L'ART IMPÉRIAL. — LA TRADITION ANTIQUE
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de la pureté du dessin. Toutefois les couleurs sont moins variées et moins vives que
sur les étoffes musulmanes. Comme couleur de fond ils ont une prédilection mar-
quée pour la pourpre impériale avec toute sa gamme de nuances, rouge, écarlate,
violet, ainsi que pour le bleu. Le décor est souvent d'un seul ton, jaune ou blanc.
Ils emploient les tons vifs et chauds, mais ils aimaient beaucoup les demi-teintes,
les couleurs intermédiaires, les nuances délicates : rose, abricot, citron, cognassier,
vert pomme.
Ce n'est pas un mince mérite, assurément, que d'avoir tenté de faire revivre
et de continuer les traditions de l'art antique. Les artistes et les artisans de Cons-
tantinople s'efforcèrent de conserver les principes essentiels, les grands caractères
de noblesse et d'harmonie de l'art hellénique. Ils ont été les gardiens fidèles de cer-
taines traditions de tenue et de mesure, qui auraient pu être complètement aban-
données dès le ive siècle. En Occident, les artistes des premiers siècles du moyen
âge les avaient complètement oubliées. L'école de Consta'ntinople a su maintenir
l'héritage que lui avait légué l'antiquité classique, en face de l'Orient tumultueux,
qui faillit plusieurs fois submerger la ville impériale. Cet art de l'Orient asiatique,
avec sa folle prodigalité dans les matériaux et son exubérance dans le décor, n'a pas
réussi à voiler le génie harmonieux de la Grèce, qui s'affirme, à Constantinople,
dans la recherche de la forme, la pondération et la clarté de la composition.
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de la pureté du dessin. Toutefois les couleurs sont moins variées et moins vives que
sur les étoffes musulmanes. Comme couleur de fond ils ont une prédilection mar-
quée pour la pourpre impériale avec toute sa gamme de nuances, rouge, écarlate,
violet, ainsi que pour le bleu. Le décor est souvent d'un seul ton, jaune ou blanc.
Ils emploient les tons vifs et chauds, mais ils aimaient beaucoup les demi-teintes,
les couleurs intermédiaires, les nuances délicates : rose, abricot, citron, cognassier,
vert pomme.
Ce n'est pas un mince mérite, assurément, que d'avoir tenté de faire revivre
et de continuer les traditions de l'art antique. Les artistes et les artisans de Cons-
tantinople s'efforcèrent de conserver les principes essentiels, les grands caractères
de noblesse et d'harmonie de l'art hellénique. Ils ont été les gardiens fidèles de cer-
taines traditions de tenue et de mesure, qui auraient pu être complètement aban-
données dès le ive siècle. En Occident, les artistes des premiers siècles du moyen
âge les avaient complètement oubliées. L'école de Consta'ntinople a su maintenir
l'héritage que lui avait légué l'antiquité classique, en face de l'Orient tumultueux,
qui faillit plusieurs fois submerger la ville impériale. Cet art de l'Orient asiatique,
avec sa folle prodigalité dans les matériaux et son exubérance dans le décor, n'a pas
réussi à voiler le génie harmonieux de la Grèce, qui s'affirme, à Constantinople,
dans la recherche de la forme, la pondération et la clarté de la composition.