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LES ARTS SOMPTUAIRES DE BYZANCE
icônes dorées, de l'encens composé de parfums précieux, et une nappe d'autel (év8uT<f)-)
en pourpre, brodée d'or (èx xpucro-rcocO'Tou) et constellée de perles1.
Par son habileté diplomatique et son génie pratique, Michel Paléologue s'était
efforcé de restaurer l'empire dans sa prospérité d'autrefois. Mais, sous ses succes-
seurs, les guerres civiles, les querelles religieuses et sociales, les guerres extérieures
affaiblissent la monarchie. Le gouvernement est réduit parfois à altérer les mon-
naies. Au milieu du xive siècle, Jean VI Cantacuzène est obligé de dépouiller les saintes
icônes de leurs ornements précieux qu'il envoie au creuset2. Sur la table impériale
la vaisselle en étain (xaTTitépiva), les poteries (xspafAeâ) et les terres cuites (ôcrrpàxiva)
remplacent les, services d'or et d'argent3.
Les arts du luxe devaient subir les conséquences de cet appauvrissement de
l'empire. Néanmoins, si la monarchie est moins riche, les arts somptuaires parti-
cipent à cette renaissance qui, au début du xive siècle, projette sur la capitale un
dernier rayon de splendeur. On voyait encore, à cette époque, dans la suite de l'em-
pereur des personnages portant un bouclier rond (àcnrlç c-poyyjÀïj) sur lequel était
gravée (y£ypa[j.[i.£Voç) l'image du basileus à cheval4. On pouvait admirer sur cer-
taines tables des vases en argent pour verser le vin (olvoyjXov, olvo/ôï]), posés
sur de grands plats (crxoutéXXiov)5, et même des coupes (xâX-iç) en or6. Le harna-
chement du cheval de l'empereur n'est plus le même qu'auparavant. On a conservé
cependant les rubans importés cl'Orient, qui flottent toujours aux pieds et à la queue
de la monture7. La selle (crsXXa) de l'empereur, comme celle du despote, est mainte-
nant ornée d'aigles brodées de perles. Sur la têtière cle la bride (xsspaXapea toO yjxXivapfou)
se dresse une touffe (toûo/oc) ressemblant à un bouquet de feuilles de palmier. Le
tapis de selle (to ttjç créXXaç STcavMffxÉTUOv) est parsemé d'aigles écarlates8.
On connaissait encore à cette époque des bijoux qui ne paraissent pas avoir
été sans prix. Au xive siècle, le poète Manuel Philès en décrit plusieurs dans ses
Epi grammes. Ce sont des anneaux (SaxTuXioç) en or ; l'un d'eux, qui appartenait
à l'empereur, était orné d'une pierre vert tendre9. On portait aussi des bagues sur
1. Pachymère, op. cit., V, 17, p. 385.
2. Nicéphore (irégoras, Ilisl., XV, 1, p. 748.
3. Ibid., XV, 11, p. 788.
4. Cudinus, De offic., XVII, p. 99.
5.' Ibid., VII, p. 63; Manuel Philès, Carmina, éd. Miller, t. II, Paris, 1857, p. 170; v. les vers de Léon Vardalis
(Boissonade, Anecdota graeca, t. I, Paris, 1829, p. 401).
6. Manuel Philès, op. cit., t. II, p. 150. C'est une des coupes, « 1 i coupe de l'impératrice Hélène », qu'un pèlerin
russe de la première moitié du xv° siècle a vu dans les appartements du palais impérial; cf. Itinéraires russes, p. 236
7. Codinus, De offic., XVII, p. 97; v. plus haut, p. 53.
8. Ibid., III, p. 13-14.
9. Manuel Philès, op. cit., t. I, Paris, 1855, p. 214, 443; t. II, p. 58, 141, 191-192, 313. On enchâssait aussi dans
ces anneaux d or des pâtes de verre, imitant les pierres précieuses. Ainsi une pâte de verre, de couleur verte,
apparaît sur le chaton d'un anneau d'or ayant appartenu à Basile le parakimomène ; cf. Schlumberger, Mélanges
d'archéologie byzantine, Paris, 1895, p. 39 s.
LES ARTS SOMPTUAIRES DE BYZANCE
icônes dorées, de l'encens composé de parfums précieux, et une nappe d'autel (év8uT<f)-)
en pourpre, brodée d'or (èx xpucro-rcocO'Tou) et constellée de perles1.
Par son habileté diplomatique et son génie pratique, Michel Paléologue s'était
efforcé de restaurer l'empire dans sa prospérité d'autrefois. Mais, sous ses succes-
seurs, les guerres civiles, les querelles religieuses et sociales, les guerres extérieures
affaiblissent la monarchie. Le gouvernement est réduit parfois à altérer les mon-
naies. Au milieu du xive siècle, Jean VI Cantacuzène est obligé de dépouiller les saintes
icônes de leurs ornements précieux qu'il envoie au creuset2. Sur la table impériale
la vaisselle en étain (xaTTitépiva), les poteries (xspafAeâ) et les terres cuites (ôcrrpàxiva)
remplacent les, services d'or et d'argent3.
Les arts du luxe devaient subir les conséquences de cet appauvrissement de
l'empire. Néanmoins, si la monarchie est moins riche, les arts somptuaires parti-
cipent à cette renaissance qui, au début du xive siècle, projette sur la capitale un
dernier rayon de splendeur. On voyait encore, à cette époque, dans la suite de l'em-
pereur des personnages portant un bouclier rond (àcnrlç c-poyyjÀïj) sur lequel était
gravée (y£ypa[j.[i.£Voç) l'image du basileus à cheval4. On pouvait admirer sur cer-
taines tables des vases en argent pour verser le vin (olvoyjXov, olvo/ôï]), posés
sur de grands plats (crxoutéXXiov)5, et même des coupes (xâX-iç) en or6. Le harna-
chement du cheval de l'empereur n'est plus le même qu'auparavant. On a conservé
cependant les rubans importés cl'Orient, qui flottent toujours aux pieds et à la queue
de la monture7. La selle (crsXXa) de l'empereur, comme celle du despote, est mainte-
nant ornée d'aigles brodées de perles. Sur la têtière cle la bride (xsspaXapea toO yjxXivapfou)
se dresse une touffe (toûo/oc) ressemblant à un bouquet de feuilles de palmier. Le
tapis de selle (to ttjç créXXaç STcavMffxÉTUOv) est parsemé d'aigles écarlates8.
On connaissait encore à cette époque des bijoux qui ne paraissent pas avoir
été sans prix. Au xive siècle, le poète Manuel Philès en décrit plusieurs dans ses
Epi grammes. Ce sont des anneaux (SaxTuXioç) en or ; l'un d'eux, qui appartenait
à l'empereur, était orné d'une pierre vert tendre9. On portait aussi des bagues sur
1. Pachymère, op. cit., V, 17, p. 385.
2. Nicéphore (irégoras, Ilisl., XV, 1, p. 748.
3. Ibid., XV, 11, p. 788.
4. Cudinus, De offic., XVII, p. 99.
5.' Ibid., VII, p. 63; Manuel Philès, Carmina, éd. Miller, t. II, Paris, 1857, p. 170; v. les vers de Léon Vardalis
(Boissonade, Anecdota graeca, t. I, Paris, 1829, p. 401).
6. Manuel Philès, op. cit., t. II, p. 150. C'est une des coupes, « 1 i coupe de l'impératrice Hélène », qu'un pèlerin
russe de la première moitié du xv° siècle a vu dans les appartements du palais impérial; cf. Itinéraires russes, p. 236
7. Codinus, De offic., XVII, p. 97; v. plus haut, p. 53.
8. Ibid., III, p. 13-14.
9. Manuel Philès, op. cit., t. I, Paris, 1855, p. 214, 443; t. II, p. 58, 141, 191-192, 313. On enchâssait aussi dans
ces anneaux d or des pâtes de verre, imitant les pierres précieuses. Ainsi une pâte de verre, de couleur verte,
apparaît sur le chaton d'un anneau d'or ayant appartenu à Basile le parakimomène ; cf. Schlumberger, Mélanges
d'archéologie byzantine, Paris, 1895, p. 39 s.