**** ANDRÉ GILL ** 121 **
Mais des travaux plus modiques, qui bénéficieront de sa jeune gloire,
s'imposent encore : depuis certains livres de Murger, Daudet et Zola qu'il
remplit de dessins, d'eaux-fortes et de bois, jusqu'à la pochade qui va servir
d'enseigne au vieux
cabaret montmartrois,
toujours debout :
AU LAPIN AGILE
C'est une petite
guinguette, connue
dans le temps sous la
dénomination peu ave-
nante de « Cabaret des
Assassins », située tout
en haut de la Butte, rue
des Saules, à l'angle de
la rue Saint-Vincent,
dont les murs d'un côté
entourentdesparcsaux
arbres séculaires, et de
L'autre, les palissades
sur lesquelles s'affir-
ment, enchevêtrés en
hiéroglyphes, de naïfs
serments d'amour suc-
cédant à de lascifs ser-
rements de cuisses.
Cette sorte de vide-
bouteilles, adopté par
les artistes, devait son
titre de tapis-franc aux
SCENE DE LA VIE DE BOHEME DE H. MURGEK
Dessin de And. GUI.
fresques horribles dont les murs étaient couverts, lesquelles montraient de
terrifiantes scènes de guet-apens nocturnes. On y remarquait entre autres
un certain tableau, représentant le célèbre crime de Troppmann, que tous
les historiographes du vieux Montmartre ont complaisamment décrit, bien
que ce ne fût qu'une croûte affreuse, œuvre de quelque rapin famélique.
Ces décors truculents ont cédé leur place depuis longtemps à des sujets
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Mais des travaux plus modiques, qui bénéficieront de sa jeune gloire,
s'imposent encore : depuis certains livres de Murger, Daudet et Zola qu'il
remplit de dessins, d'eaux-fortes et de bois, jusqu'à la pochade qui va servir
d'enseigne au vieux
cabaret montmartrois,
toujours debout :
AU LAPIN AGILE
C'est une petite
guinguette, connue
dans le temps sous la
dénomination peu ave-
nante de « Cabaret des
Assassins », située tout
en haut de la Butte, rue
des Saules, à l'angle de
la rue Saint-Vincent,
dont les murs d'un côté
entourentdesparcsaux
arbres séculaires, et de
L'autre, les palissades
sur lesquelles s'affir-
ment, enchevêtrés en
hiéroglyphes, de naïfs
serments d'amour suc-
cédant à de lascifs ser-
rements de cuisses.
Cette sorte de vide-
bouteilles, adopté par
les artistes, devait son
titre de tapis-franc aux
SCENE DE LA VIE DE BOHEME DE H. MURGEK
Dessin de And. GUI.
fresques horribles dont les murs étaient couverts, lesquelles montraient de
terrifiantes scènes de guet-apens nocturnes. On y remarquait entre autres
un certain tableau, représentant le célèbre crime de Troppmann, que tous
les historiographes du vieux Montmartre ont complaisamment décrit, bien
que ce ne fût qu'une croûte affreuse, œuvre de quelque rapin famélique.
Ces décors truculents ont cédé leur place depuis longtemps à des sujets
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