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Faure, Élie
Histoire de l'art (5): L'esprit des formes — Paris: Éditions d'histoire et d'art, Librarie Plon, 1949

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https://doi.org/10.11588/diglit.71100#0031
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bien. La société, comme l'idole, est impersonnelle, figée,
pour ainsi dire symétrique. Les écrivains du temps sont des
légistes que l'esprit des dieux inspire quand ils psalmodient,
en prose rythmée, les versets de la sainte loi.
Un demi-siècle. Grâce aux frictions des familles entre
elles, la famille, encore aussi ferme, est pourtant devenue
moins rigide que la cité. Elle lui infuse une vie de plus en
plus organique. La multiplication des cellules sociales élargit
leur horizon, cependant qu'une aristocratie étayée sur une
morale intacte, et croyante dans l'intérêt de sa propre con-
servation, rappelle le ciseau qui tranche dans le marbre les
plans les plus sommaires et les plus rigides profils. L'idole
est devenue plus dense. Elle tend vaguement à la forme cir-
culaire, comme pour assouvir un besoin primitif de conti-
nuité et d'unité. Un instinct architectonique aussi confus
qu'essentiel s'affirme dans les bras pendants, les jambes
parallèles, les épaules horizontales, le torse presque conique
où les têtes des os et les masses musculaires ondulent déjà
faiblement, tout un ensemble raide et dur dont les éléments
symétriques accusent le souci d'un rythme élémentaire
comme de deux pieds frappant en cadence le sol ou de deux
mains se heurtant l'une l'autre à intervalles réguliers (i).
Aucune individualité. Bien qu'on la dise tel athlète, elle
est un monument impersonnel qui représente n'importe
quel athlète, n'importe quel homme nu. Elle n'offre avec
la statue ionienne, qui vient des îles de l'Égée à sa ren-
contre vers le même temps, qu'une différence de qualité
ethnique, l'esprit restant le même et dégageant des rap-
ports identiques des mêmes éléments interrogés. Les statues
doriques sont des hommes, les statues ioniques sont des
femmes, celles-là dures, tout d'une pièce, celles-ci sensuelles,
équivoques, soumises à des plans plus furtifs, avec une
tendance à la sphéricité plus insinuante, des membres plus
emprisonnés (2). Mais, ici comme là, c'est toujours de l'ar-
chitecture : rien ne sort, rien ne peut sortir de ce cylindre
(!) Fig. 3.
(2) Art Antique, p. 98.

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