Le Gallerie nazionali italiane: notizie e documenti (4.1896-1897)

ROSALBA CARRIERA 5r

mirabilia della sua villa deliziosa di Montmorency, della magnificenza di
Parigi, della grandezza della Francia. Questi racconti fecero venire l'acquo-
lina in bocca a Rosalba, che non potè nascondere tale impressione al
Crozat, manifestandogli la sua gratitudine per l'onore fatto al suo racco-
mandato; ed egli, come si fa rimesso da una malattia che lo aveva col-
pito, cavallerescamente rispose:

« A Paris ce 6 Janvier 1719.

« . . . . J'ai recu dans ma convalescence la lettre que vous avez pris la peine de
m'écrire le 10 Novembre, qui m'a fait un extrème plaisir, en apprenant de vos nouvelles
et de l'heureuse arrivée de M. de Recanati. Nous lui avons beaucoup d'obligation de
la haute idée qu'il vous a donné de la France, et surtout de Paris, puisque je vois
avec bien du plaisir qu'il vous a quasi donné l'envie d'en juger par vous mèrae. Il
est vray que ces sortes de voyages sont fatigans pour une dame. Cependant nous en
voyons plusieurs qui vont et viennent de Paris en Italie sans en ètre irìcommodées.
Vous en avez plusieurs à Venise ; ainsy, Mademoiselle, vous qui n'avez rien de la fai-
blesse des femmes, et qui valez mieux que cent hommes, je vous exhorte à faire ce
voyage de cette année, et de profiter de la belle saison du printemps, en commencant
par la route de Lorette, pour vous rendre dans la semaine sainte à Rome, ville qui
mérite bien que vous voyez, afin qu'aprés Pasque vous pouviez continuer votre voyage
par Florence, pour vous imbarquer à Livourne pour vous rendre à Marseille, supposé
que vous ne craignez point la mer. C'est la voye la plus douce et la plus commode.
Je vous donnerai des amis à Marseille, qui vous recevront bien. Il y a une carosse,
qu'on appelle la diligence, qui vous menerà à Lyon ; de Lyon vous trouverez une autre
diligence qui vous menerà en cinq jours en cette ville, et cela sans beaucoup de dépense.
Vous trouverez chez moi un petit appartement, et des voytures pour vous bien pro-
mener dans Paris et dans les environs, qui ne vous coùtera rien, car je me trouverai
bien payé d'avoir le plaisir de vous avoir chez-moi. Quoyque je sois garcon, vous ne
laisserez pas de trouver dans ma maison Mad. de Lafosse, veuve d'un très-fameux et
illustre peintre, et M.lle D'Argenon, sa nièce, qui est une demoiselle fort aimable, et
qui possède la musique et chante comme un ange. Pour luy faire un peu votre cour,
je vous exhorte à luy apporter de la bonne musique, et vous verrez qu'elle sera bien
executée chez moi. je suis persuadé que M. Zanetti fairois volontier le voyage avec vous.
A l'égard de vos petits intérèts, je compte bien que vous ne perderiez pas votre temps
en cette ville ; mais il ne faut pas croire que cela fut aussi considérable que le voyage
que vous pourriez faire trés-aisément d'icy en Angleterre, où vous estes très-connue,
et où 011 aime fort le portrait. Il y a une demoiselle de ce pays icy, qui peint assez
bien en miniature, qui y est allée depuis trois mois, qui y fait très-bien ses affaires,
ayant peint le Roy et quasi tous les sujets de sa Cour; portraits qu'on luy paye jusqu'à
trente guinées. Ainsi elle gagnera dans une année plus qu'elle n'auroit gagné icy dans
dix ans. Si vous vous déterminez à faire ce voyage, vous me fairez le plaisir de me
l'escrire, afin que je puisse vous donner la connoissance à Rome de M. et Mad. Le Gros,
fameux sculpteur francois, qui demeure au palais Farnese, qui, sans contredit, est le
meilleur sculpteur qu'il y ait en Europe, et le plus honnète homme et le plus aimable
qu'il y ait».1

1 Pietro Le Gros, nato a Parigi nel 1666, morì a Roma proprio in quest'anno 1719-