CHAPITRE VÏI
L'ART DE CONSTANTINOPLE. — LES INFLUENCES ORIENTALES
L'Asie, la terre des anciennes civilisations, a été pour les Byzantins, comme
pour d'autres peuples, un immense réservoir, où ils ont puisé largement des motifs
de décoration, des ornements, des parures et des matériaux précieux. Le contact
de Byzance avec le vieux génie de l'Asie ne pouvait être pour elle entièrement sté-
rile. Les empereurs de Constantinople en ressentent très vite le puissant attrait.
Ils reçoivent des monarques asiatiques le goût de la pompeuse ostentation, l'amour
effréné du luxe le plus brillant, le plus étincelant, qui était à leurs yeux la marque
extérieure la plus complète de la puissance. Comme eux, ils accumulent sur leurs
vêtements les matières précieuses : l'or, l'argent, les pierres précieuses, les perles.
En écartant les tissus légers, les draperies harmonieuses, les étoffes souples des
Grecs et des Romains, ils seront forcés d'étriquer le costume.
Les souverains de Byzance adoptent très vite les splendeurs lourdes de l'Orient.
Constance II porte, au ive siècle, la trabea gemmcita1. Ces pierres précieuses, incrustées
dans une broderie appliquée sur l'étoffe, donnent au costume l'aspect d'un fourreau
rigide. Ce trait particulier de l'art constantinopolitain est un emprunt à l'art indus-
triel de l'Orient. A Byzance, l'amour du luxe, la valeur commerciale de l'œuvre
d'art n'étaient pas considérés comme un défaut de « Barbares ». Les Byzantins n'étaient
pas, comme les Athéniens, de vrais artistes qui adoraient le beau et méprisaient
le luxe. Sur les rives du Bosphore le sentiment du beau ne s'alliait pas généralement
avec la modération des besoins, ni avec le prix modique de la matière.
La parure et l'art du vêtement ont été, à Constantinople, l'un des principaux
débouchés de l'industrie du luxe. Beaucoup de costumes et de parures venaient
du vieil Orient. Si le pantalon est emprunté aux Huns et le tzitzakion aux Kha-
1. Strzysiowski. Oie Ca.Lenderhiid.er des Cnronugraphen vom Jahre 35h, Berlin, 1888, p. 95, pl. XXXIV.
L'ART DE CONSTANTINOPLE. — LES INFLUENCES ORIENTALES
L'Asie, la terre des anciennes civilisations, a été pour les Byzantins, comme
pour d'autres peuples, un immense réservoir, où ils ont puisé largement des motifs
de décoration, des ornements, des parures et des matériaux précieux. Le contact
de Byzance avec le vieux génie de l'Asie ne pouvait être pour elle entièrement sté-
rile. Les empereurs de Constantinople en ressentent très vite le puissant attrait.
Ils reçoivent des monarques asiatiques le goût de la pompeuse ostentation, l'amour
effréné du luxe le plus brillant, le plus étincelant, qui était à leurs yeux la marque
extérieure la plus complète de la puissance. Comme eux, ils accumulent sur leurs
vêtements les matières précieuses : l'or, l'argent, les pierres précieuses, les perles.
En écartant les tissus légers, les draperies harmonieuses, les étoffes souples des
Grecs et des Romains, ils seront forcés d'étriquer le costume.
Les souverains de Byzance adoptent très vite les splendeurs lourdes de l'Orient.
Constance II porte, au ive siècle, la trabea gemmcita1. Ces pierres précieuses, incrustées
dans une broderie appliquée sur l'étoffe, donnent au costume l'aspect d'un fourreau
rigide. Ce trait particulier de l'art constantinopolitain est un emprunt à l'art indus-
triel de l'Orient. A Byzance, l'amour du luxe, la valeur commerciale de l'œuvre
d'art n'étaient pas considérés comme un défaut de « Barbares ». Les Byzantins n'étaient
pas, comme les Athéniens, de vrais artistes qui adoraient le beau et méprisaient
le luxe. Sur les rives du Bosphore le sentiment du beau ne s'alliait pas généralement
avec la modération des besoins, ni avec le prix modique de la matière.
La parure et l'art du vêtement ont été, à Constantinople, l'un des principaux
débouchés de l'industrie du luxe. Beaucoup de costumes et de parures venaient
du vieil Orient. Si le pantalon est emprunté aux Huns et le tzitzakion aux Kha-
1. Strzysiowski. Oie Ca.Lenderhiid.er des Cnronugraphen vom Jahre 35h, Berlin, 1888, p. 95, pl. XXXIV.