Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LES MAXIMES DU SCRIBE ANI.

103

Comme plusieurs autres verbes , ?at prend des formes redoublées ; celle que nous venons de
rencontrer , zatz , se trouve de nouveau à la ligne M du même texte ; mais ces formes ne fournis-
sent aucune facilité spéciale pour l'élucidation de la signification de leurs radicaux. Or, les acceptions
dont le mot égyptien ?at est susceptible ne se bornent pas à celles que nous venons d'exposer.
Dans un texte, ce mot semble répondre à tailler, exploiter, en anglais to quarry. Un fonctionnaire
relate en effet qu'il a été employé à m exploiter de la pierre, à la montagne

d'Hammamat \

Lorsqu'on rencontre des phrases telles que celles-ci : « Malheur à qui ^kè^^^r n ton action ;
« heureux celui qui le consulte, ô Ammon*! » on voit que l'action indiquée par le verbe z\t comporte
une idée désavantageuse ; c'est évidemment le contraire de la soumission aux inspirations du dieu.
Avec ce que nous savons du sens du mot, nous pouvons supposer qu'il s'agit d'un sentiment de
crainte, de repoussement, de répugnance, bien opposé à l'idée de révérence, respect craintif, que le
groupe a très assurément en d'autres cas 3.

Il est manifeste que le mot zxr possède des valeurs sur lesquelles nous ne sommes pas bien
renseignés ; on a appliqué celles de renverser, abattre (to overthrow ), éloigner, repousser, effrayer
(entsetzen) , mais dans des versions qui auraient besoin d'explications.
Notre précepte prescrit de ne pas faire cette action de zat :

k teste* *&»T

in the drinking beer house ,

c'est-à-dire dans la maison où l'on boit la bière (haq).

Le haq était une liqueur fer m entée, fabriquée avec l'espèce de grains que les hiéroglyphes
nomment oaS ZZZt=t , blés rouqcs du Nil \ Telle était du moins la meilleure espèce

indigène ; mais le haq de Kati (localité de la Syrie) était encore plus recherché.

Le haq était la boisson de table la plus usuelle ; d'un homme heureux jusqu'à la fin de sa
carrière, il est dit qu'il mourra le pain et le haq à la bouche". Les enfants à l'école buvaient le haq
fourni par leurs parents. Il existait une variété de haq appelée haq doux, très employée en médecine,
surtout dans la préparation des clystères.

Le haq bu avec excès produisait l'ivresse , dont les effets sont très énergiquement décrits dans
un papyrus de Londres. L'ivrognerie n'était pas, du reste, inconnue aux Egyptiens de l'époque
pharaonique, et l'habitude de courir de cabaret en cabaret était réprouvée par les moralistes 6.

Aussi la non-fréquentation des maisons dans lesquelles étaient débitées les boissons constituait
une vertu dont il était tenu compte ; les débits de haq étaient nommés soit maisons de boire le
haq , comme dans notre texte, soit a IMo ', soit enfin ^ $ A& \ ; ces deux dernières expressions
signifient maison du haq (ou de la bière) ; en anglais alehouse, en allemand Bierhaus.

Ce point est parfaitement éclairci. Comme la suite de notre texte se rapporte aux effets de
l'ivresse, il est évident que notre mot zat , employé au mode réfléchi, désigne un usage abusif de

1 Denkm. II, 138, c.

2 Pnp. Sallier III, p. 3, I.

3 La langue populaire emploie chez nous le verbe
craindre dans le sens d'avoir de la répugnance, ne pas
aimer, détester.

* Todtb., ch. 124, 4.

s Pap. Sali. IV, p. H, lig. 2.

6 Pap. Anast. IV, p. 11, 8. — Pap. Sallier I, p. 9, 1. 9.
Le nom du cabaret égyptien est Kharo, ce qui peut
signifier à la lettre : Maison du Syrien. Les vins et la
bière de Syrie étaient très réputés en Égypte.
 
Annotationen