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d’Eugène Delacroix et celle de Jésus ctu milieu des docteurs,
de Ingres.
La mort, l’impitoyable pacificatrice, a fauché et Delacroix et
Ingres, mettant chacun de ces hommes illustres à sa place et
ouvrant à tous deux, à larges battants, les portes de l’immorta-
lité. Nous devons donc, pour les sainement juger, faire abstrac-


tion de nos préférences, abdiquer nos tendances, étouffer nos
aspirations. Nous sommes —car douze années comme celles que
nous avons souffertes équivalent à un siècle ! — la postérité,
c est-a-dire la voix qui apprécie, qui juge, qui sacre les esprits
supérieurs dans toute la plénitude de la conscience surhumaine.

II

Ingres (Jean-Baptiste-Dominique) est né à Montauban, le 29
août 1780. Son père, éclectique par nécessité, cultivait à la fois
la sculpture, l’architecture, la musique et la peinture (1). Il fut
le premier professeur de son fils, à qui il enseigna de préférence
la musique et la peinture. La musique plaisait à Ingres : « J’exé-
cutais, dit-il, sur le théâtre de Toulon un concerto de violon, de
Vioti en 1793, à l’époque de la mort du roi. » Toutefois, une
vocation non moins irrésistible le portait vers la peinture, et il
put s’y livrer un peu plus tard, en arrivant à Paris, où pour sub-
sister il eut la ressource de courir les orchestres des petits théâtres.

A Toulouse, ce fut
Roques, un élève de
Vien, qui, après son
père, lui inculqua les
premières notions de
peinture. Venu à Paris
vers la fin de 1796, Da-
vid l’admit au nombre
de ses élèves.
Delécluze, un de ses
condisciples, a donné
d’intéressants détails sur
les débuts du jeune
artiste :
« En entrant à l’ate-
lier de David, dit-il, In-
gres arrivait de Montau-
ban, sa ville natale, où,
dès l’enfance, il avait
étudié l’art de la pein-
ture sous son père. Re-
lativement à sa jeu-
nesse, il était déjà habile
à manier le pinceau
lorsque David se char-
gea du soin de l’ensei-
gner. Dans l’école, il
était un des plus stu-
dieux, et cette disposi-
tion, jointe à la gravité
de son caractère et au
défaut de cet éclat de


pensée que l’on appelle

esprit en France, fut cause qu’il prit très-peu de part à toutes les
folies turbulentes qui avaient lieu autour de lui. Aussi étudia-t-il
avec plus de suite que la plupart de ses condisciples. Tout ce qui
caractérise aujourd’hui le talent de cet artiste, la finesse des
contours, le sentiment vrai et profond de la forme, et un modelé
d’une justesse et d’une fermeté extraordinaires, toutes ces qua-

(1) Dans l’acte constatant l’ondoiement à la maison du fils que sa femme,
Anne Moulet. lui avait donné la veille et qui devait être le grand peintre dont
nous esquissons la vie, Jean-Marie-Joseph Ingres s’intitule modestement
« sculpteur en plâtre », c’est-à-dire, à ce qu’il semble, ornemaniste; mais
dans l’acte postérieur de quelques jours à cette première déclaration et inscrit
sur un registre de l'église cathédrale de Montauban, il prend plus brièvement
la qualité de « sculpteur », peut-être tout uniment pour simplifier les choses,
peut-être aussi pour élever sa condition et son nom à côté des noms et des
titres du parrain : « Messire Auguste-Marie du Roure, bachelier », et de la
marraine : « Damoiselle Jeanne-Marie de Puilligneux », fille du premier pré-
sident de la souveraine cour des aydes et finances de Montauban. «
(Vicomte H. Delaborde : Ingres, sa vie, ses travaux, etc.).
 
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