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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

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Nr. 5
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Lenormant, François: Quelques observations sur les symboles religieux des stèles puniques, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0137

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— 129 —

de Tirésias (1) est là pour prouver que les deux serpents enlacés qui surmontent le
caducée sont un emblème d’hermaphroditisme (2), et ce sympfegma des deux ser-
pents doit rappeler à l’esprit la métamorphose finale de Cadmos et d’Harmonie (3),
deux personnages mythologiques dont l’origine phénicienne est incontestable (4).

Mais je ne serais pas éloigné de croire qu’à Carthage, comme il arrive souvent
dans les conceptions religieuses des anciens, l’androgynisme du dieu fds se résol-
vait, dans la forme extérieure, en un couple de dieu et déesse, associés conjugale-
ment. C’est ce qu’exprimerait le double caducée. Sur une monnaie d’Hippo Diar-
rhytus (5) on voit, au revers de la tête de Tanit diadémée, une jeune déesse debout,
vue de face, la tête surmontée du modius, tenant à la main le caducée et des épis (6).
M. Müller y a reconnu très-ingénieusement une divinité correspondant à la 0oupd>
u-ctovogantera Xoù<jap6(.ç de Sanchoniathon (7), c’est-à-dire, pour la traduire hellénique-
ment, Harmonie, femme de Cadmos ^ dont les rapports avec Hermès sont si
étroits (8). Les traditions libyennes plaçaient les noces de Cadmos et d’Harmonie
sur les bords du lac Triton (9) ; les mêmes traditions faisaient d’Hermès, petit-fils
d’Atlas, un dieu né en Libye et qui y avait passé son enfance (10).

III. Je partage entièrement la manière de voir de M. Berger, quand il admet avec
Gesenius que, sur les ex-voto puniques dédiés à Tanit et sur les monnaies autono-
mes de Carthage, la figure symbolique en forme d’un cône armé de bras et surmonté
d’une tête est l’image de la déesse. L’exemple de l’Aphrodite de Paphos, représen-
tée sur les monnaies des Cypriens (Tl) d’une manière exactement conforme aux des-
criptions de Tacite (12), de Philostrate (13), de Maxime de Tyr (14) et de Servius (lo),

(1) Apolloclor., III, 6,7 ; H vérin., Fab., 75 ; Ovid.,

Metam., III, v. 320 et s.

(2) Voy. Ch. Lenormant, Ann. de l’Inst. arch.,
t. VI, p. 260. — Le Mercure décrit par Albricus
(De deor. imag., 6) est un véritable Tirésias : de
viro in foeminam et de foemina in masculum se
mutabat, cum volebat. — Le bâton merveilleux et
fatidique, présent d’Athéné (Apollodor., III, 6, 7;

Callimach., Lavacr. Pallucl., v. 75 et s.), avec le-
quel Tirésias frappe les serpents, offre la plus
étroite analogie avec la verge qui est le premier
élément du caducée d’Hermès et qui, à l’origine,
est une baguette magique : llicid., n, v. 343 ; Pind.,

Olymp., IX, v. 36; cf. Gerhard, Griech. Mythol.,

§ 277, 3.

(3) Apollod., III, 1,1; 4, 1 et s.; 5, 4; cf. Pind.,

Olymp., II, v. 141; Schol. ad Pind., Pyth., III,
v. 153 et 167; Strab., I, p. 46; VII, p. 326; Pau-
san., IX, 5, 1 ; Hygin., Fab., 6; Ovid., Metam.,

III, v. 98; IV, v. 575.

(4) Voy. mes Premières Civilisations, t. II,
p. 320-324.

oJ Muüer, t. n, p. 1 o/, nu ôi't.

(6) Le buste de la même déesse , toujours avec
l’attribut du caducée, se voit sur les monnaies at-
tribuées par M. Müller (t. III, p. 68 et s.) à la
ville de Salviana en Nu mi die.

(7) P. 42, ed. Orelli.

(8) Etym. Gud. KâT/.o; Xsyets; 6 r£pu.üç. — Voy.
Movers, Die Phoenizier, p. 500-502 et 513-522;
article Phoenizien dans l’Encyclopédie d’Ersch et
Grliber, p. 394.

(9) Nonn., Dionys., XJII, v. 333-366.

(10) Serv. ad Virg., Æneid., I, v. 741.

(11) Millin, Gai. mythol., pl. XLIII, nos 172-173;
Miinter, Der Tempel der Himmlischen Gættin zu
Paphos, pl. iv ; Lajard, Cidte de Vénus, pl. î,
nos 10-12; Gerhard, Gesamm. akad. Abhandl.,
pl. xli, n° 2; pl. xLiii, n° 17; pl. lix, n° 19.

(12) Flist., Il, 3.

(13) Vit. Apollon. Tyan., III, 48.

(14) Dissert., VIII, 8.

(15) Ad Virg., Æneid., I, v. 720.
 
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