**** ANDRE GILL ** 123 **
Au beau noir, un nègre fashionable, pour une teinturerie; A François
les bas bleus, pour un magasin de bonneterie bien connu des loreltes du
quartier, etc., etc.
Ce ne sont là que des à-propos ; les anciennes enseignes furent surtout
remarquables par leur esprit qui confina parfois jusqu'au calembour, tel
celui arboré par nombre d'hôtelleries de France et de Navarre : Au lion
d'or qu'il faut traduire ainsi : Au lit on dort. Mais la plus drôle assurément,
après laquelle on peut tirer l'échelle, est celle que Balzac découvrit rue du
Four-Saint-Germain pour un bandagiste, boursier, gantier, eulottier.
A la culotte, dit l'enseigne qui représente une main qui tient une culotte
de peau de daim, dont on faisait jadis usage, et au milieu de laquelle est
placée une oie... oui, une oie... Qu'est-ce que cela signifie ? demande-t-on
en ricanant...
Eh, messieurs, lisez la légende :
Prenez votre culotte
Et laissez tomber lù mon oie.
*
* *
Sur ce, rentrons vite au cabaret du Lapin agile.
Ici on boit, on mange, on chante! On, c'est la jeunesse studieuse et hou-
leuse logée aux environs, à l'ombre du Moulin de la Galette, ou venue du
quartier latin et qui, encore au temps d'Adèle, s'appelait Paul Alexis, Arnold,
Bonnamour, Bonnctain, Brandimbourg, Eugène Brieux, Caran d'Ache,
J.-B. Clément, G. Courteline, Gaston Coûté, Dclmet, Jean d'Estray, René
Fauchois, Faverot, Forain, Haraucourt, Clovis Hugues, Vincent Hyspa,
Jouy, Ernest Judet, Marcel Legay, Lisbonne, Méténier, Victor Meusy,
Camille Pellctan, S. Pichon, Henri Pille, Pissaro, Rachilde, Steinlen,
G. Tiret-Bognet, Edmond-René Vincent, Willette, X, Y et Z, dont les noms
se perdent en quelques sombres études de notaires ou d'avoués de province.
Suivant la coutume instaurée par Gill et Ch. Monselet, d'inoubliable
mémoire, poètes et chansonniers s'y faisaient entendre dans leurs œuvres
les jeudis, samedis et dimanches. Le programme de ces soirées était d'autant
plus goûté qu'il n'y en avait pas, et les artistes d'autant plus agréables à
entendre qu'ils n'étaient point payés. Cependant, en l'absence de toute direc-
tion apparente, le cabaret réussissait encore à donner de sémillantes revues
et à monter un théâtre d'ombres chinoises dessinées par Buret.
Au beau noir, un nègre fashionable, pour une teinturerie; A François
les bas bleus, pour un magasin de bonneterie bien connu des loreltes du
quartier, etc., etc.
Ce ne sont là que des à-propos ; les anciennes enseignes furent surtout
remarquables par leur esprit qui confina parfois jusqu'au calembour, tel
celui arboré par nombre d'hôtelleries de France et de Navarre : Au lion
d'or qu'il faut traduire ainsi : Au lit on dort. Mais la plus drôle assurément,
après laquelle on peut tirer l'échelle, est celle que Balzac découvrit rue du
Four-Saint-Germain pour un bandagiste, boursier, gantier, eulottier.
A la culotte, dit l'enseigne qui représente une main qui tient une culotte
de peau de daim, dont on faisait jadis usage, et au milieu de laquelle est
placée une oie... oui, une oie... Qu'est-ce que cela signifie ? demande-t-on
en ricanant...
Eh, messieurs, lisez la légende :
Prenez votre culotte
Et laissez tomber lù mon oie.
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Sur ce, rentrons vite au cabaret du Lapin agile.
Ici on boit, on mange, on chante! On, c'est la jeunesse studieuse et hou-
leuse logée aux environs, à l'ombre du Moulin de la Galette, ou venue du
quartier latin et qui, encore au temps d'Adèle, s'appelait Paul Alexis, Arnold,
Bonnamour, Bonnctain, Brandimbourg, Eugène Brieux, Caran d'Ache,
J.-B. Clément, G. Courteline, Gaston Coûté, Dclmet, Jean d'Estray, René
Fauchois, Faverot, Forain, Haraucourt, Clovis Hugues, Vincent Hyspa,
Jouy, Ernest Judet, Marcel Legay, Lisbonne, Méténier, Victor Meusy,
Camille Pellctan, S. Pichon, Henri Pille, Pissaro, Rachilde, Steinlen,
G. Tiret-Bognet, Edmond-René Vincent, Willette, X, Y et Z, dont les noms
se perdent en quelques sombres études de notaires ou d'avoués de province.
Suivant la coutume instaurée par Gill et Ch. Monselet, d'inoubliable
mémoire, poètes et chansonniers s'y faisaient entendre dans leurs œuvres
les jeudis, samedis et dimanches. Le programme de ces soirées était d'autant
plus goûté qu'il n'y en avait pas, et les artistes d'autant plus agréables à
entendre qu'ils n'étaient point payés. Cependant, en l'absence de toute direc-
tion apparente, le cabaret réussissait encore à donner de sémillantes revues
et à monter un théâtre d'ombres chinoises dessinées par Buret.