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Babelon, Ernest: Terre-cuite de la collection Basilewsky
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sans donle y reconnaître simplement un caprice de l’imagination du coroplaste qui
se plaisait ainsi à modifier sous ses doigts habiles l’œuvre sculpturale qu’il voulait
imiter. Peut-être aussi ne saisissait-il pas nettement lui-même le sens du sujet qu'il
reproduisait, et a-t-il fait quelque confusion ou quelque rapprochement voulu avec
les légendes de l’enfance de Dionysos.
On a déjà signalé, parmi les terres-cuites découvertes dans les nécropoles de la
Grèce, différentes reproductions des chefs-d’œuvre de la sculpture grecque. C’est ainsi,
par exemple, que M. Heuzey a cru reconnaître, peut-être non sans raison, la Ka-
tagousa de Praxitèle dans de jolies figurines assez communes, qui représentent deux
femmes dans l’attitude de l’encotylé (1). Il serait aussi très naturel de voir dans un
groupe non moins commun qui représente deux femmes du même âge, assises ou
debout, une imitation plus ou moins directe du célèbre groupe de Déméter et Coré qui
décorait le fronton oriental du Parthénon et regardé comme l’un des chefs-d’œuvre
de Phidias (2).
C’est donc peut-être plutôt dans l imitation des œuvres célèbres de la sculpture,
que directement dans les données do la mythologie qu’il faut chercher l’explication
des statuettes moulées par les coroplastes grecs.
Nous pouvons ainsi apprécier exactement l’influence universelle qu’exerçaient
les grands sculpteurs de la Grèce : la renommée de leurs œuvres se répandait au
loin par les voies commerciales, puisque à une époque presque contemporaine,
nous trouvons reproduites celles qui décoraient Athènes jusqu’en Asie-Mineure, à
Cymé. Enfin, celte renommée n’était pas circonscrite à un petit nombre d'amateurs
d’élite, seuls capables d’admirer et d’apprécier le génie artistique des grands maî-
tres : elle était éminemment populaire, car c’est pour ainsi dire l’imagerie populaire
que nous représentent ces chefs-d’œuvre en miniature sortis du four du potier; et
l’on est tenté de dire que le peuple grec tout entier, au temps de Périclès, était un
peuple d’artistes et d’amateurs éclairés.
Ernest BABELON.
(1) Heuzey. Recherches sur un groupe de Praxi-
tèle, d’après les figurines de terre-culte : Gazette
des Beaux-Arts, septembre 1875. Cf. 0. Rayet.
Monuments de l’art antique, première livraison.
(2) Cf. Gazette archéologique, 1880, p. 174, O.
Rayet, Monuments de l’art antique, première li-
vraison.
sans donle y reconnaître simplement un caprice de l’imagination du coroplaste qui
se plaisait ainsi à modifier sous ses doigts habiles l’œuvre sculpturale qu’il voulait
imiter. Peut-être aussi ne saisissait-il pas nettement lui-même le sens du sujet qu'il
reproduisait, et a-t-il fait quelque confusion ou quelque rapprochement voulu avec
les légendes de l’enfance de Dionysos.
On a déjà signalé, parmi les terres-cuites découvertes dans les nécropoles de la
Grèce, différentes reproductions des chefs-d’œuvre de la sculpture grecque. C’est ainsi,
par exemple, que M. Heuzey a cru reconnaître, peut-être non sans raison, la Ka-
tagousa de Praxitèle dans de jolies figurines assez communes, qui représentent deux
femmes dans l’attitude de l’encotylé (1). Il serait aussi très naturel de voir dans un
groupe non moins commun qui représente deux femmes du même âge, assises ou
debout, une imitation plus ou moins directe du célèbre groupe de Déméter et Coré qui
décorait le fronton oriental du Parthénon et regardé comme l’un des chefs-d’œuvre
de Phidias (2).
C’est donc peut-être plutôt dans l imitation des œuvres célèbres de la sculpture,
que directement dans les données do la mythologie qu’il faut chercher l’explication
des statuettes moulées par les coroplastes grecs.
Nous pouvons ainsi apprécier exactement l’influence universelle qu’exerçaient
les grands sculpteurs de la Grèce : la renommée de leurs œuvres se répandait au
loin par les voies commerciales, puisque à une époque presque contemporaine,
nous trouvons reproduites celles qui décoraient Athènes jusqu’en Asie-Mineure, à
Cymé. Enfin, celte renommée n’était pas circonscrite à un petit nombre d'amateurs
d’élite, seuls capables d’admirer et d’apprécier le génie artistique des grands maî-
tres : elle était éminemment populaire, car c’est pour ainsi dire l’imagerie populaire
que nous représentent ces chefs-d’œuvre en miniature sortis du four du potier; et
l’on est tenté de dire que le peuple grec tout entier, au temps de Périclès, était un
peuple d’artistes et d’amateurs éclairés.
Ernest BABELON.
(1) Heuzey. Recherches sur un groupe de Praxi-
tèle, d’après les figurines de terre-culte : Gazette
des Beaux-Arts, septembre 1875. Cf. 0. Rayet.
Monuments de l’art antique, première livraison.
(2) Cf. Gazette archéologique, 1880, p. 174, O.
Rayet, Monuments de l’art antique, première li-
vraison.