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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

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Nr. 5
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Mansell, C. W.: [Text]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0139
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— 131 —

La belle intaille de travail asiatique, dont le dessin est ici donné,
décore le plat d’un scarabéoïde de clialcédoine blanchâtre qui fait
partie des collections données par le duc de Luynes à la Biblio-
thèque Nationale de Paris (1). On y voit un griffon qui s’est jeté
sur la croupe d’un cheval et commence à le dévorer ; c’est en vain que le cheval
essaye d’échapper à ses étreintes, il l’emporte cramponné après lui. L’inimitié des
griffons pour les chevaux était célèbre chez les anciens (2). Quand Virgile (3) veut
décrire la paix rétablie entre tous les êtres de la nature jusqu’au degré le plus
inattendu, il dit :

Jungentur jam gryplies eqnis.

et il ajoute immédiatement après :

Cum canibus timicli venient adpocula damae.

Servius, en commentant ce passage, parle des griffons de la manière suivante :
Genus fer arum in Hyperboreis nascitur montibus ; omni parte leones sunt, alis et
facie aquilis similes, equis vehementer infensae, Apollini consecratae.

C’est ici l’un des exemples les mieux caractérisés de récits introduits dans la zoo-
logie fabuleuse des anciens par suite des habitudes des représentations symboliques
de l’art. En effet, le sujet du combat du griffon contre le cheval, tel que la pierre
gravée de la collection de Luynes nous le fait voir dans une œuvre de l’Asie, sa
patrie d’origine, y est manifestement une pure conception emblématique du symbo-
lisme religieux. Le griffon n’est devenu chez les Grecs un des emblèmes les plus
habituels d’Apollon que parce qu’il était antérieurement, chez les peuples orien-
taux, un symbole de lumière. C’est le Garoudha des Vêdas et de l’épopée indienne,
l’oiseau divin destructeur des serpents, qui garde l’ambroisie et les rayons du soleil.
Les Grecs savaient que dans l’Inde on imaginait le char du Soleil traîné par quatre
griffons (4), comme l’est aussi celui du dieu solaire do Palmyre, Malachbel, sur
l’autel du Musée Capitolin (S). Une autre légende de l’Asie racontait qu’un griffon
recevait les rayons du soleil levant et qu’un animal semblable accompagnait l’astre
à son coucher (6). Quant au cheval, la symbolique des anciens l’a constamment
attribué aux divinités de l’élément humide (7), et cette donnée était admise aussi
bien dans l’Asie sémitique qu’en Grèce (8). Le fragment 1 de Bérose, en décrivant

(1) Le dessin reproduit les dimensions de l’ori-
ginal. Ce monument a été déjà signalé par Lajard,
Culte cle Mithra, p. 427.

(2) Voy. Gargallo-Grimaldi, Bullet. circhéol. de
VAthenæum français, 1856, p. 31.

(3) Eclog., VIII, v. 27.

(4) Philostrat., Vit. Apollon. Tyan., III, 48.

(o) Mus. Capit., t. IV, pl. lxxvii ; Bœttiger,

Ideen zur Iiunst - Mythologie, t. I, pl. i, n° 7;

Mém. de l’Acad. des lnscr., nouv. sér., t. XX,
2e part., pl. n, n° 2.

(6) S. Epiphan., Anecd. graec., ed. Venet. 1817,
p. 13.

(7) Ch. Lenormant et J. de Witte, 1il. des mon.
cêramogr., t. I, p. 11 et t. III, p. 5.

(8) F. Lenormant, la Légende de Sémiramis,
p. 40.
 
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