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n’est pas le seul analogue à citer. Une idole en forme de cône se voit placée entre deux
cyprès sous le portique du temple d’Astarté, au revers d’une curieuse médaille
d’Ælia Capitolina (1). A Carthage même, vers l’emplacement du temple de Tanit,
on a découvert un cône de dimensions considérables, qui avait évidemment servi
d’idole (2), et un autre dans la Giganteja du Gozzo (3). Sur la monnaie à légende
latine de Cossura (4), la figure symbolique des pierres carthaginoises se voit au re-
vers d’une tête d’Aphrodite couronnée par Bros ; c’est la déesse phénicienne sous
sa forme indigène et dans une traduction hellénique. Il faut encore y comparer les
images béotiennes de l’Aphrodite Harmonie, dont un spécimen a été donné ici
même (5), et les idoles analogues de terre-cuite, retraçant un type d’origine asia-
tique, qui ont été rencontrées dans diverses parties de la Grèce (6).
Mais quand, sur les ex-voto puniques, on voit deux fois la même figure symbo-
lique, je n’hésite pas à y reconnaître le couple de Baal-Khammon et de Tanit. Le
bétyle de forme conique peut représenter, en effet, le dieu mâle aussi bien que la divi-
nité féminine (7). Aussi notre figure se rencontre-t-elle également quelquefois sur
les ex-voto néo-puniques de l’intérieur, dédiés au seul Baal-Khammon. Où le doute
n’est plus possible, c’est quand cette image rudimentaire tient une grappe de raisin
à l’extrémité d’un de ses bras (8), car cet attribut appartient essentiellement au Baal
mâle (9). La Bible parle à plusieurs reprises (10) des lD'OSH comme d’une sorte d’i-
dole qu’elle associe aux c’est-à-dire aux images de la divinité féminine
sous la forme d’un pieu dressé ; ce sont les àppotivsoc de Sanchoniathon (11), et je suis
disposé à croire qu’il s’agit de pierres coniques de cette forme, ayant pris leur nom
du Baal-Khammon qu’elles représentaient primitivement. C’est aussi l’opinion de
Gesenius (12).
Lrançois LENORMANT.
{La suite ;prochainement.)
(1) Lajard, Culte de Vénus, pl. xv, n° 7.
(2) Hamaker, Diatribe philologico-critica monu-
mentorum aliquot punicorum nuper in Africa re-
pertorum interpretationem exhibens, pl. i, n1 2 03 4 5 6 1-
4; Münter, D. Temp. cl. Himml. Gôtt., p. 11.
(3) La Marmora, Nouv. Ann. de l’inst. arch.,
t. I, p. 18 et s. ; Mon. inéd. de la sect. franc, de
l’inst. arch., pl. n, o.
(4) Gesenius, Mon. phœn., pl. xxxix, n° 13, 1.
(5) Plus haut, p. 68.
(6) Gerhard, Gesamm. cikad. Abhancll., pl.
lxi ; voyez mes Premières Civilisations, t. II,
p. 384-389.
(7) Pour éviter de trop longs développements,
il me sera permis de renvoyer le lecteur à mon
article Bcietylia, qui paraîtra prochainement dans
le 5° fascicule du Dictionnaire des Antiquités de
la maison Hachette.
(8) Gesenius, Mon. phœn., pl. xxm, n° 60.
(9) Yoy. plus haut, p. 30.
(10) Levit., XXVI, 30; Is., XVII, 8; XXVII, 9;
Ezech., VI, 4, 6; II Chron., XIV, 4; XXXIV,
4, 7.
(11) P. 6, ecl. Orelli.
(12) Thesaur., v. jQn.
n’est pas le seul analogue à citer. Une idole en forme de cône se voit placée entre deux
cyprès sous le portique du temple d’Astarté, au revers d’une curieuse médaille
d’Ælia Capitolina (1). A Carthage même, vers l’emplacement du temple de Tanit,
on a découvert un cône de dimensions considérables, qui avait évidemment servi
d’idole (2), et un autre dans la Giganteja du Gozzo (3). Sur la monnaie à légende
latine de Cossura (4), la figure symbolique des pierres carthaginoises se voit au re-
vers d’une tête d’Aphrodite couronnée par Bros ; c’est la déesse phénicienne sous
sa forme indigène et dans une traduction hellénique. Il faut encore y comparer les
images béotiennes de l’Aphrodite Harmonie, dont un spécimen a été donné ici
même (5), et les idoles analogues de terre-cuite, retraçant un type d’origine asia-
tique, qui ont été rencontrées dans diverses parties de la Grèce (6).
Mais quand, sur les ex-voto puniques, on voit deux fois la même figure symbo-
lique, je n’hésite pas à y reconnaître le couple de Baal-Khammon et de Tanit. Le
bétyle de forme conique peut représenter, en effet, le dieu mâle aussi bien que la divi-
nité féminine (7). Aussi notre figure se rencontre-t-elle également quelquefois sur
les ex-voto néo-puniques de l’intérieur, dédiés au seul Baal-Khammon. Où le doute
n’est plus possible, c’est quand cette image rudimentaire tient une grappe de raisin
à l’extrémité d’un de ses bras (8), car cet attribut appartient essentiellement au Baal
mâle (9). La Bible parle à plusieurs reprises (10) des lD'OSH comme d’une sorte d’i-
dole qu’elle associe aux c’est-à-dire aux images de la divinité féminine
sous la forme d’un pieu dressé ; ce sont les àppotivsoc de Sanchoniathon (11), et je suis
disposé à croire qu’il s’agit de pierres coniques de cette forme, ayant pris leur nom
du Baal-Khammon qu’elles représentaient primitivement. C’est aussi l’opinion de
Gesenius (12).
Lrançois LENORMANT.
{La suite ;prochainement.)
(1) Lajard, Culte de Vénus, pl. xv, n° 7.
(2) Hamaker, Diatribe philologico-critica monu-
mentorum aliquot punicorum nuper in Africa re-
pertorum interpretationem exhibens, pl. i, n1 2 03 4 5 6 1-
4; Münter, D. Temp. cl. Himml. Gôtt., p. 11.
(3) La Marmora, Nouv. Ann. de l’inst. arch.,
t. I, p. 18 et s. ; Mon. inéd. de la sect. franc, de
l’inst. arch., pl. n, o.
(4) Gesenius, Mon. phœn., pl. xxxix, n° 13, 1.
(5) Plus haut, p. 68.
(6) Gerhard, Gesamm. cikad. Abhancll., pl.
lxi ; voyez mes Premières Civilisations, t. II,
p. 384-389.
(7) Pour éviter de trop longs développements,
il me sera permis de renvoyer le lecteur à mon
article Bcietylia, qui paraîtra prochainement dans
le 5° fascicule du Dictionnaire des Antiquités de
la maison Hachette.
(8) Gesenius, Mon. phœn., pl. xxm, n° 60.
(9) Yoy. plus haut, p. 30.
(10) Levit., XXVI, 30; Is., XVII, 8; XXVII, 9;
Ezech., VI, 4, 6; II Chron., XIV, 4; XXXIV,
4, 7.
(11) P. 6, ecl. Orelli.
(12) Thesaur., v. jQn.