE BYZANCE
transformé par la suite en reliquaire1. L'église de Saint-Pierre de Troyes s'enrichit
aussi d'une étoffe de soie, prise à Constantinople dans les mêmes circonstances.
C'était un « tabis rouge, moiré et bordé d'une crépine de soie », orné de quatre scènes
du cycle évangélique : Transfiguration, Crucifiement, Descente de Croix, Enseve-
lissement, et d'une image de la Vierge, tenant le Christ-Enfant sur son bras gauche.
Une dédicace en grec et des inscriptions mentionnaient les personnages et les scènes
représentées2. Des objets d'art furent aussi transportés en Angleterre. L'inventaire
du trésor de Saint-Paul à Londres (1295) signale un calice grec (calix grsecus) et
des étoffes dites « impériales », sorties des manufactures de Byzance3.
La prise de Constantinople par les croisés fut la cause d'un appauvrissement
considérable de la capitale. Un grand nombre d'œuvres d'art furent détruites ou
dispersées. Toutefois ce début du xme siècle est peut-être pour l'art de Constanti-
nople la période de sa plus grande expansion. Dans la tristesse de l'occupation étran-
gère les habitants, les artistes et les artisans de la ville impériale songeaient sur-
tout à la perte de tant d'objets précieux. Ils ne se doutaient pas, sans doute, que leurs
œuvres feraient rayonner bien loin l'art de leur capitale, et que ces objets, dispersés
à tous les vents, comme des graines fécondes, feraient éclore, sous d'autres cieux,
des œuvres d'art qui s'inspireront des modèles ouvrés dans leurs ateliers.
1. Lapaume, Diverses inscriptions grecques trouvées à Troyes (Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences,
arts et belles-lettres du département de l'Aube, t. XV, années 1849 et 1850, p. 71).
2. Ihid., p. 72 s.
3. Du Cange, Gloss. med. et inf. lai., s. v. graeciscus, imperiale.